Suivi de trajectoire des satellites Shijian-21 et Beidou-2 G2 © Comspoc
Suivi de trajectoire des satellites Shijian-21 et Beidou-2 G2 © Comspoc

Depuis son décollage en octobre, le satellite chinois Shijian-21 est suivi de près... Il faut dire qu'il s'est approché d'un ancien satellite Beidou en panne avant de s'y accrocher et de l'emmener à plus haute altitude. Une capacité très rare, sur laquelle la Chine ne communique pas.

Gouvernements et entreprises sont en pleine traque, même en haute altitude.

Un peu de rangement

La Chine, à son décollage, décrivait Shijian-21 comme un « satellite capable de gérer des débris orbitaux ». Une description qui n'a pas manqué de soulever l'intérêt des Occidentaux, gouvernements comme entreprises… Et Shijian-21 n'a pas déçu !

Après son lancement le 24 octobre, il a atteint rapidement l'orbite géostationnaire, à 36 500 km du sol environ. Puis, après un essai qui a vu l'éjection soit d'un sous-satellite, soit d'un petit dispositif de test manœuvrant, il s'est dirigé vers un autre satellite chinois, Beidou-2 G2 (positionnement, équivalent du GPS). Ce dernier est en panne depuis 2009 ou 2010, peu après son arrivée en orbite. Le genre de raté encombrant sur la « ceinture » géostationnaire, où les places sont précieuses. Beidou-2 G2 n'encombre plus rien depuis le 22 janvier, car après une approche, puis un amarrage (soit via un système consacré, soit avec un bras robotisé), Shijian-21 l'a embarqué pour remonter son orbite de 3 000 kilomètres… avant de revenir à sa place le 26 janvier.

Un nouvel outil ou une menace ?

La manœuvre de Shijian-21 est une rareté, dans l'état actuel des avancées technologiques des différents pays. Northrop Grumman a déjà réussi deux amarrages avec des satellites géostationnaires, mais ces derniers étaient actifs, tandis que Beidou-2 G2 était probablement totalement éteint.

D'autres entreprises préparent leurs propres solutions, en orbite basse ou en géostationnaire, mais c'est une véritable démonstration chinoise à laquelle les autres nations viennent d'assister. Pour ce qui est de la gestion des débris, c'est toutefois une bonne nouvelle, car un véhicule de service autonome, capable d'attraper ceux qui ne sont pas trop ennuyeux (rotation incontrôlée, trop petit…) est une aubaine pour faire le ménage ! À l'inverse, plusieurs entreprises et nations s'inquiètent légitimement de voir des véhicules capables de tracter leurs unités sans leur demander leur avis…

Vue d'artiste du MEV de Northrop Grumman amarré à un satellite commercial © Northrop Grumman
Vue d'artiste du MEV de Northrop Grumman amarré à un satellite commercial © Northrop Grumman

Pas question de s'approcher trop près

Les États-Unis ont aussi un peu « joué » des biceps avec Shijian-21, en approchant leur propre satellite inspecteur, USA-270, juste après qu'il a éjecté sa petite unité de test.

Mais il n'est pas possible d'être si discret en orbite géostationnaire, et dès que les Américains se sont approchés trop près (à moins de 75 kilomètres), Shijian-21 et son petit compagnon ont mis les gaz pour une manœuvre d'évitement. Pour les États-Unis, c'est la preuve que la Chine dispose de moyens performants pour suivre les trajectoires des satellites proches des leurs, mais aussi d'une stratégie claire pour répondre à ces approches. Des capacités qui, une fois de plus, ne sont pour l'instant réservées qu'à de très rares acteurs.

Source :

SpaceNews