Le français Parrot s'est lancé dans l'univers du drone amateur il y a près de cinq ans, avec la première version de son AR.Drone. Un quadricoptère Wi-Fi qui filme, piloté facilement via une application mobile de smartphone. Entre temps, le marché jadis de niche a gagné en popularité, le goût de tout un chacun pour la vidéo a cru (YouTube, mode des GoPro, etc). De quoi attiser la concurrence ! Parrot veut donc frapper fort avec son Bebop, un drone a priori largement revisité.
Les drones sont à la mode, même si ces derniers jours, ils n'ont pas toujours eu bonne presse. Véritables jouets pour certains, outils de capture vidéo professionnelle pour d'autres, mais aussi appareils dédiés à la surveillance, livreurs mécaniques de demain ou objets d'une passion pour le modélisme, les drones sont multiples, dans leur acception et leur matérialisation. Où se situe le BeBop de Parrot dans ce panorama ? Quelque part entre le jouet, l'outil de capture vidéo et le goût pour le modélisme.
Démonstration du BeBop en vol
Présentation du BeBop[/anchor]
Le BeBop est à la fois différent de l'AR.Drone, et très similaire. Différent parce que le nouveau drone de Parrot est nettement plus petit (38 cm de pale à pale contre 60 cm). C'est principalement dû aux pales plus courtes et au fait que le corps de l'objet est plus ramassé. Le BeBop n'en est pas moins lourd : à 10 g près les deux appareils pèsent le même poids (380-390 g). La carène d'intérieur apparaît moins massive que sur l'AR-Drone, et pour cause, elle ne fait pas tout le tour du produit mais s'arrête aux côtés. Elle reste tout de même conçue pour protéger l'avant et l'arrière du bolide en cas de chute modérée. En revanche, les petits tampons en caoutchouc sous les pieds du drone ne tiennent pas... On s'en est rendu compte trop tard, ils sont tous les quatre éparpillés dans la nature.
Les matériaux utilisés pour la protection reposent toujours autant sur les dérivés de pétrole, mais ils semblent moins cassants, plus élastiques. Idem pour la structure rigide du drone : le 100 % fibre de carbone cède sa place à un alliage d'ABS (plastique) et de fibre de verre. Voilà qui devrait davantage se déformer en cas de choc, au lieu de fendre. En résumé, pour ce qui est des apparences et de la construction, il y a du nouveau.
Maintenant, l'ancienne et la dernière génération se rejoignent sur le mode opératoire. Parrot s'est basé sur des acquis techniques qu'il a remis au goût du jour. On retrouve donc les mêmes capteurs dans le BeBop : gyroscope, accéléromètre et magnétomètre, chacun sur trois axes, mais aussi baromètre, capteur à ultrasons (pour l'altitude) et caméra à 60 FPS qui filme le sol (pour le calcul de la vitesse de déplacement). Tout cet attirail sert à assurer le vol le plus stable possible, et à alimenter un échange d'informations précises entre le drone et le smartphone, ou la tablette, qui le pilote.
Ce qui a changé sur le plan technique, déjà, c'est que le cerveau s'est largement développé : aux dires de Parrot, l'ordinateur de bord est huit fois plus puissant. Les informations sont partielles, donc la comparaison n'est pas évidente. Toutefois, on sait que le BeBop emploie un processeur Cortex A9 double cœur et un GPU quadruple cœur. D'autres différences notables caractérisent le BeBop : l'intégration native d'un GPS (en option sur l'AR.Drone), l'adoption de Wi-Fi double bande b/g/n/ac avec deux antennes (portée annoncée à 250 m versus 100 m précédemment) ou encore, l'ajout de 8 Go mémoire interne (l'AR.Drone disposait, lui, d'un port USB dans lequel on pouvait greffer une clé USB).
