La centrale nucléaire de Palisades, situé sur la rive du Lac Michigan © Holtec International
La centrale nucléaire de Palisades, situé sur la rive du Lac Michigan © Holtec International

Le nucléaire fait son grand retour aux États-Unis : une centrale fermée va rouvrir très rapidement grâce à un prêt colossal du gouvernement. Un pari audacieux qui relance le débat sur l'avenir de cette source d'énergie.

Alors que la France s'apprête à démanteler sa célèbre centrale de Fessenheim dès 2026, les États-Unis prennent le contre-pied en ressuscitant une de leurs installations nucléaires. Le Département de l'Énergie (DOE) vient d'annoncer un prêt de 1,52 milliard de dollars pour relancer la centrale de Palisades, dans le Michigan, alors qu'elle est fermée depuis peu. Un choix qui ne manquera pas de faire réagir, tant le nucléaire divise, même outre-Atlantique.

Le grand retour du nucléaire made in USA

Ce projet marque une première aux États-Unis : jamais une centrale nucléaire n'avait été remise en service après sa fermeture. Palisades, qui avait cessé son activité en 2022, devrait bien reprendre du service dès fin 2025. Une renaissance express qui contraste avec le long processus de démantèlement de Fessenheim, prévu pour durer 15 ans.

L'entreprise Holtec, nouveau propriétaire du site, prévoit de produire suffisamment d'électricité pour alimenter environ 800 000 foyers. Un coup de boost énergétique qui s'accompagne de la création de 600 emplois qui devraient être syndiqués. De quoi séduire les autorités locales, toujours friandes de bonnes nouvelles économiques.

Mais cette décision ne fait évidemment pas l'unanimité. Certaines associations environnementales locales pointent du doigt les risques liés à l'exploitation d'une centrale vieille de 50 ans. Un débat qui n'est pas sans rappeler, encore une fois, celui qui a entouré la fermeture de Fessenheim en France, arrêtée depuis juin 2020.

Un pari à plus d'un titre

Ce choix du département américain de l'Énergie s'inscrit dans la stratégie climatique de l'administration Biden-Harris. Le nucléaire, première source d'énergie décarbonée aux États-Unis, est vu comme un allié de poids dans la lutte contre le réchauffement climatique. Un argument qui pèse lourd face aux énergies renouvelables, encore trop intermittentes.

L'enjeu est aussi géopolitique. Avec la montée en puissance de la Chine dans le secteur, Palisades pourrait servir de vitrine pour de futurs projets de réacteurs miniatures, une technologie sur laquelle misent beaucoup les Américains.

Mais il ne faut pas oublier que le nucléaire pâtit toujours de son image de technologie risquée et coûteuse. Les dépassements budgétaires et les retards de chantier sont légion dans le secteur. Sans parler de l'épineuse question des déchets, un casse-tête qui n'a toujours pas trouvé de solution définitive. Pour convaincre, le DOE affirme que la centrale profitera à une « communauté défavorisée » payant des factures d'électricité plus élevées que 97% du pays. Une justification qui fait écho aux débats sur la justice environnementale, de plus en plus présents dans les politiques énergétiques.

Source : Energy.gov