Les procédures pour coordonner les observatoires sont bien en place.
Non, ce n'est pas Don't Look Up
Le 10 novembre dernier, un astéroïde alors inconnu passait à son point le plus proche du Soleil. Puis il s'est rapproché de la Terre, en restant à une large distance de 10 millions de kilomètres… mais comme il était « côté Soleil », les télescopes dédiés aux observations et découvertes des astéroïdes ne l'ont capté que le 6 janvier. N'étant dans aucun catalogue, il a été immédiatement classé « 2022/AE1 ».
Reste que celui-ci était un peu particulier : les calculs préliminaires indiquaient qu'il risquait de percuter la Terre le 4 juillet 2023. Verra-t-on l'impact d'un astéroïde d'environ 70 mètres de diamètre pour l'Independance Day américain ? Après trois jours d'observation, la probabilité restait faible, de l'ordre d'environ 1/2 900. Mais les observations des jours suivants ont renforcé cette probabilité à 1/1 500.
Une fois de temps en temps…
« J'étais surpris au départ lorsque j'ai appris qu'un astéroïde était noté 1,5 sur l'échelle de Palerme, c'est très rare ! Mais nous recevons des notifications (d'un niveau plus faible) toute l'année, donc je n'étais pas inquiet », explique Luca Conversi, responsable du NEOCC (Near Earh Objects Coordination Center) de l'agence européenne.
Ce type de découverte mène à l'activation de nombreux observatoires autour du monde, afin de réduire les incertitudes de trajectoire et d'affiner les probabilités. Au fur et à mesure que l'astéroïde se déplace dans le ciel, son parcours actuel et futur peut être déterminé avec de plus en plus de confiance. Il est normal que dans les premiers jours, certaines mesures soient contraires aux observations suivantes. Cela dépend des télescopes, des mesures de distance et vitesse estimée, de la taille de l'astéroïde…
Pas question de travailler seul avec un feutre autour d'un tableau blanc (Don't Look Up n'est pas une référence universelle), mais d'utiliser un réseau de télescopes ! « Cela rend ce travail de détective bien plus facile, nous pouvons y accéder en temps réel sur chaque continent. C'est même une capacité unique de l'ESA : il y a toujours un observatoire qui est bien orienté côté nuit, pour pouvoir faire des mesures de suivi ». Sauf cette fois… Et oui, c'est la tuile astronomique : la trajectoire de l'astéroïde l'a amené plusieurs jours (une grosse semaine) à être caché derrière la Lune.
Poussez la Lune s'il vous plaît
La raison pour laquelle vous n'avez jamais entendu parler de 2022/AE1 avant aujourd'hui est très simple. Les premiers relevés présentaient une marge d'incertitude trop élevée pour réellement inquiéter. Et dès que la Lune a dévoilé l'astéroïde, de nouvelles mesures de trajectoire ont pu confirmer qu'en réalité il n'y aurait aucune probabilité d'impact (1/100 000). Aucun risque donc de ce côté-là. Les télescopes européens et du monde sont déjà passés à d'autres observations et trajectoires, comme ils le font toute l'année. Mais c'est toujours une bonne chose que de se souvenir comment tout cela fonctionne !
La deuxième raison pour laquelle vous n'avez pas entendu parler de 2022/AE1 est aussi très simple : l'ESA a publié son communiqué sur cette découverte le 24 février… Et tout le monde regardait ailleurs.
Source : ESA