© CASC
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Jeudi 24 décembre, la nouvelle fusée chinoise CZ-8 effectuait son vol inaugural depuis le spatioport de Wenchang, plaçant en orbite cinq satellites. Présentée par son constructeur CASC comme le futur lanceur commercial chinois de référence, la Long March-8 sera, à terme, réutilisable.

Ce premier vol a servi à tester plusieurs éléments clés de la future réutilisabilité.

Un nouveau lanceur médian pour la Chine

Depuis le milieu des années 2010, la Chine a commencé à renouveler sa flotte de lanceurs spatiaux. Les familles de fusées Chang Zheng 2, 3 et 4 (Long March-2, 3 et 4 pour l’exportation), développées entre les années 1980 et 1990, continuent d’opérer aujourd’hui dans des versions constamment améliorées. Mais, pour s’adapter à l’évolution du marché des satellites, Pékin souhaite désormais se doter de lanceurs de nouvelle génération.

Le tout nouveau Long March-8 s’inscrit parfaitement dans cette logique d’adaptation et d’évolution. Conçu en partie à partir d’éléments d’autres fusées, dont la CZ-7 et les CZ-3A/3B/3C, la CZ-8 se présente comme une solution économique, mais adaptée aux besoins actuels. Ainsi, la propulsion utilise désormais des carburants non toxiques.

Avec une capacité d’emport de 4,5 t en orbite héliosynchrone (ou 7,6 t en orbite basse), la CZ-8 devrait combler un trou capacitaire entre la CZ-6, plus petite, et le lanceur, CZ-7 plus puissant. Elle pourrait ainsi répondre à la plupart des demandes commerciales, aussi bien pour des charges uniques que pour le lancement de multiples CubeSats ou de constellations.

Vers une fusée chinoise réutilisable

Mais, surtout, la CZ-8 devrait être le premier lanceur commercial réutilisable, permettant de réduire encore ses coûts d’exploitation. Grâce à son marché intérieur, la Chine est déjà la première puissance spatiale en matière de nombre de lancements, l’année 2020 devant se clôturer avec 39 fusées chinoises mises sur orbite. Mais les industriels, notamment CASC et CASIC, espèrent aussi attirer de plus en plus de clients privés (et étatiques) étrangers.

Pour cela, le secteur spatial chinois peut compter sur son extraordinaire dynamisme. Avec une quinzaine de lanceurs étatiques (en comptant les sous-versions) et une dizaine de micro-lanceurs privés en développement, la Chine peut se permettre de tester rapidement de nouvelles technologies. De quoi rattraper son retard sur certaines compagnies américaines, comme SpaceX, tout en devançant les acteurs européens.

À terme, la CZ-8 devrait donc pouvoir être réutilisable, au moins partiellement. Son premier étage, propulsé par deux moteurs YF-100, devrait être capable d’effectuer un retour contrôlé afin de se poser à terre ou sur une barge en mer. Ce retour propulsé s’effectuera avec une propulsion dissymétrique, puisqu’un unique YF-100, qui ne se trouve donc pas dans l’axe de la fusée, sera utilisé pour cette phase du vol.

Pour son vol inaugural du 24 décembre, CZ-8 a déjà testé certaines caractéristiques qui seront utilisées lors de la réutilisation du lanceur, notamment la modulation de poussée des moteurs permettant un pilotage plus précis.

Source : Phys.org