Avec son 330 Series, Intel n'avait opéré que quelques petits ajustements par rapport à son 520 Series. Un nouveau firmware, une garantie qui passe de 5 à 3 ans, et puis c'est tout ! L'objectif : proposer un SSD dont le prix vienne approcher ceux d'une concurrence à la politique tarifaire plus agressive et parfaire sa gamme.
Dans cette optique, comment se place le 335 Series ? Est-ce là encore une petite modification des précédentes générations, où Intel a-t-il choisi de donner un vrai coup de jeune à ses SSD ? Pour le savoir, commençons par décrire les composants qui constituent ce nouveau SSD, via le modèle 240 Go que nous avons reçu.
Un contrôleur qui ne change pas...
Alors que de nombreux constructeurs, à commencer par OCZ et Corsair, tournent le dos à SandForce, Intel conserve au sein de son nouveau SSD le SF-2281. Adopté sur le tard par le fondeur, ce contrôleur officie au sein des SSD Intel depuis le début de l'année et la série 520. Point de retour à un contrôleur maison donc, Intel ayant visiblement décidé d'abandonner ce créneau sur lequel il était pourtant particulièrement actif il y a quelques années.Inutile donc de vous présenter le SF-2281 que l'on connait par cœur : compatibilité SATA 6 Gbps évidemment, compression des données à la volée, chiffrement AES 256-bit, TRIM, NCQ... La routine. En revanche, si en apparence rien ne change (on retrouve même le pad thermique), le moteur de ce contrôleur qu'est son micro-code a été revu et corrigé par Intel. A l'image de ce que le fondeur avait réalisé sur son 520 Series, Intel propose donc un firmware optimisé par rapport à celui livré par SandForce afin de se distinguer de la concurrence en améliorant les performances de son modèle.
Intel 330, 335 et 520 Series : les différences de performances | |||
Intel 330 | Intel 335 | Intel 520 | |
Lecture aléatoire 4 Ko (IOPS) | 42 000 | 42 000 | 50 000 |
Écriture aléatoire 4 Ko (IOPS) | 52 000 | 52 000 | 80 000 |
Lecture séquentielle (Mo/s) | 500 | 500 | 550 |
Écriture séquentielle (Mo/s) | 450 | 450 | 520 |
Pourtant, les chiffres annoncés par Intel ne montrent pas de gain par rapport au 330 Series. Ce tableau, qui compare les modèles 240 Go des trois dernières générations de SSD Intel, tend au contraire à prouver que les performances du 335 Series stagnent. Nous verrons de quoi il retourne durant nos tests.
... mais des puces mémoire qui évoluent
Si le contrôleur de ce 335 Series ne change que par son firmware, ce nouveau SSD inaugure en revanche l'introduction de nouvelles puces NAND. Intel dispose en effet, avec sa coentreprise IMFT, d'un moyen de production important et d'une capacité d'innovation en matière de puce mémoire. Pour la première fois donc, un SSD Intel est doté de puces gravées en 20 nm. Intel n'est pas le premier en la matière, puisque OCZ avait déjà introduit de telles puces dans son Agility 3 cet été.L'intérêt de cette finesse de gravure améliorée ? Principalement une consommation réduite, puisque Intel annonce le chiffre de 275mW au repos, contre 600mW pour le 330 Series, et 350mW en charge, contre 850mW pour son prédécesseur. Tout comme sur le 330 Series, ces puces sont de types synchrones, ce qui garantit en principe des performances en écriture intéressantes.
Notez que l'on compte 16 puces de 16 Go de capacité, pour un total de 256 Go. Attendu que le 330 Series est donné pour 240 Go, Intel a donc provisionné 6,25% de l'espace de son SSD pour les réserver aux processus d'over-provisioning. Rien de très surprenant compte tenu du contrôleur qui officie au sein du 335 Series, puisque c'est le fonctionnement traditionnel du SF-2281.
Enfin, ce SSD est évidemment compatible avec la Toolbox du constructeur, un outil bien conçu et si utile pour réaliser un secure erase ou vérifier les performances de votre SSD.
Performances
Ce test de l'Intel 335 Series nous permet d'innover quelque peu dans nos articles dédiés aux SSD. Nous regroupons désormais nos graphiques de performances au sein d'un diaporama.De plus, nous avons ajouté quelques tests qui apparaissent ici avec les derniers SSD en date, à savoir le 840 Series de Samsung, le Vector d'OCZ et bien entendu le 335 Series d'Intel. Enfin, nous avons ajouté le logiciel ATTO à notre panel de programmes de test.
ATTO nous renseigne sur les performances en lecture et en écriture de notre SSD en fonction de la taille du fichier traité. On s'aperçoit ici des faiblesses du 335 Series sur les très petits fichiers, mais également de ses bonnes performances sur les éléments de taille plus importante. Il faut toutefois attendre 256 Ko pour que la lecture trouve son rythme de croisière. Sous Everest, le 335 Series n'est battu que par le Samsung 840 Series en lecture séquentielle, et affiche des performances significativement meilleures que celles du 330 Series. Sur les petits fichiers, les gains sont également substantiels, même si le 335 Series reste derrière d'autres SSD comme les OCZ Vector ou Samsung 840 Series.
En écriture, les gains sont une nouvelle fois importants par rapport au 330 Series, notamment sur les petits fichiers. Seuls les OCZ Vector et Samsung 840 Series restent au-dessus. Sur les tests de copie de gros fichiers, ces deux-là tiennent encore le haut de pavé en lecture, juste devant un 335 Series qui demeure sur la troisième marche du podium en écriture. Sur les petits fichiers en revanche, le 335 affiche les meilleures performances en lecture, et n'est battu que par le Vector en écriture.
On observe en revanche une vraie faiblesse du contrôleur en ce qui concerne la copie proche. Le 335 Series ne connait en revanche aucun problème sur nos tests pratiques, et se permet même d'égaler le Vector d'OCZ sur le test PCMark, tout en talonnant ce dernier en décompression.
Notre avis
Avec son 335 Series, Intel montre ce que l'optimisation d'un firmware peut donner en termes de gains de performances. La comparaison avec le 330 Series montre en effet les progrès réalisés par Intel à contrôleur identique. Et il nous semble que ce travail mérite qu'on s'y attarde.
L'autre nouveauté de ce 335 Series, ce sont ses puces gravées en 20 nm. Intel choisit pour le moment de conserver le MLC et focalise ses progrès sur la finesse de gravure. Si on peut espérer un gain en termes de consommation, on peut également se poser la question de la pérennité de telles puces. Certes, on n'est certainement pas au niveau des puces TLC du Samsung 840 Series en termes de cycles d'écriture, mais l'endurance de ces puces est réduite par rapport aux anciennes puces gravées en 32 nm. Et vous ne pouvez plus compter sur la garantie 5 ans du constructeur, qui est une nouvelle fois (après le 330 Series) limitée à 3 années.
Évoquons enfin la question du prix. Actuellement, seul le modèle 240 Go est disponible sur le marché, au prix de 185 euros. Par rapport à un Vector d'OCZ à 250 euros, cela est nettement plus abordable, et face à un Samsung 840 Series à 160 euros, c'est plus cher. Oui mais voilà, niveau performances, le 335 Series est bien plus proche de modèle OCZ que de celui de Samsung. Du coup, entre les trois, c'est peut-être bien le meilleur choix.