Ceci n'est pas une photo du décollage de la navette, mais d'un modèle similaire de CZ-2F. Car il n'y a pas de photo publique du décollage de ce 4 août. © CNSA/Bacc
Ceci n'est pas une photo du décollage de la navette, mais d'un modèle similaire de CZ-2F. Car il n'y a pas de photo publique du décollage de ce 4 août. © CNSA/Bacc

De tous les véhicules spatiaux chinois, c'est sans doute celui qui reste le plus discret. Pas de photos, pas de caractéristiques, juste une date de décollage et un retour qui sera scruté par les agences et quelques internautes. Disposer d'une petite navette automatisée a pourtant de grands avantages.

Il s'agit également d'un projet militaire.

C'est un oiseau, c'est un avion, c'est une navette chinoise

Cette fois, le monde savait un peu mieux à quoi s'attendre. Depuis quelques mois, les rumeurs couraient sur un nouvel essai de la petite navette spatiale chinoise. Cette dernière, qui ne transporte pas d'astronautes, avait déjà décollé en septembre 2020, pour se poser quelques jours plus tard sur une piste aménagée secrètement sur le lac salé de Lop Nur, grand site d'essai militaire chinois situé au Nord-Ouest du pays.

Durant trois jours, les amateurs du spatial mais aussi les militaires de la majorité des grandes puissances avaient enregistré, spéculé, observé le ciel à la recherche de ce mystérieux petit avion spatial. Les différents ministères de la défense ont sans doute des données, mais le public, aucune : ses caractéristiques, sa taille, sa motorisation ou même son allure générale sont restées inconnues.

Et le tour de force se poursuit en 2022, puisque ce 4 août, la Chine a remis le couvert et renvoyé sa navette en orbite. Est-ce même bien le même modèle ? Impossible de le savoir.

Mais chut, c'est un secret

Cette petite navette, qui n'a d'ailleurs pas de nom ou de surnom officiel (« véhicule réutilisable expérimental »), décolle de Jiuquan depuis le même site et avec le même lanceur que les missions spatiales habitées Shenzhou. Le tir de cette CZ-2F a donc eu lieu le 4 août. Les Américains ont publié ses paramètres orbitaux, la détectant sur une petite ellipse entre 346 et 593 km d'altitude, inclinée à 50°.

Et quand reviendra-t-elle se poser ? L'information n'a évidemment pas été divulguée, même si des clichés satellites commerciaux ont une fois de plus permis de constater de l'activité sur la piste à Lop Nur.

Le jeu de la navette…

Reste encore à savoir ce que peut faire une éventuelle petite navette en orbite basse. À ce sujet, il y a beaucoup de fantasmes sur des usages militaires : approche de satellites, largage de projectiles depuis la frontière de l'espace, déploiements secrets… Mais peu de ces concepts sont véritablement pratiques.

La petite navette X-37b américaine. Impossible de dire si la version chinoise a des similarités... © Boeing
La petite navette X-37b américaine. Impossible de dire si la version chinoise a des similarités... © Boeing

L'avantage principal d'une petite navette de ce genre est d'embarquer des charges utiles sensibles et chères pour les tester en orbite avant de les ramener dans sa soute. La navette peut manœuvrer rapidement (pratique pour « disparaître » des radars quelques heures ou quelques jours), mais aussi rester longtemps dans l'espace au besoin. En témoigne la navette X-37b américaine. Un peu plus documentée que son homologue chinoise, l'une de ces navettes est actuellement en orbite depuis le 17 mai… 2020.

Source : SPACENEWS