Grâce à sa longévité, les équipes scientifiques ont pu capturer le processus de la formation de AB Aurigae B, une exoplanète géante qui « naît » sous nos yeux. Mais surprise, cette dernière ne suit pas le processus classique, et serait le produit d'une instabilité du disque protoplanétaire. Une nouveauté !
Les mesures se poursuivent aussi depuis le sol.
Système solaire de d'jeuns
Notre Système Solaire n'en est plus à ses premières orbites, du haut de ses 4,6 milliards d'années. Mais lorsqu'il était jeune, tout était bien plus chaotique. Quelques millions d'années après la formation de son étoile, de premières protoplanètes se forment au sein des disques de matière qui environnent l'astre en fusion…
Un processus fascinant que le télescope Hubble observe depuis le début de sa carrière au sein de plusieurs systèmes de notre coin de la galaxie. Et avec AB Aurigae, l'observatoire orbital est servi. Il l'observe depuis 13 ans ! Cette étoile située à environ 530 années lumières n'est âgée que de 2 à 3 millions d'années, et le disque de matière qui l'entoure, conséquent, commence à peine à refroidir. Une opportunité en or pour l'observation, d'autant qu'il nous fait « face » dans son intégralité.
Disque rayé
En 13 ans, les équipes ont eu le temps de constater qu'à une très grande distance de l'étoile, une exoplanète pouvait se former autrement que dans le schéma classique dit de l'accrétion, où de la matière agglomérée attire de plus en plus d'autres blocs de matière jusqu'à former un embryon solide. C'est ainsi que s'est formée Jupiter, par exemple.
Mais ce qu'a observé Hubble (et qui a été confirmé indépendamment par un grand nombre d'observations terrestres, en particulier de l'observatoire japonais Subaru) est un phénomène qui jusque là n'avait pas été relevé. Très loin de son étoile, à environ 13,5 milliards de kilomètres, le disque de matière qui l'entoure se serait effondré sur lui-même, ce qui a formé une zone, une « poche » au sein de laquelle est en train de naître une planète géante, neuf fois plus massive que Jupiter. Les scientifiques estiment que c'est à cause de cette énorme distance par rapport à son astre : le disque se serait refroidi plus rapidement que les zones plus proches, précipitant sa fin. Est-ce bien une planète ? C'est justement en l'observant évoluer sur la durée que l'équipe a pu répondre de façon positive.
Prévisions sur le long terme
Deux autres exoplanètes candidates plus petites et pour l'instant non confirmées seraient en formation autour de la même étoile, encore 4 à 6 fois plus loin d'AB Aurigae… On en saura sans doute plus dans les années ou décennies à venir ! En effet, vu les distances en jeu, il faut du temps pour bien constater ce que voient les télescopes, tout comme il en faut pour former définitivement une planète.
En 13 ans, les scientifiques ont vu l'étoile évoluer et ont pu étudier son orbite. Mais c'est aussi un avantage car les grandes unités terrestres équipées de coronographes peuvent masquer la lueur de l'étoile et capter le fameux disque de matière en évolution. Les équipes soulignent, dans leur article scientifique publié dans Nature, la chance que représente Hubble pour ce type de mesures à des intervalles réguliers, et des instruments qui ne changent pas durant des décennies. Jusqu'à ce que les prochains prennent le relais ?
Source : Hubblesite