Alors que les tensions n'ont jamais été aussi fortes entre la Chine et les États-Unis, NVIDIA est coincée alors qu'elle a des intérêts dans les deux pays.

Après avoir été obligé de faire avec diverses interdictions à l'exportation de certaines de ses puces les plus puissantes, NVIDIA doit maintenant composer avec une histoire de licence pour continuer à vendre ses produits en Chine.
Les marchés ont immédiatement réagit et dans la foulée de cette annonce, le cours de l'action NVIDIA a chuté de plus de 5 % alors que l'entreprise de Jensen Huang va devoir faire preuve d'imagination pour contourner ce nouvel obstacle.
NVIDIA entre la Chine et les États-Unis
Il y a encore quelques années, le nom de NVIDIA ne parlait qu'aux amateurs un peu experts de jeu vidéo. La firme américaine s'est fait un nom avec ses GPU qu'elle propose aux joueurs depuis plus de 25 ans mais n'a vraiment explosé auprès du grand public qu'avec l'émergence de l'intelligence artificielle.
Pour fonctionner, les modèles d'IA ont effectivement besoin de beaucoup de puissance et avant la mise au point de puces spécialisées, ce sont les GPU de NVIDIA qui ont montré les meilleures aptitudes pour l'IA. De fait, NVIDIA est maintenant le numéro un du secteur et si des concurrents apparaissent chaque jour, ils sont encore loin de proposer des produits aussi puissants.
C'est d'ailleurs là tout le paradoxe de la position de NVIDIA. Alors que la demande pour ses puces est au plus haut, la compagnie se retrouve comme piégée entre la Chine et les États-Unis : les deux pays se livrent une guerre commerciale sans précédent depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et les puces de NVIDIA constituent l'un des points de discorde.
Une nouvelle licence d'exportation
Pour Donald Trump, il n'est pas question de laisser la Chine revenir dans la course à l'intelligence artificielle. En janvier dernier, l'annonce des performances du modèle chinois DeepSeek avait autant ébranlé les marchés financiers que les responsables de l'administration Trump.
Avant même le retour de Donald Trump à la présidence – sous Joe Biden donc – les États-Unis avaient déjà tenté de limiter l'exportation des processeurs les plus performants vers la Chine. Ceux des NVIDIA étaient évidemment en première ligne. Soucieux de maintenir l'avance (supposée ?) des États-Unis en matière d'intelligence artificielle, Donald Trump a donc décidé d'enfoncer le clou, et ce, alors que les barrières douanières entre les deux pays sont au plus haut.
En quelques jours, l'escalade des « tariffs » entre les deux pays a atteint des sommets : on parle aujourd'hui de taxes douanières de 145 % sur les produits chinois aux États-Unis et de 125 % sur les produits américains en Chine. Ce n'est toutefois pas encore suffisant pour Donald Trump à propos des puces les plus sophistiquées et l'entreprise de Jensen Huang doit maintenant obtenir une licence pour avoir le droit d'exporter certaines puces vers la Chine.
Une annonce qui a donc eu une répercussion directe sur le cours de l'action NVIDIA à la Bourse de New York (plus de 5 % de baisse) alors que Jensen Huang s'inquiétait des conséquences sur le résultat de son groupe. Dans la foulée de l'annonce de Donald Trump, le P.-D.G. et fondateur de NVIDIA expliquait que ces nouvelles restrictions pourraient lui coûter 5,5 milliards de dollars de charge exceptionnelle pour le premier trimestre de son année fiscale.
Les puces H20 bientôt introuvables en Chine ?
La nouvelle licence imposée par Washington concerne principalement les puces H20 qui ont été spécifiquement conçues par NVIDIA pour le marché chinois alors que l'administration Biden avait déjà ciblé les puces H100 et H200, interdisant leur vente dans l'Empire du Milieu.
Les révélations autour du modèle DeepSeek ont toutefois montré que même sans – au moins officiellement – les puces les plus puissantes de NVIDIA, les chercheurs chinois pouvaient atteindre d'excellents résultats. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les puces H20 sont parmi les plus demandées aujourd'hui en Chine avec des clients comme Alibaba, ByteDance ou Tencent.
Des partenaires chinois qui comptent pour NVIDIA : l'an dernier, la deuxième économie mondiale représentait 13 % de ses ventes. Certes, c'est beaucoup moins que les États-Unis (près de 50 %), mais ce n'est pas négligeable et on comprend que Jensen Huang se soit rendu en Chine juste après l'annonce de la mise en place de cette nouvelle licence par Washington.
Jensen Huang s'est déplacé pour consolider les activités de NVIDIA en Chine malgré les nouvelles barrières et, selon la chaîne de télévision d'État CCTV, le P.-D.G. aurait déclaré qu'il espérait « continuer à coopérer avec la Chine ». Une coopération dont on attend maintenant de voir la forme qu'elle pourrait prendre et qui dépendra évidemment beaucoup des termes exacts de cette nouvelle licence… ainsi que du respect des interdictions à l'exportation bien sûr.
Source : BBC
21 avril 2025 à 15h37