Live Japon : Moyens et méthodes de la TV publique NHK

Karyn Poupée
Publié le 10 décembre 2011 à 12h31
Parfois soupçonnées d'être à la botte de l'Etat, ou saluées pour la qualité de documentaires ou émissions éducatives, les chaînes de télévision publiques japonaises du groupe NHK sont soumises à un cahier des charges qui contient notamment une mission de service public en cas de catastrophe naturelle, fonction dont on a mesuré l'importance lors des premiers jours suivant la tragédie du 11 mars.

Le groupe NHK promet d'améliorer encore ses moyens au service de la population nippone. Pour autant, tous les citoyens ne sont enclins à payer leur redevance, même si elle sera moins chère l'an prochain. Comme l'illustre pour Clubic le mangaka japonais surnommé Jean-Paul Nishi, la NHK est prête à utiliser des méthodes plus coercitives pour recouvrer son dû...

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« En tant qu'organisme public de radiodiffusion, nous faisons tous les efforts pour créer une société dans laquelle l'ensemble des spectateurs et citoyens puissent mener une existence heureuse et tranquille », ainsi débute la présentation du plan d'objectifs du groupe NHK (Nihon ou Nippon Hoso Kyokai - société de télédiffusion du Japon) pour les trois ans à venir. Ce plan comprend quatre grandes sections: service public, confiance, créativité pour l'avenir, meilleur rendement.

Service public, protection face aux catastrophes naturelles :

L'institution publique, qui englobe notamment deux grandes chaînes numériques hertziennes (NHK générale, NHK éducative) promet de renforcer ses moyens destinés à relayer les informations lors des désastres naturels, hélas fréquents au Japon. Le 11 mars, la NHK interrompit ses programmes dès la survenue des secousses à 14H46, pour ne revenir à sa programmation diversifiée que plus d'une semaine plus tard. Durant tout ce laps de temps, 24 heures sur 24, le direct fut permanent, avec des alertes anticipées avant les répliques et des équipes mobilisées sur le terrain sans relâche. Depuis des années, la NHK a un réseau de caméras fixes dans toutes les régions qui se mettent en marche automatiquement en cas de tremblement de terre et adressent le signal au QG de la chaîne dans le quartier de Shibuya au coeur de Tokyo. C'est ainsi que très souvent, elle nous montre les secousses quelques secondes après leur survenue en cas de tremblement de terre relativement fort.

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L'explosion d'hydrogène dans le bâtiment du réacteur 1 de la centrale de Fukushima a de même d'abord été vue par les caméras de la NHK qui était postées à quelques encablures du site. Ces dispositifs seront encore enrichis et les moyens de transmissions en direct et différé rendus encore plus robustes. La NHK, dont les structures centrales se trouvent à Tokyo (est de l'archipel), prévoit de créer un site de secours à Osaka (ouest) et de répartir davantage ses moyens dans l'agglomération tokyoïte, du fait des risques élevés de séisme ou de rupture de courant. Les nombreuses stations régionales vont quant à elles bénéficier chacune de pages internet spéciales pour mieux relayer, parallèlement aux radios et TV, les informations locales essentielles lors de ce type de crise, le tout en lien avec les autorités.

La NHK, qui a accumulé sur cette catastrophe meurtrière du 11 mars comme sur maintes autres, un fond exceptionnel d'images, promet également de renforcer ses moyens pour archiver ce patrimoine historique grâce notamment à des équipements de stockage et outils d'indexation conçus en interne.

Elle s'engage en outre à produire des programmes pour mieux expliquer et analyser les conséquences du drame vécu il y a neuf mois afin de prévenir une redite.

Confiance :

Parmi les promesses figurent aussi la volonté d'augmenter la cote d'appréciation des téléspectateurs en s'assurant de la véracité des informations et de la qualité et diversité des programmes. NHK promet une meilleure couverture des faits internationaux, souvent vite balayés dans les journaux télévisés. Parallèlement, elle espère accroître sa présence à l'étranger, via notamment sa chaîne en anglais NHK World TV visible hors du Japon.