La mise à jour la plus notable concerne la partie vidéo. Parrot se débarrasse de la caméra HD peu grand angulaire (92°) et non stabilisée pour un capteur de 14 mégapixels derrière une imposante lentille fisheye à six éléments (186° et ouverture f:2,2). Au passage, on comprend mieux pourquoi la carène a cette forme : pour échapper au champ de vision de la caméra. Attention, cette dernière est donc exposée. Le BeBop filme en 1080p, toujours à 30 fps, et bénéficie d'une stabilisation numérique sur trois axes. A celle-ci s'ajoute la stabilisation physique du bloc principal, isolé de la structure volante par quatre gros tampons en caoutchouc.
Enfin, signalons que Parrot livre de base des hélices de remplacement mais surtout une deuxième batterie. A l'époque de l'AR.Drone, il fallait opter pour l'édition power pack ou acheter une deuxième batterie à part. Une attention bienvenue, puisque l'autonomie demeure encore malheureusement un point faible de ces drones. Parrot annonce 22 minutes de vol avec les deux batteries incluses (1200 mAh), soit 11 minutes par batterie.
Application et fonctionnement[/anchor]
Précisons d'abord que Parrot ne nous a pas fourni le Skycontroller. Cet imposant, mais néanmoins intéressant, dispositif de pilotage auquel se greffe le smartphone ou la tablette, ajoute deux manettes comme sur les radiocommandes de modélisme. En dehors du confort de pilotage très probable, le Skycontroller fait également passer la portée du signal de 250 m à 2 km grâce à la puissante antenne Wi-Fi qui le surmonte. Nous devrons nous contenter d'un pilotage conventionnel au smartphone, qui restera le cas de figure le plus courant au vu du prix du Skycontroller (Le BeBop coûte 899 € avec le Skycontroller, 499 € sans... Nous vous laissons faire la soustraction).
Le Skycontroller doit vraiment améliorer l'expérience de pilotage. Dommage que Parrot le vende aussi cher !
Ensuite, avant de faire décoller notre BeBop de test, il nous faut au préalable télécharger l'application FreeFlight 3.0 (Android et iOS, prochainement Windows Phone 8 dit Parrot sans plus de précisions), différente d'AR.Freeflight. Enfin, différente et proche à la fois. L'interface a été repensée, bénéficiant de modifications intéressantes, mais dans l'ensemble l'ergonomie de pilotage est similaire. Et cela est lié au fait que le pilotage via des joysticks virtuels qu'on « actionne » de manière tactile, avec les doigts à plat sur l'écran, sans la moindre sensation, est tout sauf précis.
La connexion avec le Nexus 5 sous Lollipop (5.0.1) est toujours aussi capricieuse, aussi nous décidons d'utiliser un iPad Air. Là, pas de problème, si ce n'est qu'un iPad c'est gros, et donc pas très confortable pour un pilotage à vue (mais plus pratique en FPV, First Person Viewer).
L'application affiche en surimpression les deux contrôleurs virtuels, un indicateur d'assiette, plusieurs informations de vol (vitesse, altitude, éloignement depuis le point de départ, niveau de batterie, de signal Wi-Fi et de GPS) ainsi que d'autres commandes (photo, vidéo, flip, carte, calibration, réglages ou encore décollage et urgence). C'est plus complet et mieux achalandé que dans l'application AR.FreeFlight. Trois points forts à signaler : l'accès direct au choix des flips depuis l'écran principal (avant, il fallait passer par les options pour en changer), la possibilité de déplacer sa caméra quand on est en mode expert (nous reviendrons sur ce point) et la fonction retour à la maison. Cette dernière fonction s'appuie sur le GPS : quand on l'exécute, le drone monte automatiquement à 10 m (s'il volait plus bas) et rentre en ligne droite jusqu'à son point de décollage (localisé grâce au GPS), où il se cale en vol stationnaire à deux mètres.
