Il serait disproportionné de parler de pénurie totale, mais tous les indicateurs montrent que le marché des disques durs va rapidement subir les conséquences des inondations qui frappent actuellement la Thaïlande, où sont concentrées quelque 25% des capacités mondiales de production. Les différents fabricants concernés indiquent en effet qu'il leur faudra plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour que leurs usines tournent à nouveau à plein régime.
Le plus touché sera peut-être Western Digital, qui la semaine dernière a annoncé avoir divisé par deux ses prévisions de chiffre d'affaires sur le quatrième trimestre, suite à l'arrêt temporaire de ses lignes de production thaïlandaises. Il ne sera cependant pas seul : Toshiba, qui fabrique également une partie de ses disques en Thaïlande, avance que le retour à la normale pourrait ne pas intervenir avant le mois de janvier. Seagate se dit pour sa part épargné, mais sa production pourrait souffrir quelques difficultés d'approvisionnement.
Le japonais Nidec, qui fournit entre 70 et 80% des moteurs impliqués dans la fabrication des disques durs a par exemple dû interrompre complètement ses activités en Thaïlande jusqu'à mardi. S'il affirme que la reprise est en bonne voie et que d'autres usines d'Asie du sud-est seront rapidement mises à contribution, les niveaux de production devraient rester suffisamment bas pour freiner la reprise du marché. TDK, MMI, Furukawa et Hutchinson Technology qui, tous, fournissent des pièces entrant dans la composition d'un disque dur, ont également vu leurs activités ralentir du fait des inondations.
Au delà des fabricants de disque proprement dits, les constructeurs de l'univers informatique devraient être les premiers touchés. Le chinois Lenovo a par exemple admis auprès de Reuters qu'il redoutait des livraisons en berne sur les mois à venir. Tim Cook, PDG d'Apple, a lui aussi confessé quelques inquiétudes lors de la présentation des résultats financiers de la société. Des acteurs comme Dell ou HP, grands consommateurs de disques durs pour leurs activités à destination des professionnels, subiront également l'inévitable hausse des prix que suscite cette crainte d'une pénurie partielle sur le marché.
Pénurie = hausse des prix
Les répercussions sont d'ores et déjà sensibles sur le marché grand public, avec une réévaluation à la hausse du prix de vente des modèles phare du marché. Les disques durs internes SATA de 2 To, qui se négocient habituellement entre 70 et 90 euros, ont ainsi vu leur prix grimper chez de nombreux e-commerçants français ces derniers jours, jusqu'à atteindre 180 euros sur certaines références ! Tous n'ont pas encore répercuté la tendance, mais il y a fort à parier que les marchands s'alignent sur des tarifs revus à la hausse, et que ceux-ci s'installent jusqu'à la complète reprise de la production.