À l'image de l'Aston Martin DB5 utilisée par Daniel Craig à Matera sur le tournage du dernier James Bond, "No Time to Die", le cinéma a subi de gros impacts en raison de la crise (© wjarek / Shutterstock.com)
À l'image de l'Aston Martin DB5 utilisée par Daniel Craig à Matera sur le tournage du dernier James Bond, "No Time to Die", le cinéma a subi de gros impacts en raison de la crise (© wjarek / Shutterstock.com)

La crise de la COVID-19 a mis à mal l'industrie du cinéma. Mais même après la réouverture des salles obscures, le modèle économique demeure incertain, au moins à court terme. Le dernier James Bond, plus gros succès au box-office mondial hors films chinois, ne serait toujours pas rentable.

Le septième art est en souffrance, et la réouverture des salles de cinéma un peu partout dans le monde ces derniers mois ne vient que partiellement masquer ce qui constitue une crise profonde de l'industrie, car la COVID-19 est toujours présente. Des experts du grand écran s'accordent aujourd'hui à dire que le cinéma va continuer à perdre de l'argent, et cela concerne même les blockbusters à succès, comme le dernier James Bond, Mourir peut attendre.

Le plus gros succès hollywoodien de l'année pourrait ne pas être rentable

Ces derniers jours, le vingt-cinquième James Bond, Mourir peut attendre, No Time to Die dans sa version originale, a dépassé les 730 millions de dollars de recettes issues de la billetterie, alors que le film est sorti au début de l'automne. Si l'on met de côté les films chinois Hi, Mom et The Battle at Lake Changjin, qui ont chacun dépassé la barre des 800 millions de dollars de recettes, Mourir peut attendre est le film hollywoodien qui a généré le plus gros chiffre d'affaires en 2021, assez loin devant le neuvième opus de la saga Fast & Furious (environ 720 millions de dollars).

Alors que les cinémas n'ont repris leur activité qu'il y a quelques mois à peine, et souvent avec certaines conditions d'accueil spéciales, ces chiffres, pas si éloignés que ça du milliard de dollars de recettes, inquiètent pourtant les experts, et sans doute l'industrie du cinéma dans son ensemble.

Mourir peut attendre, admirablement bien porté par Daniel Craig, pourrait malgré son succès être un film à perte. Car, outre les 250 millions de dollars de budget et les 100 millions de dollars initialement attribués à la promotion du long-métrage, les experts ajoutent des dizaines de millions de dollars de frais supplémentaires en investissement dans le film, liés à une pandémie qui a entraîné un report de seize mois du film. Au total, No Time to Die devrait en théorie amasser près de 900 millions de dollars de recettes, selon Variety, pour atteindre son seuil de rentabilité. Le film étant entré dans la dernière partie de son exploitation, ce seuil risque d'être difficilement franchissable. D'autres sources évoqueraient des pertes qui ne se compteraient « qu'en » dizaines de millions de dollars, une information que les studios MGM, qui furent à la production du film, contestent avec fermeté.

Des pertes colossales pour les films à gros budget

MGM maintient que le dernier James Bond générera des bénéfices, à la fois pour sa sortie en salles et à terme également, dans son catalogue. Mais, au-delà de la bataille des chiffres, c'est l'avenir du cinéma qui pose question en ces temps pandémiques. En effet, Mourir peut attendre n'est évidemment pas le seul film à ne pas avoir encore atteint potentiellement son seuil de rentabilité. De nombreux autres films très attendus, comme le Marvel Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, vont finir l'année dans le rouge, avec des pertes qui se compteront en dizaines de millions de dollars.

Le Dernier duel, long-métrage de Ridley Scott au casting XXL (Matt Damon, Ben Affleck, Adam Driver, Jodie Comer), est le symbole de ces difficultés, avec des recettes de 27 millions de dollars pour un film qui aura coûté plus de 100 millions de dollars. Et l'essor des plateformes de streaming vidéo, qui bénéficient de contenus exclusifs aux salles obscures, n'aide évidemment pas en cette période.

Pour l'instant, les seuls films rentables sont plutôt ceux à petit budget qui auront profité d'un buzz ou d'une actualité favorable pour attirer les foules. Mais l'industrie du cinéma ne peut pas se contenter de « coups » alors qu'elle vient de traverser une crise majeure dans son histoire.

Source : Variety