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Le drone en vol[/anchor]Place aux choses sérieuses : nous appuyons sur le bouton marche du drone. Là, première surprise : on entend une ventilation interne. Et deuxième surprise au décollage : le BeBop est vraiment très bruyant. Ses pales plus petites tournent plus vite et produisent une nuisance qui tire dans l'aigu. Une sorte de mouche vers un AR.Drone qui s'apparenterait à un bourdon. En extérieur, ça passe mais en intérieur c'est insupportable !
Attention ça chauffe, et donc ça ventile fort !
Pour ce qui est du vol à proprement parler, on retrouve les mêmes sensations qu'avec l'AR.Drone : d'un côté, on est rassuré par l'hyper-stabilité que Parrot arrive à donner à son appareil, notamment quand il y a du vent, mais d'un autre côté, on constate encore parfois des réactions brusques, comme si les automatismes s'emballaient. Cette dose « d'imprévisible » nous a toutefois semblé plus faible qu'avec l'AR.Drone, en partie parce que la connexion sans fil du BeBop est bien plus solide et fiable.
Avec l'iPad Air, nous avons dépassé les 100 m de portée : impossible pour nous de tenter les 250 m théoriques sans prise de risque, mais nous pouvons déjà admettre qu'il y a clairement du mieux. Avec les véritables joysticks du Skycontroller, on doit se sentir davantage serein pour piloter sur des longues distances (avec un œil en permanence sur le niveau de la batterie).
Côté pilotage, le BeBop est très proche de l'AR.Drone : 2,5 m/s de vitesse verticale (versus 2 m/s sur l'AR.Drone), 200°/s en rotation (versus 350°/s), altitude de 150 m (versus 100 m) et angles d'inclinaison de 30° dans les deux cas. Il est toujours bien important de préciser à l'application si on pilote avec la carène ou non, pour que le drone se comporte en conséquence. Par défaut, le BeBop nous est apparu un peu plus posé : ce comportement moins sanguin favorise la prise de vue.
Comment filme le BeBop ?[/anchor]
C'est là que Parrot signe son coup de maître, du moins par rapport à l'AR.Drone. Outre le gain de définition évident apporté par le Full HD, c'est la stabilisation qui fait toute la différence. Parce que la qualité même du rendu en 1920 x 1080 pixels pourrait être plus léchée, en dépit d'un profil d'encodage bien chargé (H.264 à 30 Mbps et 30 im/s). Cette stabilisation en revanche est tout simplement phénoménale : même quand le BeBop se fait un peu chahuter par le vent, la capture fait preuve d'un calme olympien.
Il nous faut ici faire un aparté sur le mode opératoire de la caméra du BeBop. C'est indispensable pour bien comprendre comment fonctionne « l'orientation de la caméra » mais aussi la stabilisation. Parrot applique en permanence un recadrage à 120° horizontal et 50° vertical sur le champ total couvert par l'objectif fisheye de 186° circulaire. Comme le capteur est sur-pixélisé, il n'est pas nécessaire d'interpoler (c'est-à-dire de recréer artificiellement la définition) d'après Parrot, le flux recadré est toujours en 1080p. Oui le flux est bien toujours en 1080p, mais nous gardons quelques doutes sur la question de l'interpolation, compte tenu des artefacts que l'on voit alors apparaître.
La caméra étant physiquement inclinée de 20° vers le sol, ce système couvre un champ de vision vertical de 113° en bas et 73° en haut, par rapport à l'horizon. On peut donc voir sous le drone, le débattement de la caméra s'opère sur environ 136° (68° de part et d'autre de la position centrale). Latéralement, le débattement est moins important : avec 120° de cadre sur 186° embrassés au total, le champ ne peut se décaler que de 66° de bord à bord (ou 33° de part et d'autre de la position centrale).
Schéma illustrant ce principe avec le champ de vision vertical. Le cône jaune peut se balader partout dans la zone bleue.
