Et si oui, à quoi faut-il s'attendre ? Tour d'horizon de ce qu'il est déjà possible de faire, et de ce à quoi il faudrait se préparer dès aujourd'hui.

Peut-on hacker un transhumain ? © Anggalih Prasetya / Shutterstock
Peut-on hacker un transhumain ? © Anggalih Prasetya / Shutterstock

Ce qui relevait de la science-fiction hier est aujourd’hui plus tangible. Le transhumanisme, avec ses promesses d’augmenter nos capacités physiques et mentales, progresse. Mais avec ces nouvelles possibilités, une question hautement sensible émerge : peut-on hacker un transhumain ? La réponse n'est pas simple, mais les risques sont réels.

Des technologies fascinantes, mais vulnérables

Pacemakers, pompes à insuline, neurostimulateurs : des millions de corps beneficient aujourd’hui de dispositifs conçus pour améliorer la qualité de vie. Pourtant, ces technologies ne sont pas sans danger. Dès 2018, des chercheurs de l'université de Louvain ont mis en lumière les risques associés à un implant cérébral utilisé pour traiter l’épilepsie et la maladie de Parkinson, révélant avoir réussi à le pirater.

La même année, Medtronic confirmait une faille critique dans l'une de ses pompes à insuline – dont elle a cessé la production depuis. Cette vulnérabilité permettait à une personne non autorisée, à proximité du patient, d'intercepter les signaux radio de la télécommande, et de manipuler les doses administrées.

Des risques amplifiés par la fuite de dossiers médicaux sur le dark web. Ces données confidentielles, comprenant des détails sur les appareils implantés, offrent aux hackers les informations nécessaires pour mener des attaques ciblées. Ici, la sécurité des corps augmentés dépend directement de la protection des données.

Les fuites de données médicales sur le dark web contribuent à renforcer les risques liés au piratage des implants médicaux © ozrimoz / Shutterstock
Les fuites de données médicales sur le dark web contribuent à renforcer les risques liés au piratage des implants médicaux © ozrimoz / Shutterstock

Quand nos corps et nos esprits deviennent des cibles

Au-delà du domaine médical, le transhumanisme touche des secteurs plus ambitieux. Neuralink, le projet d'Elon Musk, en est un parfait exemple. Augmenter la mémoire, contrôler des appareils par la pensée, associer le cerveau à l’intelligence artificielle : à termes, la techno pour le moment réservée aux avancées médicales, devrait toucher un plus large public. Et ce qui semblait autrefois relever de la science-fiction devient peu à peu réalité. Musk a d’ailleurs déjà implanté ses deux premiers patients. Les résultats sont certes mitigés, mais ils ne sont pas nuls, et les patients vont bien.

Encore une fois, ces progrès technologiques, aussi balbutiants et excitants soient-ils, ouvrent aussi la porte à de nouvelles menaces. Si un hacker pouvait interférer avec ces dispositifs, il pourrait altérer les perceptions sensorielles, voire manipuler les pensées et créer des illusions. Un scénario dans lequel les transhumains seraient incapables de distinguer le réel de l’imaginaire devient soudainement plausible.

La perspective devient encore plus préoccupante avec l’implication de l’armée, qui imagine déjà le potentiel des implants neuronaux et des exosquelettes intelligents pour développer des soldats augmentés. On n'y est certes pas, mais en matière d'évolution technologique, tout peut changer. Et dans ce cas, que se passerait-il si ces dispositifs étaient piratés en pleine opération militaire ?

Manipulation de la pensée et des perceptions sensorielles : la face cachée de Neuralink © Kemarrravv13 / Shutterstock

Enjeux éthiques : un corps libéré toujours plus asservi

Au-delà de la sécurité pure et dure, l’idée que l’on puisse hacker un transhumain soulève aussi des questions éthiques majeures, notamment pour les partisans du body hacking, qui voient ces technologies comme un moyen de libération.

Augmenter son corps, c'est aussi dépasser ses limites, reprendre le contrôle de son corps et de sa vie. Mais sans mesure de sécurité renforcée, cette quête de liberté pourrait rapidement se retourner contre nous. Et pour cause : si un implant cardiaque ou un neurostimulateur peut être piraté, la promesse d'un contrôle sans limites sur son propre corps devient illusoire.

Les dispositifs censés libérer les individus pourraient donc les rendre plus vulnérables encore. Nos pensées et perceptions pourraient être altérées à distance, redéfinissant profondément le concept de liberté individuelle. Pouvons-nous encore revendiquer notre autonomie si nos organes ou notre cerveau sont à la merci de hackers ? Et, plus largement, de tout gouvernement, entreprise, organisation aux méthodes peu scrupuleuses ?

Le transhumanisme ouvre la voie à plus de liberté, mais mail contrôlé, il peut aussi nous priver d'autonomie © Nomad_Soul / Shutterstock

Vers une cybersécurité renforcée

Peut-on hacker un transhumain ? En tout état de cause, les preuves sont là. Même si elles sont difficilement exploitables, notamment dans le cadre médical, les vulnérabilités existent déjà et s'étendent à mesure que ces technologies progressent. Face à cette réalité, la cybersécurité doit impérativement suivre le rythme. Des solutions, comme des chiffrements avancés et des algorithmes capables de détecter les anomalies comportementales, devront être développées en priorité.

Mais cela ne suffira pas. Les régulateurs devront, eux aussi, jouer un rôle central en imposant des normes de sécurité strictes pour garantir que cette révolution technologique ne vire pas au cauchemar. Plus que jamais, la protection de nos corps possiblement augmentés est une nécessité pour préserver non seulement notre santé, mais aussi notre liberté.

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