Panasonic a mis cette semaine en vente dans l'archipel ses premières TV 3D à technologie plasma, tandis que Sony, Sharp ou encore Toshiba s'apprêtent à proposer des téléviseurs à cristaux liquides (LCD) à affichage en relief dans leur pays, où sont surtout proposés des appareils de marque nippone. Toshiba a même décidé d'avancer à cet été la date de lancement de ses premiers modèles, auparavant annoncés pour l'automne. Les lecteurs de disque optique Blu-Ray adaptés à la 3D font également leur apparition, notamment chez Panasonic, groupe qui, à l'instar de son compatriote Sony, se prévaut de pouvoir fournir la chaîne complète des équipements 3D, de la production au visionnage.
Qu'en pense le grand public? Selon une large enquête du groupe financier Mizuho, les Japonais se disent plutôt intéressés par la télévision en trois dimensions (3D), mais ils émettent comme conditions une offre riche de programmes et une différence de prix relativement faible par rapport aux téléviseurs traditionnels
"On dit que l'an 2010 est l'année inaugurale de la TV en 3D. Le fait est que les fabricants japonais commencent à proposer leurs appareils", relève en préambule l'institut de recherche de la banque Mizuho. Selon son étude menée auprès de mille Japonais de plus de 20 ans, 43% se disent prêts à étudier l'achat d'un téléviseur 3D, mais principalement à l'occasion d'un besoin de renouvellement, motivé par diverses raisons. Seulement 0,7% sont décidés à acheter dès la mise en vente du modèle voulu, et 5% sont prêts à ne pas attendre le moment normal du remplacement de leur téléviseur pour éventuellement s'offrir un modèle 3D, si divers autres critères sont remplis.
La bonne disposition des Nippons vis-à-vis des TV 3D dépend toutefois des offres le moment venu. La baisse des prix et l'enrichissement du catalogue de programmes sont les principaux éléments auxquels sont sensibles les potentiels acheteurs. Selon l'étude, ils sont en majorité prêts à admettre une différence de prix de l'ordre de 10% maximum entre un modèle normal et son équivalent 3D. Quant aux 57% qui n'envisagent pas l'achat d'une TV 3D, ils se disent soit intéressés par le concept mais pas ou point de s'équiper, soit pas du tout sensibles à l'argument 3D.
Du côté des industriels, la bataille technologique s'amplifie. Sharp est de ceux qui, tout en promettant des appareils dans les toute prochaines semaines, reconnaissent à demi-mot que le port de lunettes est un handicap. Le groupe dispose d'une technologie qui permet de s'en affranchir, mais elle exige que le téléspectateur soit placé à un endroit précis face à l'écran, ce qui est incompatible avec le fait qu'un téléviseur de salon est généralement conçu pour être regardé simultanément par plusieurs personnes placées côte à côte. Ce système est en revanche parfait pour les petits écrans personnels de téléphone portable, tablette de lecture, console de jeu ou ordinateur portable. Sharp promet cependant des TV LCD 3D qui se différencieront de celles des concurrents par diverses autres améliorations techniques.
Pionnier des afficheurs à cristaux liquides (LCD), Sharp a ainsi présenté récemment à Tokyo de nouvelles technologies maison pour ses futurs téléviseurs à images en trois dimensions (3D), type d'appareils qu'il s'apprête d'ailleurs à produire en masse.
Sharp prétend mettre prochainement sur le marché international des TV LCD 3D qui présentent des performances supérieures à celles des concurrents, en termes de luminosité, contraste, netteté et couleurs. "La luminance originelle des dalles d'écran est fortement réduite par les procédés requis pour la perception en relief, tel le port de lunettes spéciales", explique un directeur technique de Sharp, Shigeaki Mizushima. Selon lui, il a fallu développer plusieurs techniques particulières complexes additionnelles pour que le rendu lumineux des images en 3D, vues avec des lunettes actives spéciales, soit équivalent à celui d'images en 2D.
Par ailleurs, Sharp assure avoir mis au point le premier un nouveau dispositif de rétro-éclairage, avec une gestion inédite des diodes électroluminescentes, qui évite l'apparition d'aberrations dues au fait que chaque oeil ne perçoit pas la même chose. Ses futurs téléviseurs 3D se distingueront également des autres par l'emploi de la composante jaune en plus des trois couleurs RVB (rouge, vert, bleu) habituelles. Cette combinaison enrichie permet la restitution de davantage de nuances et contribue à la luminosité de l'image. En plus des modèles 3D, cette technique équipera rapidement 100% des téléviseurs LCD de Sharp, précise un directeur général-adjoint du groupe, Masafumi Matsumoto. Sharp présentera sa nouvelle gamme de téléviseurs 3D dotés de toutes ces technologies maison en mai à Tokyo. Il prévoit de les commercialiser dans la foulée au Japon "pour l'offensive commerciale d'été", avant de proposer des modèles similaires en Europe, aux Etats-Unis et en Chine. "Nous sommes en train d'achever les préparatifs pour la production en masse", affirme M. Mizushima.
La TV 3D fait peut-être rêver certains mais, comme toute technologie nouvelle, elle exige une certaine prudence. Un consortium japonais d'industriels (qui comprend notamment Sharp et Toshiba), et d'autres organisations, a ainsi publié cette semaine un cahier de recommandations pour les téléspectateurs, créateurs et diffuseurs d'images vidéo en trois dimensions (3D), afin de prévenir les incidents dus au visionnage de ce relief artificiel. "Il y a un minimum de principes à connaître" pour regarder des images en 3D en toute sécurité, indique le consortium dans son document.
La TV 3D repose sur la différence de perception d'une même scène par chacun des deux yeux, compte tenu de l'espace qui les sépare. Les TV 3D présentent une image différente à chacun, via un système de filtrage à haute fréquence, opéré par des lunettes spéciales.
Le guide souligne notamment qu'il est indispensable de veiller à respecter la distance recommandée de visionnage (trois fois la hauteur d'écran 16/9e, selon ce guide). Il indique qu'en cas de perte de la sensation de relief, il est nécessaire de cesser de fixer l'écran durant un moment, avant d'y revenir. "Si même dans ce cas, et après avoir vérifié l'absence de problème technique, le relief n'est pas apparent, et si le sujet continue de voir deux images superposées, il faut arrêter de regarder", tranche-t-il. Ce guide insiste sur le fait qu'il est important de ne pas se forcer à mirer l'écran en cas d'apparition d'une sensation de malaise, de fatigue.
"La perception varie grandement entre les personnes, pour plusieurs raisons", souligne le consortium, insistant sur le fait que les parents doivent être informés des risques. "Il est souhaitable que les adultes jugent si oui ou non leur enfant est apte à regarder des images en 3D et, le cas échéant, dans quelle limite de temps". Le consortium demande par ailleurs aux fabricants de prendre diverses précautions pour éviter l'apparition de phénomènes nuisibles pour le téléspectateur, même si ce dernier ne s'en rend pas compte (par exemple si l'image qui doit viser l'oeil droit apparaît dans le gauche à cause de la mauvaise synchronisation des lunettes actives qui obturent un oeil puis l'autre à haute fréquence). Le guide préconise également que figurent des avertissements et conseils dans les modes d'emploi des appareils 3D, et que des explications soient également données dans les salles diffusant des images de ce type.