Parrot va assez loin dans son concept en utilisant ce recadrage numérique en permanence, de manière dynamique. Le drone analyse toutes les informations de mouvements que ses capteurs mesurent pour ajuster son recadrage en temps réel, et stabiliser voire assurer un suivi du cadre. Ceci explique les très bons résultats observés par temps venteux, mais également ce qui suit.
Les phases d'accélération ou de recul, qui donnaient un effet « cheval à bascule » sur les vidéos de l'AR.Drone n'ont ici que très peu d'impact sur la stabilité du cadrage. Mieux encore : les flips sont compensés ! Avec les tonneaux, c'en est presque troublant puisque « la centrale inertielle » analyse et retourne l'image en temps réel. Autrement dit, l'image reste droite, à peine décèle-t-on un petit tremblement. Sur les flips avant et arrière, l'unité centrale produit un rapide fondu noir en excluant la capture du ciel, du sol et de l'arrière. C'est impressionnant, mais presque un peu dommage de ne pas pouvoir activer la capture naturelle du flip. Les estomacs diront merci à Parrot.
Maintenant, le fait de pouvoir orienter la caméra en plein vol est également génial. Certes, d'autres drones plus perfectionnés le proposent , avec une vraie motorisation de la caméra au lieu du traitement numérique employé ici. Il n'empêche, la fonction est un plus incontestable. Nous avons toutefois deux bémols à signaler : d'abord, il faut impérativement être en mode expert pour disposer du contrôleur virtuel de caméra, mode qui n'est malheureusement pas le plus pratique pour piloter, ensuite, on observe une vilaine dégradation de l'image, notamment quand on se rapproche des bords. Visuellement, cela se manifeste par un aliasing important et une grosse perte de piqué. C'est logique, le recadrage se déplace à la fois sur le bord du capteur mais surtout sur celui de l'optique, qui est, rappelons-le, un fisheye.
Vue la dégradation des détails quand on se place sur les extrêmes bords, nous nous demandons s'il n'y aurait pas tout de même un peu d'interpolation, quoi qu'en dise Parrot.
Terminons en précisant que Parrot a également développé son mode photo : on peut choisir la qualité d'enregistrement (Jpeg ou DNG) et activer un mode timelapse.
Exemple d'une photo capturée par le BeBop
Conclusion[/anchor]
Parrot a accumulé de l'expérience au fil des années, cette réalisation qu'est le BeBop en atteste. Si l'expérience de vol n'a pas vraiment évolué, du moins sans le Skycontroller optionnel, la capture vidéo, elle, a opéré un bond de géant. La stabilisation numérique est tout simplement ahurissante d'efficacité, le concept de recadrage numérique, à la fois manuel et dynamique, s'avère éminemment intelligent. Les vidéos Full HD qui ressortent de ce BeBop sont impressionnantes de stabilité, peut-être un peu moins de beauté. Oui, le recours à un objectif fisheye a ses revers, notamment la faible homogénéité du piqué et des défauts fréquents d'optique (comme les aberrations chromatiques). Quand on oriente la caméra vers les bords, la qualité se dégrade, inévitablement. Et ce choix technique a une autre conséquence : Parrot est contraint d'exposer sa lentille et de limiter la protection de la carène pour ne pas rentrer dans le champ de vision du drone. Voilà, il faut le savoir et faire attention. A pondérer pour et contre, c'est de loin l'enthousiasme qui domine.
Pour le reste, à part le côté capricieux de la communication avec notre terminal Android, les pieds en caoutchouc qui se sont volatilisés en moins de deux ou l'autonomie toujours un peu faible (deux batteries ne sont pas de trop), nous n'avons rien de grave à reprocher au BeBop. Sa principale lacune c'est finalement l'absence d'une version peut-être plus entrée de gamme du Skycontroller qu'on aimerait voir fournie par défaut avec le drone. Parce que le pilotage sur écran tactile est tout sauf idéal.
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