Ici la centrale Nucléaire de Cattenom en Moselle, pour illustration © Thomas Millot / Unsplash
Ici la centrale Nucléaire de Cattenom en Moselle, pour illustration © Thomas Millot / Unsplash

L’Autorité de sûreté nucléaire rend aujourd'hui publique une mise en demeure d'EDF sur le cas de la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord. L'ASN estime notamment qu'EDF ne se conforme pas suffisamment aux mesures de protection requises contre les risques extérieurs d'explosions… Des risques qui pourraient pourtant impacter le bon fonctionnement de cinq des six réacteurs de la première centrale nucléaire d'Europe.

Éviter tout risque de « surchauffe » en cas d'accident au terminal gazier de Dunkerque, implanté à proximité de la centrale de Gravelines. C'est l'objectif de l'ASN, l'organisme français chargé de contrôler les sites nucléaires localisés dans l'Hexagone. La crainte de l'Autorité de sûreté nucléaire est qu'une explosion sur le terminal gazier de Dunkerque ne diminue les capacités de refroidissement de la centrale, qui ne parviendrait alors plus efficacement à contrôler la température du combustible nucléaire au sein de ses réacteurs. La mise en demeure adressée à EDF intervient alors qu'en février, l'exploitant informait l'ASN d'un problème de tambours filtrants sur les sources de refroidissement des six réacteurs de la centrale de Gravelines.

Une mise en demeure pour encourager EDF à respecter ses engagements

En 2015, l'ASN avait déjà enjoint EDF à réaliser des travaux visant à renforcer la sécurité en cas d'explosion extérieure au site de Gravelines. Des aménagements qui ont depuis été mis en œuvre, mais seulement sur le réacteur 5 de la centrale. EDF s'est néanmoins engagée à réaliser ces mêmes travaux sur les autres réacteurs d'ici le 31 octobre prochain. La mise en demeure émise par l'ASN cette semaine vise donc aussi à encourager EDF à tenir ses engagements en la matière.

Auprès de l'Agence France Presse (AFP), l'entreprise assure de son côté être « en mesure de respecter les différents points soulevés par l’ASN dans les délais prescrits par la mise en demeure ».

« Cette situation ne remet pas en cause la capacité à mettre à l’arrêt, à refroidir et à maintenir les réacteurs dans un état sûr, en cas d’explosion externe », explique par ailleurs EDF dans son communiqué.

EDF assure pouvoir intervenir rapidement en cas d'urgence… L'ASN demande à voir

Il existe toutefois une autre ombre au tableau, évoquée par l'ASN. Dans son dernier rapport annuel, l’Autorité de sûreté nucléaire pointait notamment que la centrale de Gravelines était « en retrait » par rapport au bilan 2018 « sur un ou plusieurs sujets liés à la sûreté », explique Le Monde. Le quotidien relève aussi la « dégradation des résultats en matière de fiabilisation des pratiques », alors soulignée par l'ASN. 

« L’exploitant doit également rester vigilant sur la disponibilité des systèmes attachés à la fonction de refroidissement », expliquait enfin l'organisme dans son rapport.

EDF a pour sa part récemment indiqué être en mesure de faire appel à la Force d’action rapide nucléaire (FARN) en cas d'accident extérieur pouvant impacter la centrale de Gravelines. Ce dispositif d'intervention aurait, d'après le groupe, les moyens de rétablir le refroidissement en 24 heures. Une assertion remise en cause par l'ASN, qui indique ne pas avoir eu démonstration de cette capacité d'action rapide de la part de EDF.

Source : Le Monde