Le géant japonais de l'électronique Sony a confirmé jeudi 13 mai avoir terminé l'année budgétaire 2009-2010 sur un déficit net moins lourd que prévu, ramené à 312 millions d'euros, du fait d'un retour dans le vert sur le plan de l'exploitation, via des réductions de frais fixes. Des résultats améliorés des filiales de finance et d'assurance, qui ont regagné des billes en Bourse, ont donné un coup de pouce bienvenu.
Au cours des mois d'avril 2009 à mars 2010, Sony a totalisé un chiffre d'affaires de 7.214 milliards de yens (55 milliards d'euros), en diminution de 7% sur un an, notamment à cause de la cherté du yen. Sony est très sensible aux fluctuations des taux de change, car les quatre cinquièmes de ses ventes se font en dehors du Japon. Cela s'est ressenti sur les revenus tirés des produits électroniques (TV, appareils photo, caméras), objets également en proie à une forte concurrence qui tire les prix vers le bas. Toutefois, les tarifs moyens de vente des TV ont moins dévissé que ne le craignait Sony en début d'exercice.
L'activité des produits et composants électroniques est restée déficitaire dans son ensemble, mais dans des proportions bien moindres qu'un an plus tôt.
La division des appareils à connecter en réseau (ordinateurs, consoles de jeu, baladeurs audio-vidéo) est elle aussi demeurée dans le rouge, mais sans aggravation, au contraire, malgré un repli des revenus.
Dans la branche jeux, les solides ventes de PlayStation 3 (PS3) et titres associés n'ont pas suffi à gommer les effets de change ni la baisse des achats de modèles de poche PSP et de la génération antérieure de salon PS2. Sony a vendu 13 millions de PS3 entre avril 2009 et mars 2010, soit près de 3 millions de plus que durant l'année précédente.
Le segment des baladeurs musicaux a enregistré pour sa part de meilleures performances que l'année précédente, grâce à une gamme large et appréciée.
L'activité cinéma a quant à elle affiché un bilan positif, notamment grâce aux ventes de vidéos de Michael Jackson, dont le décès a réactivé l'attrait, un effet visible également pour le segment musique.
Fort de l'embellie globale inattendue, Sony espère mieux encore pour l'année actuelle. Le groupe pense vendre 25 millions de téléviseurs à cristaux liquides (LCD) dans le monde entre avril 2010 et mars 2011, soit près de 10 millions de plus que l'an passé. Il pense aussi écouler un plus grand nombre de platines à disque optique au format Blu-Ray (lecteurs simples et enregistreurs), d'appareils photo numériques compacts et à visée reflex, de PC ou encore de PlayStation 3 (15 millions).
Son éternel rival et compatriote Panasonic a pour sa part essuyé une perte nette annuelle de 103,5 milliards de yens (788 millions d'euros), tout en ayant réussi à dégager des bénéfices doublés sur le plan opérationnel, grâce aux mesures prises pour amoindrir les dépenses et renforcer la compétitivité de l'offre sur les marchés internationaux où sévissent les rivaux sud-coréens.
Panasonic, dont plus de la moitié des ventes sont concentrées au Japon, a cependant affiché un chiffre d'affaires en baisse de 4,5% sur un an, à 7.418 milliards de yens (56,5 milliards d'euros).
Il est certes puissant en son pays, où la concurrence est surtout nippone, mais se sait encore trop faible au niveau international.
Le groupe est ainsi en train de revoir son champ d'activités au profit d'une offre plus en phase avec le transfert de la demande vers les pays émergents. Il veut aussi adapter son catalogue aux besoins nouveaux en matière de consommation d'énergie, de réduction des rejets polluants ou d'adaptation des produits au Japon vieillissant et au monde en réseau.
Sharp, le numéro un des téléphones portables au Japon (25% de part de marché), a de son côté fait état d'un bénéfice net, redevenant rentable grâce aux solides ventes de TV à écran à cristaux liquides (LCD), principalement au Japon. Sharp a encaissé un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 21 milliards d'euros, en léger repli de 3,2% sur un an, après une chute de 16,7% durant l'année précédente. Malgré ce déclin des recettes de ventes, Sharp a réussi à revenir dans le vert sur le plan opérationnel, réalisant des économies plus importantes qu'il ne le pensait.
Durant l'année, le groupe, pionnier des technologies LCD, a profité à plein de la très importante augmentation des ventes de téléviseurs dans l'archipel, grâce aux subventions proposées par les pouvoirs publics, dans le cadre des mesures de relance économique. Ces dispositions visent aussi à favoriser le renouvellement des appareils électroménagers, au profit de modèles récents plus écologiques.
Les revenus tirés des ventes de téléviseurs LCD à l'étranger ont en revanche décliné. Sharp a du mal à imposer sa marque sur les marchés occidentaux où il subit le reflux des prix, dans une bataille qui l'oppose à son compatriote Sony ou aux sud-coréens Samsung Electronics et LG Electronics.
