Derrière le nom Crucial se cache la société américaine Micron, leader historique sur les mémoires et partenaire d'autres géants comme Intel. Crucial est la marque grand public de Micron. Les SSD estampillés Crucial se retrouvent chez les revendeurs les plus « accessibles » quand les professionnels se fournissent en matériels Micron. Le P2 que nous testons s'inscrit dans le renouvellement des gammes Crucial... avec le P5 - plus haut de gamme - à venir prochainement.
Fiche technique du Crucial P2 500
Sans surprise, le SSD NVMe P2 vient remplacer le vieillissant P1. Il s'agit d'un modèle calé sur le segment du milieu de gamme. Comme son prédécesseur, il doit donc offrir des performances de haut niveau sans toutefois coûter les yeux de la tête. À ce niveau, il y a d'ailleurs un petit souci : alors que Crucial évoque un tarif de 71,99 euros, de nombreux revendeurs sont à 20 euros de plus. Cherchez l'erreur comme on dit dans ce genre de cas.Le Crucial P2 500, c'est :
- Format : NVMe M.2 2280
- Interface : PCIe NVMe Gen 3 4x
- Contrôleur : Phison PS5013-E13
- Puces mémoire : Micron QLC 3D
- Capacité : 250 Go (CT250P2SSD8) ou 500 Go (CT500P2SSD8)
- Endurance annoncée en écriture : 150 To
- Débits annoncés en lecture : 2300 Mo/s.
- Débits annoncés en écriture : 940 Mo/s.
- Dimensions : 22 x 80 x 1,5 mm
- Température opérationnelle : entre 0°C et 70°C
- Logiciel : oui, Crucial Storage Executive
- Prise en charge du Trim : oui
- Garantie : 5 ans
- Prix et disponibilité : déjà disponible, à 71,99 €
Sur le papier, le Crucial P2 reprend à son compte les caractéristiques majeures de son grand frère, le P1. Il innove toutefois sur plusieurs points et notamment l'endurance estimée des puces mémoire : avec 150 To annoncés par le constructeur, on est à 50% de mieux que sur le P1 à capacité identique tout de même. Ceci sans perdre le moins du monde côté performances et en conservant une garantie confortable de 5 ans.
De la mémoire Micron QLC
Rien ne ressemble plus à un SSD NVMe qu'un autre SSD NVMe et le Crucial P2 ne déroge évidemment pas à la règle d'autant que le constructeur le livre pour ainsi dire « nu » dans sa boîte. Il n'est effectivement pas question de l'affubler d'un quelconque radiateur pour tempérer un échauffement qui reste cependant très limité comme nous le verrons un peu plus tard. Il s'agit donc d'une unité de stockage particulièrement compacte au format « long », enfin pour un M.2.Rappelons que les SSD dits NVMe reposent sur le format M.2. Il s'agit de cartes d'extension de diverses dimensions. Nous ne parlerons pas de la largeur (12, 16, 22 ou 30 millimètres) dans la mesure où le format 22 mm s'est largement imposé. En revanche, côté longueur, les choses varient entre les modèles les plus courts (16 mm) et les plus longs (110 mm). Dans les faits, les SSD NVMe reposent dans la majorité des cas sur le « 2280 » pour 22 mm de large sur 80 mm de long.
Pour l'interface, rien de bien surprenant non plus. Crucial s'est logiquement reposé sur le PCI Express de troisième génération, jusqu'à 4 voies. Cette caractéristique est importante, car si elle limite sensiblement les performances auxquelles on peut s'attendre (pas de 5 Go/s. par exemple), elle assure de le faire fonctionner au mieux de ses capacités sur davantage de matériels. Il est ainsi inutile de viser les coûteux chipsets AMD X570 voire Intel Z490 pour en tirer le meilleur parti.
Sans grande surprise, Crucial a également employé des mémoires signés Micron, des puces dites NAND 3D QLC sur 64 couches. Comme vous pouvez le voir sur le schéma ci-dessous diffusé par Micro, la QLC doit permettre d'écrire davantage de données par cellule, réduisant d'autant le coût au gigaoctet du SSD. Cela n'a toutefois rien de vraiment nouveau, Crucial faisait déjà de même sur le P1 avec, toutefois, la mise en place d'un cache à base de SLC pour accélérer les transferts. Petit changement en revanche, le contrôleur Silicon Motion SM2263EN cède ici la place à un Phison PS5013-E13.
