Lors de son audition au Sénat, jeudi après-midi, le secrétaire d'État chargé de la Transition numérique a tenté de rallumer la flamme de l'outil de contact tracing, tout en affirmant que le gouvernement a été « insuffisamment pédagogique » pour le promouvoir.
Cédric O a assisté à ce que l'on pourrait presque appeler un conseil de classe. Le secrétaire d'État en charge de la Transition numérique était auditionné par la commission d'enquête du Sénat, ce jeudi 8 octobre après-midi, pour fournir des éléments et répondre aux questions des sages quant à la gestion de l'épidémie de Covid-19 et l'échec de ce qui devait être un véritable élément complémentaire aux gestes barrières de lutte contre le virus : l'outil StopCovid.
Cédric O suggère aux médecins, professeurs d'université et restaurateurs de promouvoir l'application
L'application de contact tracing, censée pouvoir tracer puis remonter les cas contact, n'a à ce jour été téléchargée que 2,6 millions de fois, pour 472 pauvres notifications et 7 969 personnes s'y étant déclarées comme étant positives. Les chiffres sont là, et Cédric O n'a pas cherché à nier l'échec de StopCovid. « Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire qu'il y a eu un vrai enjeu d'adoption autour de l'application », a-t-il déclaré, confirmant les 1,1 million de désinstallations depuis le lancement de l'outil, le 2 juin dernier.
À côté de la version britannique (16 millions de téléchargements) et allemande (18 millions), StopCovid fait pâle figure. Cédric O affirme lui-même que l'application utilisée outre-Manche est « intéressante », celle-ci permettant par exemple une certaine interaction avec les bars et les restaurants, un des éléments pouvant expliquer son succès.
En France, « si nous voulons relancer l'application, nous avons besoin de trouver des relais et des alliés », constate Cédric O, conscient de la réticence des Français à télécharger l'application. Le secrétaire d'État appelle notamment les médecins généralistes, les professeurs d'université et tout le secteur de la restauration, bar y compris, à aider le gouvernement à faire télécharger StopCovid. « Il faut que ce soit un combat collectif », affirme-t-il.
Un gouvernement en manque de pédagogie
Cédric O part de loin dans son entreprise. Le 24 septembre, en prime time sur France 2, le Premier ministre Jean Castex lui-même avait affirmé ne pas avoir téléchargé StopCovid, au motif que l'outil n'est utile que lorsqu'on prend le métro ou que l'on croise du monde, ce qui semble ne plus être son cas. De quoi tirer une balle dans le petit pied de l'application.
Face aux sénateurs jeudi, et après avoir reconnu que le gouvernement n'avait pas suffisamment fait preuve de pédagogie, Cédric O a tenté de justifier les déclarations du chef du gouvernement. Pour lui, StopCovid trouve sa pleine utilité « quand vous allez dans un bar ou un restaurant, quand vous faites des soirées entre amis, que les gens ne portent pas de masques et que vous ne savez pas qui est à côté de vous », précisant ensuite que « ces cas de figure, le Premier ministre les rencontre assez peu », masquant ainsi à peine la maladresse de Jean Castex.
« Si vous lancez une application et qu'elle ne marche pas, c'est votre responsabilité », a alors asséné le sénateur David Assouline au secrétaire d'État, qui pointe aussi du doigt la question des données personnelles, un élément qui rebute la population face à l'application.
À ce sujet, Cédric O avait, plus tôt, salué le choix technique de StopCovid. « Nous avons fait le choix d’une application qui ne relève pas d’un cadre juridique d’exception puisqu’elle est conforme au RGPD », a-t-il indiqué. Un message nécessairement pas très bien transmis au grand public, pour qui le rebond de la pandémie ne semble pas aider à l'adoption d'une application dont la cote n'a jamais décollé.