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Si, au Japon, les télévisions nippones sont certes encore très fortes, considérées par plus de 90 % des Japonais comme le premier moyen d'information, internet est pris au sérieux par un nombre croissant de personnes, ce qui à terme peut constituer une menace, même si l'écart à combler dépasse encore 50 points de pourcentage.

Nombreux sont aussi ceux, qui durant ces derniers mois, ont critiqué ouvertement l'audiovisuel public au sujet du traitement des données liées à la radioactivité, affirmant que les chaînes NHK se bornaient à relayer la parole du gouvernement, voire masquaient volontairement certains faits. Il est vrai par exemple que les manifestations anti-nucléaires n'ont pas été particulièrement mises en avant, pas plus que ne le sont les défenseurs des baleines.

Se disant cependant impartiale, la structure publique NHK dit aussi avoir à coeur de traiter à égalité toutes les régions du Japon et tous les publics, en produisant notamment des séries TV se déroulant sur des territoires un peu délaissés, ce qui généralement fait connaître un lieu et en dope le tourisme.

Créativité pour l'avenir :

Dans ce contexte d'expansion des moyens d'information, le groupe NHK, qui reconnaît un changement d'environnement et l'intensification de la concurrence, propose de nouveaux services, notamment à destinations des smartphones, tant pour les spectateurs et auditeurs japonais que pour les étrangers. NHK est très présente en japonais sur internet, via Twitter. Son centre de recherches, qui emploie plusieurs centaines de chercheurs, est censé accélérer le développement d'applications tant pour les TV que pour les ordinateurs, téléphones portables ou tablettes numériques multimédias. Le groupe NHK se dit notamment préoccupé par l'accès des personnes âgées à ces nouveaux outils, d'où le développement de moyens particuliers, basés par exemple sur la reconnaissance et la synthèse vocales.

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Ultérieurement, cette entité prévoit de transmettre des programmes sportifs avec des caméras offrant plusieurs points de vue en trois dimensions, ainsi que des émissions en « super hi-vision », une image seize fois mieux définie que la haute-définition actuelle.

Meilleur rendement :

Utilisant les deniers des contribuables, le groupe NHK, dont les chaînes ne diffusent pas de publicité, se voit souvent reprocher des gaspillage, comme la plupart des structures publiques. Pour preuve de son engagement de gestion parcimonieuse, le groupe promet plus de transparence, tout en prévenant qu'il va chercher à améliorer le taux de recouvrement de la redevance, par des procédés qu'on espère moins explosifs que ceux imaginés par JP Nishi.

Parallèlement, le radiodiffuseur a décidé de réduire le montant de cet impôt de 120 yens par mois (1,14 euro), pour le ramener à 1 225 yens (11,7 euros) par mois environ pour les spectateurs des chaînes de TV terrestre, à compter d'octobre 2012. Ceux recevant le satellite doivent s'acquitter de 945 yens supplémentaires par mois. Cette réduction prévue sera la première offerte par NHK depuis 1968. Le groupe avait initialement prévu de faire un geste plus ample à l'adresse des citoyens, mais les frais dus au séisme l'ont obligée à être moins généreuse. En accordant la ristourne de 120 yens, le diffuseur atteindra tout juste le seuil de rentabilité pour l'exercice 2012-2013 débutant en avril prochain. Il sera un peu dans le rouge l'année suivante mais reviendra dans le vert ensuite.

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Les revenus tirés de la redevance ont atteint l'an passé un sommet historique, à 659,8 milliards de yens (6,3 milliards d'euros) grâce à un durcissement des mesures pour réprimer les mauvais payeurs. Ces dispositions vont encore être amplifiées, NHK visant un taux de recouvrement de 97 % dans trois ans, contre 94 % actuellement. Le groupe va par exemple davantage confier cette tâche à des entreprises extérieures, poursuivre en justice si nécessaire, faciliter les procédures pour ceux qui changent de statut ou de logement. Les ménages et les entreprises utilisant un quelconque récepteur de TV, téléphone portables compatibles avec la TV numérique mobile (One Seg) compris, sont en effet tenus par la loi de payer la redevance. Toutefois, elle n'est due que pour un seul appareil même si le foyer en comporte plusieurs.

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Live Japon au quotidien sur Twitter, @karyn_poupee
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