Sharp, qui dope actuellement ses capacités de production de dalles d'écrans LCD, s'apprête, après Sony et Panasonic, à mettre sur le marché des téléviseurs à affichage en trois dimensions (3D), appareils dotés de technologies exclusives prévus dès avant l'été au Japon.
Sharp a vendu quelque 10 millions de téléviseurs LCD dans le monde en durant l'an budgétaire passé, un nombre qu'il espère pulvériser cette année, envisageant un volume de 15 millions d'unités (+50%). Le groupe fournit également d'autres industriels du secteur en dalles d'écrans, dont ses compatriotes Sony et Toshiba. « Nous pensons que la demande de dalles LCD va progresser, particulièrement concernant celles à base de technologies avancées », a expliqué un directeur général adjoint de Sharp, Toshihige Hamano.
Dans sa patrie, où il est très apprécié, Sharp parvient aussi à coupler ses ventes de téléviseurs à des enregistreurs vidéo au format Blu-Ray. Par ailleurs, en raison de la crise, Sharp a accéléré le développement et la production de produits écologiques (systèmes solaires, ampoules à diodes électroluminescentes) ou pour la santé (purificateurs d'air).
« Les ventes de cellules photovoltaïques ont augmenté de 32,9% sur un an », s'est félicité Sharp, reconnaissant l'impact des subventions des pouvoirs publics dans les pays où de telles dispositions ont été mises en oeuvre.
Le touche-à-tout Toshiba, violemment heurté par la crise fin 2008, s'est pour sa part attelé à réévaluer ses priorités et à diminuer ses dépenses fixes, une stratégie qui a porté ses fruits. « Toutes nos activités, à l'exception des plus marginales, ont enregistré une hausse des profits ou bien une amélioration lorsqu'elles sont restées déficitaires », s'est félicité Toshiba. « C'est notamment le cas de celle des semi-conducteurs qui est redevenue rentable grâce à la bonne tenue du marché des mémoires flash (NAND) », a-t-il ajouté. Le groupe, qui a totalisé un chiffre d'affaires de 6.381 milliards de yens (48,5 milliards d'euros) souligne l'importance croissante de la demande en provenance des pays émergents. Pour grossir, il compte à l'avenir sur plusieurs de ses grandes activités, dont en premier lieu celle des mémoires flash et celle des équipements pour centrales nucléaires et réseaux électriques. Toshiba, en train de construire une cinquième usine de puces-mémoires NAND au Japon, dit réfléchir à la prochaine génération. Son objectif est de détenir une capacité de production écrasante face à son principal rival dans ce domaine, le sud-coréen Samsung Electronics.
La division des composants électroniques dans son ensemble est restée dans le rouge à cause de certaines pièces détachées (petits écrans LCD nus notamment), mais dans des proportion minimes et fortement réduites comparées à celles d'un an plus tôt. L'activité des appareils numériques est sortie du rouge, et celle des produits électroménagers est restée légèrement déficitaire, les deux finissant l'année en bien meilleure santé qu'elle ne l'avaient entamée, selon Toshiba.
Comme ses concurrents japonais, Toshiba a bénéficié au Japon des dispositions étatiques favorisant les ventes de téléviseurs. Le chiffre d'affaires de toute l'activité « produits numériques » a cependant reflué, en raison des effets de change sur les ventes réalisées à l'étranger et à cause des performances moroses des PC ou téléphones portables.
Pour les mois à venir, Toshiba espère notamment une augmentation de ses ventes dans le domaine des appareils numériques, en particulier concernant les PC. Il est toujours optimiste pour les mémoires-flash dans lesquelles il investit fortement.
Dans le champ de l'énergie et des infrastructures dites sociales, un des gros piliers de Toshiba, les performances ont été bonnes pour les équipements de centrales nucléaires, compensant des résultats moins enthousiasmants ou étales pour les divisions d'appareillages pour les constructions urbaines, l'équipement des immeubles ou le transport. Concernant l'avenir, Toshiba mise sur des synergies avec sa filiale américaine Westinghouse, pour prendre une part importante des nouvelles centrales nucléaires qui devraient émerger dans le monde.
Le principal gros concurrent de Toshiba au Japon, le groupe Hitachi est resté lui aussi dans le rouge l'an passé, mais dans des proportions bien moindres qu'une année plus tôt, après avoir passé dans ses comptes de colossales charges exceptionnelles liées aux mesures de restructuration prises dans l'urgence fin 2008 et début 2009.
A l'instar de Toshiba, Hitachi a été obligé de revoir ses priorités et de réorganiser ses activités, au détriment de l'électronique pure, pour minimiser l'impact financier à long terme des fluctuations conjoncturelles erratiques. En 2009-2010, l'activité des équipements pour le secteur de l'énergie s'est bien comportée, et de notables améliorations de rentabilité ont été réalisées dans les divisions de l'électronique pour automobiles et des produits numériques pour particuliers, a souligné Hitachi.
Entre avril 2009 et mars dernier, Hitachi a encaissé un chiffre d'affaires de 8.970 milliards de yens (près de 70 milliards d'euros). Il espère le porter à 9.200 milliards de yens cette année.