La CIA a déclassifié les fichiers liés au Project Aquiline, destiné à développer des drones d'espionnage fonctionnant à l'énergie nucléaire.
La guerre froide a été l'occasion pour les États-Unis de développer des projets aéronautiques très pointus, à l'image du Lockheed SR-71 Blackbird, un avion de reconnaissance et de surveillance capable de voler à Mach 3 et à 20 000 mètres d'altitude.
Une flotte de 12 drones d'espionnage
Mais il semble que les agences de sécurité américaines aient tenté de développer d'autres idées encore plus ambitieuses, qui n'ont toutefois pas vu le jour. C'est le cas du Project Aquiline, dont la CIA a déclassifié le dossier, et qui se matérialisait sous la forme de drones de reconnaissance propulsés par l'énergie nucléaire. Interdits de survol de certaines zones géographiques, les États-Unis souhaitaient toujours garder la possibilité de surveiller leurs ennemis, et avaient demandé au géant de l'aéronautique McDonnell Douglas de développer des avions sans pilote.
Sans cockpit, il était facile de faire des appareils plus petits, et le fabricant avait proposé des drones mesurant 1,50 mètre de long pour 2,25 mètres de large et pesant moins de 40 kilos. Le projet initial comportait un moteur quatre cylindres de 3,5 chevaux permettant au drone d'atteindre une vitesse allant de 90 à 150 km/h, et d'avoir une endurance de 50 heures, soit près de 2 000 km.
Mais la CIA jugeait ces données insatisfaisantes et voulait équiper les drones de moteur à radio-isotopes permettant de récupérer la chaleur de déchets nucléaires comme le plutonium, et ainsi offrir jusqu'à 30 jours d'autonomie, ou 58 000 km. L'agence voulait lancer une flotte de 12 drones équipés de caméras et appareils photo haute résolution, qui auraient pu survoler les sites sensibles plus bas que l'avion U-2, et récupérer au passage les signaux des radios et radars ennemis. Les données auraient ensuite été transmises à un U-2 pour être analysées et ramenées sur les bases US.
Un projet trop avancé pour son époque ?
Project Aquiline comportait évidemment une manipulation humaine, comme les unités modernes de contrôle des drones, mais compte tenu des limitations de l'époque, celles-ci auraient été mobiles et auraient opéré depuis les frontières des pays espionnés par les Américains.
Les raisons de l'annulation ne sont pas clairement déterminées, même si la complexité technique du projet semble en cause. Outre la propulsion nucléaire, qui semblait impossible à utiliser dans les années 60 sur un appareil aussi petit, le stockage et la transmission des données auraient été très complexes, toujours en raison de la taille des drones. Enfin, la furtivité nécessaire à un survol plus bas que celui du SR-71 ou de l'U-2 n'était pas simple à développer, et le projet a possiblement été jugé trop onéreux face aux risques d'échec qu'il comportait.
Source : Popular Mechanics