30 jours après un « saut » à 150 mètres d'altitude du prototype SN5, l'exemplaire suivant a volé à son tour pour réussir le même essai. Au-delà des images spectaculaires, SpaceX progresse et prépare son matériel pour des tests plus importants.
Le site de Boca Chica bouillonne d'activité.
Réussite sur réussite
Six mois plus tôt, le public observait avec avidité les directs des vidéastes postés non loin du site de Boca Chica (Texas), afin d'avoir la chance d'observer une nouvelle explosion (ou plus précisément une rupture de réservoir) et un nouvel exemplaire se déchirer avec fracas. SpaceX, qui ne cache pas cette stratégie de développement et de tests par l'échec, n'avait pas déçu : les prototypes du futur véhicule spatial Starship, censé emmener dans quelques années des humains vers la Lune et Mars, terminaient en pièce les uns après les autres. Mk1, SN1, SN3, SN4, les essais se sont enchaînés au printemps. Mais le 4 août, SN5 a réussi un test significatif en décollant pour une petite parabole de 150 mètres d'altitude avec un unique moteur Raptor, avant de se poser sans dommages à une centaine de mètres. Moins d'un mois plus tard, le prototype SN6 réussissait le même essai à son tour.
Plus de tests, moins de hasard
Trente jours, cela peut paraître beaucoup vis-à-vis des ambitions de SpaceX avec Starship, qui selon les différents discours d'Elon Musk, doit devenir le « véhicule spatial à tout faire » de l'entreprise au cours de la décennie à venir : totalement réutilisable, produit en masse, adapté aux vols habités comme aux envois de satellites, peu coûteux… Mais au stade actuel du développement, cela représente déjà un progrès par rapport aux précédentes campagnes. En un mois, le prototype SN6 a été amené du site de production à celui d'essais, a testé ses réservoirs à haute pression (à température ambiante et cryogénique), avant de voir l'installation de son moteur Raptor (n°29). Ce dernier a été mis à feu dans la dernière semaine d'août, et le « saut » de Starship SN6 aurait pu avoir lieu à la fin du mois si le site n'avait pas été balayé par de forts vents toute la semaine.
Le 3 septembre à 21h45 (Paris), le moteur s'est allumé pour environ 45 secondes de montée-descente avant de se poser. Visiblement il reste à bien mener le développement des pieds rétractables, car Starship SN6 penchait de quelques degrés, même s'il était intact.
La production en série en point de mire
Répéter cet essai avec SN5 puis SN6 permet aux équipes de mieux maîtriser les opérations avec les moteurs, d'établir des protocoles, de vérifier que la performance est conforme à ce qui était attendu (et au besoin de modifier)… Il faut rappeler que le site emploie des centaines de nouveaux salariés qu'il faut former et que plus les tests deviennent difficiles, moins les systèmes au sol et en vol sont tolérants aux erreurs ! Entre les essais, c'est le festival du BTP, et les équipements des deux sites (production et tests) évoluent aussi rapidement que les prototypes.
Il s'agit donc bien de préparer l'avenir, qui arrive à grands pas. Sur le site de production, le bâtiment d'assemblage du futur lanceur SuperHeavy (un étage gigantesque qui propulsera Starship vers l'orbite) est en cours de finition et un prototype devrait voir le jour dès cet automne.
Les aficionados de SpaceX ont déjà simulé la prochaine étape…
Aller plus haut… dès cet automne ?
Sans toutefois que l'activité sur Starship ralentisse : il reste beaucoup d'essais à mener. Un imposant réservoir de test (surnommé Starship SN7.1) devrait être poussé jusqu'à la rupture dans les jours à venir pour valider un nouvel alliage d'acier et les techniques de soudure associées, après quoi l'exemplaire SN5 devrait refaire son apparition pour un nouveau « saut » à 150m (fin septembre ?). Il est difficile de se projeter au-delà, car tout dépend des succès de ces tests et de leur impact sur les décisions à court terme sur le site. Cependant, l'entreprise envisagerait un premier vol avec trois moteurs, un « nez » à profil aérodynamique et des surfaces de contrôle avec l'exemplaire SN8, qui est déjà partiellement assemblé. Ce qui le ferait grimper jusqu'à 20 kilomètres d'altitude, avant de se poser dans une manœuvre de retournement inédite. De quoi réconcilier le public avide d'explosions… ou de marquer la communauté avec un succès inédit.
Source : NASA