© Metropolitan Film Export
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Après une première saga de sept films conclue en 2017, Resident Evil revient au cinéma avec un reboot annoncé comme étant plus respectueux de l'œuvre vidéoludique de Capcom. Quel est le résultat à l'arrivée ? Pour répondre, nous l'avons découvert en avant-première…

Accompagnez la lecture de cet article avec la musique du film :

Old Town Road

En 1998, la ville de Raccoon City dépérit après le départ de la société pharmaceutique Umbrella Corporation. De nombreux habitants semblent rongés par une mystérieuse maladie qui aurait à voir avec les activités de l'entreprise. Un soir, une sirène retentit dans la bourgade et annonce une nuit d'horreur que devront traverser un petit groupe de survivants. Ils n'ont que quelques heures pour mettre à jour les terribles secrets d'Umbrella et prendre la fuite…

Resident Evil nous accompagne au cinéma depuis 2002 et la première adaptation réalisée par Paul W.S Anderson. Ont suivi six autres suites, toutes plus mauvaises les unes que les autres, qui ont convaincu les détenteurs des droits d'adaptation de la licence de revenir à l'essence même du jeu vidéo.

C'est donc armé des meilleures intentions que s'est présenté Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City, d'abord à travers une étrange bande-annonce où les attaques de zombies étaient montées, sans trop qu'on sache pourquoi, sur le tube rock What's Up des 4 Non Blondes.

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Pas franchement rassurés par ces premières images, nous nous sommes quand même installés dans une salle de cinéma pour découvrir le résultat final. Et nos craintes n'ont pas seulement été confirmées mais bien amplifiées…

Zombie, fais moi peur

Le film débute par une séquence de flashback dans l'orphelinat de Raccoon City, où vivent les petits Chris et Claire Redfield. Cette dernière va faire la rencontre d'un mystérieux personnage à l'apparence monstrueuse et cette séquence sera l'occasion pour Johannes Roberts, le responsable du bousin, de montrer l'étendue de son incapacité à faire naitre la terreur chez son spectateur.

La photographie bleutée, qui couvre presque tout le film, est d'une laideur sans nom et le metteur en scène semble ne jamais savoir où placer sa caméra ni où couper son plan, insistant alors sur de très longs zooms mal cadrés, directement pompés des pires films d'horreur des années 70. On s'ennuie donc très rapidement, et ce, jusqu'à la révélation lourdement appuyée par des effets sonores tonitruants, visant à nous faire sursauter sur notre siège. Raté, mais ce n'est rien à côté de ce qui va suivre…

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Pour faire plaisir aux fans de la saga, Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City s'évertue à adapter le premier et le deuxième épisode de la série de jeux vidéo. On retrouve donc d'un côté Chris Redfield, Jill Valentine et Albert Wesker, chargés de se rendre au manoir Spencer pour enquêter sur les agissements d'Umbrella Corporation, tandis que Leon S. Kennedy et Claire Redfield sont, eux, coincés au commissariat de Raccoon City, entouré de zombies amateurs de chair fraiche.

Ces événements surviennent évidemment sur une seule nuit et les séquences sont entrecoupés de panneaux affichant l'heure locale de la bourgade américaine, histoire de nous rappeler à intervalles réguliers que le temps est long, très long…

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On reconnait que les personnages ressemblent plutôt pas mal à leurs équivalents vidéoludiques, mis à part Leon, rookie inexpérimenté qui devient ici un parfait abruti, à côté de ses pompes et semblant toujours en retard sur les événements.

Les dialogues, eux, sont risibles. Nos héros se contentent en effet de quelques lignes, ayant pour seul but d'expliciter un scénario pas bien difficile à appréhender, ou de présenter leur C.V aux spectateurs peu familiers de l'univers créé par Capcom dans des scènes d'exposition embarrassantes de « je m'en foutisme ». Aussi, il est tout simplement impossible de s'attacher à eux et ils pourraient mourir dans la minute que cela ne ferait ni chaud ni froid.

Tchernobyl artistique

Resident Evil n'est pas connue pour la qualité de son scénario qui verse sans complexe dans la série Z, et nous ne sommes d'ailleurs pas venus pour ça, mais bien pour voir des nuées de zombies et des monstres baveux. Or, là encore, hélas, Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City se plante dans les grandes largeurs.

Doté d'un budget, pourtant confortable, de 40 millions de dollars, le film se permet de présenter des infectés comptant parmi les plus mal foutus qu'il nous aura été donné de voir cette année. Mention spéciale à ces pauvres figurants à peine maquillés devant le commissariat, qui font passer les zombies du Parc Astérix (avec tout notre respect) pour des comédiens shakespeariens.

« Resident Evil : Bienvenue à raccoon city est un machin ennuyeux et cynique rempli jusqu'à la gueule de clins d'oeil goguenards aux gamers »

Sans trop de surprise donc, les créatures et effets numériques font tout aussi peine à voir. L'apparition d'un Licker parvient à faire illusion quelques instants en plan fixe, mais une fois en mouvement, le résultat est aussi catastrophique que trop court. On ne profite jamais du bestiaire, expédié en quelques secondes et autant de coups de fusil à pompe avant de passer mécaniquement à la séquence suivante.

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Seule une scène, dans le manoir, alors que Chris Redfield doit affronter plusieurs zombies à la seule lueur de son briquet et des coups de feu de son arme de poing, a réussi à réveiller notre intérêt. Le réalisateur s'inspire cette fois directement de la nanardesque séquence d'introduction, filmée en live action, du premier Resident Evil et supprimée avant la sortie du jeu (mais toujours trouvable sur YouTube)… Et c'est au final la seule idée de mise en scène déployée durant 1 heure 47 de film, on ne va donc pas faire la fine bouche.

Pour une poignée de dollars

À la découverte du premier Resident Evil il y a bientôt 20 ans, les fans de la saga ont levé les yeux aux ciel devant les cabrioles d'une Milla Jovovitch perfusée à la Juvamine. N'empêche, ce délire turbo-zinzin avait au moins le mérite d'être fun, voire idéal pour une soirée entre amis amateurs de films déviants mais généreux, autour d'un bol de chips.

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City est l'antithèse de la première proposition. Ce n'est pas un film, mais un machin ennuyeux et cynique, rempli jusqu'à la gueule de clins d'œil goguenards aux gamers, censés masquer le vide artistique du projet le temps que ses producteurs les délestent de quelques euros.

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Fidèle à l'œuvre de Capcom, ce reboot ne l'est qu'à la marge. Il ne parvient jamais à retranscrire l'essentiel, à savoir la peur du joueur, isolé dans un environnement hostile et angoissant où la menace peut surgir à tout moment. Mais Claire a une veste de la même couleur que dans le jeu, c'est important, non ?…

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City vient donc rejoindre Max Payne, Doom ou encore Hitman dans l'immense cimetière des adaptations ratées d'un jeu vidéo, pensées comme des bidons de lessive plutôt que construites comme des œuvres à part entière. À Uncharted, désormais, de nous proposer le contraire en février 2022 !

Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City est dans les salles depuis le 24 novembre 2021

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