Au pays de l'Oncle Sam, le coronavirus demeure actif mais ce ne sont pas les chercheurs et chercheuses américains qui permettent d'être le plus précis sur l'état des lieux de la maladie au sein du territoire national.
Ainsi, selon le très sérieux The Verge, les États-Unis connaissent de nombreuses difficultés à publier leurs propres chiffres sur la COVID-19, se reportant plus généralement à des données produites par des pays étrangers sur… leur propre situation !
Les données américaines viennent en fait… de l'étranger
Voilà maintenant près d'un an que l'on mange, dort, vit coronavirus – l'un des mots les plus prononcés de ce siècle tout autour de la planète, y compris aux États-Unis. Le pays, qui est l'un des plus touchés depuis le début de la pandémie aussi bien en nombre de cas et d'hospitalisations que de décès, est cependant au cœur de la tourmente au niveau scientifique depuis que la COVID-19 sévit sur son territoire.
En effet, The Verge révèle qu'une large majorité des données qui doivent permettre de connaître et comprendre l'avancée de la pandémie sur le territoire américain ne sont pas produites en interne. Une information des plus étonnantes quant on se souvient que durant de longs mois au cours de l'année 2020, l'une des sources les plus fiables afin de connaître l'état de la COVID-19 pays par pays provenait de la John Hopkins University, située à Baltimore (Maryland). Si un centre de ressources sur le coronavirus y a été créé, il s'agissait avant tout de recenser les données émanant de sources officielles pays par pays pour mieux mesurer la dimension pandémique de cette maladie.
Les États-Unis ne se fournissent donc pas eux-mêmes, ou du moins très (très) peu, et doivent aller à la pêche aux données auprès d'autres pays. Parmi les États leur fournissant le plus d'informations, le Canada, Israël et le Royaume-Uni forment le trio de tête.
Ce n'est pas le rôle du CDC
Qui pointer du doigt pour ce manque ? Le Center for Disease Control and Prevention (CDC) ferait un coupable de choix, mais cela reviendrait à outrepasser son rôle selon Scott Gottlieb, l'ancien commissaire de l'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux qui y a officié entre 2017 et 2019. Ce dernier déclare sur Twitter : « Le CDC est une agence dont le travail est axé sur la rétrospection, et dont le but n'est pas de fournir des informations en temps réel qui nécessitent un travail analytique et la transmission de réponses partielles ».
Plus largement, le fonctionnement décentralisé du système hospitalier aux États-Unis ne facilite pas la transmission de données uniformisées. Il existe donc des analyses propres à des comtés, voire à quelques États, mais pas à l'échelle nationale américaine. De quoi faire jaser en interne, notamment au CDC, comme le suggère une déclaration faite au Washington Post par un représentant officiel de l'agence : « Le temps requis pour rendre ces données exploitables n'est pas acceptable ». Autrement dit, il y a du pain sur la planche de l'autre côté de l'Atlantique, et pas seulement pour fabriquer des hamburgers.
Sources : The Washington Post, The Verge