Le public observait cet essai d’un œil critique, puisque trois exemplaires de Starship précédents s’étaient désintégrés lors de ce test, réalisé avec du diazote à très basse température.
SpaceX va pouvoir installer un premier moteur Raptor sur l’exemplaire SN4.
L'aventure Starship continue
Cherchant à bouleverser les modalités de l'accès à l'espace avec un véhicule révolutionnaire et totalement réutilisable, SpaceX a installé depuis 18 mois ses ouvriers (dont le nombre a décuplé) à Boca Chica, à la frontière du Texas et du Mexique. Sur place, ils conçoivent et produisent les premiers prototypes de Starship, un véhicule de 9 mètres de diamètre et près de 50 mètres de haut, qui devra finalement avoir les capacités d'une navette spatiale entièrement automatisée et capable d'emmener jusqu'à 100 tonnes de charge utile en orbite, grâce à un titanesque étage de propulsion nommé SuperHeavy.
Mais ce futur n'est pas encore à portée de main. En 2019, l'entreprise teste avec succès un « saut » à 150 mètres de sa « cocotte-minute » StarHopper, qui n'est rien d'autre qu'une plateforme d'essai volante. Elle tente ensuite d'assembler les premiers exemplaires de Starship après une réjouissante conférence d'Elon Musk, mais jusqu'ici aucun n'a réussi à passer les essais de mise sous pression des réservoirs à basse température.
Moins d'un mois depuis le dernier échec
La dernière rupture des réservoirs remontait au début du mois, lorsque le 3 avril dernier, l'exemplaire SN3 s'effondrait sur le « pas de tir » de SpaceX à Boca Chica, comme le SN-1 en février et le Mk1 en novembre dernier.
Mais malgré le coût de ces échecs, l'expérience Starship se poursuit à un rythme effréné. Sous les quatre gigantesques tentes (la plus grande fait à présent 100 mètres de long), la mise en place d'une véritable ligne de production de ce grand véhicule spatial continue. Les exemplaires prototypes sont assemblés les uns après les autres, et en fin de semaine dernière, c'est l'exemplaire SN4 qui a parcouru la distance jusqu'à son site d'essai.
Comme ses prédécesseurs, SN4 est réduit à un corps central de deux réservoirs superposés, un « bas de fusée » sans moteurs. Mais c'est amplement suffisant pour passer le test crucial de la mise sous pression à température cryogénique. Les Starship plus évolués disposeront évidemment d'un nez profilé et de surfaces de contrôle (des ailerons et plans canard) pour manœuvrer dans l'atmosphère et revenir précisément se poser.
Etape par étape
« On y est allés doucement », avoue Elon Musk sur Twitter, confirmant que ce test n'a appliqué que 4,9 bars de pression aux réservoirs : 8,5 bars seraient nécessaires comme marge de sécurité pour de futurs vols habités. Mais SN4 ne volera jamais avec de grandes ambitions, l'objectif affiché ici est de pouvoir lui attacher un premier moteur Raptor pour des essais. Au moins il ne s'est pas désintégré !
Il faut en effet pouvoir tester la tuyauterie, les systèmes d'injection des carburants et comburants, les turbopompes et même l'allumage du moteur dans des conditions les plus réalistes possibles. Ce sera une étape importante, avec un seul moteur (au moins trois seront installés sur les exemplaires suivants) qui pourrait mener jusqu'à un essai « final » du SN4 avec une nouvelle parabole à 150 mètres d'altitude. Les tests sont attendus rapidement… Car l'exemplaire SN5 est déjà en cours d'assemblage sur le site de production, avec les retours d'expérience.
Source : Twitter