En dehors d'un problème de performances par rapport à de la TLC - et donc de la SLC / MLC - l'utilisation de mémoire QLC a toutefois un défaut plus tangible : elle offre une endurance plus faible. Dans les faits, Crucial semble toutefois davantage confiant qu'avec le P1 puisqu'il est maintenant question d'écrire jusqu'à 150 To contre 100 To auparavant. Cela vous semble peu ? Nous aussi, mais relativisons, car cela représente plus de 8 ans d'activité à raison de 50 Go de données écrites quotidiennement. De plus, pour rassurer encore davantage, Crucial conserve sa garantie de 5 ans.
Débits en lecture / écriture et échauffement
Sur le papier, la combinaison du contrôleur Phison PS5013-E13, de la mémoire QLC et du cache SLC doit permettre d'atteindre 2300 Mo/s. en lecture et encore 940 Mo/s., mais il est à noter que plus lente en lecture (2100 Mo/s.), la version 250 Go va officiellement jusqu'à 1150 Mo/s. en écriture. Nous n'avons hélas pas pu avoir ce modèle entre les mains.Nous n'avons pas démultiplié les mesures, mais avec CrystalDiskMark, nous atteignons autour de 2300 Mo/s., et ce, sur toutes nos prises de mesure. En revanche, excellente surprise en écriture dans la mesure où nous dépassons non seulement les performances du P1, mais également les valeurs avancées par Crucial. CrystalDiskMark réglé sur 1 Go, nous dépassons ainsi légèrement les 1800 Mo/s. et nous nous maintenons à plus de 1300 Mo/s. en sélectionnant le 512 Ko.
Nous avons enchainé avec ATTO Disk Benchmark. Là encore, des résultats convaincants, supérieurs aux valeurs présentées par Crucial. Le P2 500 semble réaliser des progrès notables par rapport au grand frère, le P1 500. Nous avons toutefois l'habitude de prendre les résultats ATTO Disk Benchmark avec une certaine distance et le relevé en écriture est pour le moins troublant. On voit mal des puces QLC parvenir à un tel niveau de performance : l'influence du cache ?
Nous avons logiquement cherché à valider ces résultats sur des tests plus « pratiques », surtout en ce qui concerne la valeur en écriture. Nous n'avons pas retrouvé de telles valeurs en copie de fichiers « classique » sous Windows 10. En revanche, les débits ont tout de même flirté en moyenne avec les 1 Go/s., un résultat plus qu'honorable... et encore au-dessus des débits présentés par Crucial.
Pour en terminer avec les débits, nous voulions déterminer l'influence du cache sur les performances. Dans une situation ordinaire, ledit cache accélère les débits de manière transparente, mais dès que la copie dépasse la taille du cache, les débits s'effondrent : cela pouvait tomber à 80 Mo/s. sur le P1 500. Crucial nous a précisé que sur le P2, la NAND QLC 3D peut être utilisée dynamiquement en mode SLC ou QLC. Ainsi, lorsque le disque est relativement vide, 20% de son espace est utilisé en mode SLC afin de booster les performances. À mesure que le P2 se rempli, cette portion « SLC » se réduit. L'impact sur les performances est assez notable sur notre graphique ci-dessus où nous sommes passés de 1 Go/s. à 410 Mo/s. : une chute réelle donc, mais rien de comparable avec le P1.
Enfin, compte tenu de l'absence de tout dissipateur thermique, nous souhaitions vérifier la montée en température P2 500. Au repos, les choses se stabilisent autour de 26°C. Après d'intenses sessions de copie de fichiers, l'échauffement est notable avec une stabilisation à un maximum de 52°C. Cela n'a toutefois rien d'inquiétant dans la mesure où Crucial certifie une température maximale en fonctionnement de 70°C. On a encore de la marge !
Crucial Storage Executive : un soft perfectible
Chaque SSD est Crucial vient accompagné d'un petit logiciel que l'on télécharge sur le site du constructeur, le Crucial Storage Executive. Un tel programme est parfaitement dispensable et, dans notre cas, Windows n'en pas l'utilité pour gérer notre SSD. En revanche, le soft peut apporter quelques informations supplémentaires, quelques fonctionnalités appréciables comme le taux d'occupation du disque ou sa température.Hélas, c'est à peu près tout ce que le Crucial Storage Executive propose. Impossible de voir le nombre d'octets écrits, le temps d'activité ou le nombre de démarrages. Impossible également d'avoir un outil de mesure intégré pour garder une idée de la dégradation des performances. On devra se contenter d'une appréciation de « bon état de santé » qui veut tout et rien dire à la fois. Si, une chose tout de même, une option permet heureusement de vérifier / effectuer la mise à jour du micrologiciel.