Affluence des grands jours dans les rayons de l'immense Yodobashi Akiba et d'autres boutiques spécialisées d'Akihabara, quartier des férus de technologies de Tokyo. Dès l'aube, ils étaient des centaines à patienter pour prendre possession de la PS Vita. L'objet a même fait la une de l'édition de samedi après-midi du Yomiuri Shimbun, plus grand quotidien généraliste nippon titrant: « consoles de jeux, bataille contre les smartphones ». Cette nouvelle machine arrive sur le marché alors que le secteur ne va pas très bien, à cause de la concurrence des téléphones portables pour lesquels existent des divertissements de plus en plus élaborés et relativement peu onéreux, quand ils ne sont pas tout bonnement gratuits. Le succès de la PS Vita, comme de la rivale 3DS de Nintendo, dépendra du catalogue de jeux, même si la machine est dotée de nombreuses autres fonctions, dont la connexion aux réseaux 3G censée réduire l'écart avec les smartphones.
Conscient de l'enjeu, Sony n'a pas lésiné sur la promotion: stands de démonstration à même le trottoir, intérieurs de magasins entièrement tapissés aux couleurs de la PS Vita, hommes-sandwichs affublés de panneaux de promotion, armée de vendeurs hurlant dans des hauts-parleurs, etc. C'est plus pour le plaisir, parce que c'est amusant et convivial, que par nécessité que les impatients ont poireauté, puisque tous ou presque avaient réservé leur exemplaire.
« Le nombre d'exemplaires disponibles en sus des réservations était très faible », confirme un vendeur d'Akiba. De fait, les panneaux « stock du jour épuisé » n'ont pas tardé à être placés en tête de gondole, mais uniquement pour les modèles WiFi.
La PS Vita est proposée en deux versions, WiFi et WiFi/ réseau cellulaire 3G (en partenariat avec l'opérateur de télécommunications mobiles NTT Docomo), pour respectivement 24 980 yens (245 euros) et 29 980 yens (293 euros), soit 10 000 à 15 000 yens de plus que la 3DS de Nintendo dont le tarif a été sabré de 40% cet été pour réussir à convaincre une clientèle réticente.
« Les acheteurs verront la différence dans les fonctionnalités et grâce au fait que la PS Vita est compatible avec les réseaux 3G », a argué Andrew House, président de Sony Computer Entertainment.
Et M. House d'assurer que « les pré-commandes ont été très nombreuses », tout en s'abstenant d'en préciser le nombre. La version compatible avec les réseaux cellulaires de troisième génération (3G) semblaient cependant attirer d'emblée moins de chalands. « La console et les jeux sont déjà chers, je pense que le modèle Wi-Fi est largement suffisant, je n'ai pas l'intention de payer en plus plusieurs milliers de yens pour jouer via le réseau 3G », commente un trentenaire en train d'expérimenter l'objet pour la première fois.
Sony a voulu frapper fort en alignant une vingtaine de titres d'entrée de jeu et en garantissant qu'une centaine en tout étaient en cours de développement. « Cela reste maigre face à la ludothèque pour iPhone », critiquent les plus sévères.
Annoncée il y a près d'un an (sous le nom de code NGP), la PS Vita semble d'abord séduire les jeunes adultes, même si Sony dit la destiner à un très large public. Son maniement est sans nul doute un tantinet compliqué pour des petites mains enfantines dont les doigts auront du mal à balayer toute la surface tactile arrière, une des innovations qui font la particularité de la Vita. Sans compter que sa palette de fonctions diverses (internet, réseaux sociaux, téléchargement de contenus divers) confirme que cet objet n'est a priori pas à mettre dans les mains des plus jeunes, même s'ils peuvent en rêver.
« Les premiers clients sont essentiellement des hommes d'une vingtaine ou trentaine d'années », remarque le vendeur de Yodobashi, ajoutant que les jeux disponibles dès samedi s'adressent surtout à ce type de public. « J'ai déjà le modèle antérieur PSP et une Nintendo 3DS, mais je voulais à tout prix aussi la PS Vita », confie un jeune homme patientant à une caisse les mains chargées d'accessoires pour son nouveau gadget.
« Elle est assez énorme (au sens propre) mais quand même très attractive », constate un autre en découvrant et jouant avec l'objet pour la première fois. « Je voulais l'acheter, malgré son prix, mais je m'y suis pris trop tard pour réserver, et apparemment, c'est fichu pour aujourd'hui », renchérit son voisin en s'amusant avec une autre machine. « J'ai plusieurs consoles car j'adore les jeux mais tous ne sont pas développés pour tous les modèles », explique-t-il.
De leur côté, les gamins de 10/12 ans présents chez Yodobashi ne prêtaient guère attention à la Vita, mais ne décollaient pas des bornes de présentation de la 3DS où la star était Mario Kart 3D, sous le regard amusé de leurs mamans. C'est encore une fois grâce à ce plombier pourtant guère séduisant que Nintendo pourrait éviter la noyade. Alors que la Nintendo 3DS a peiné comme jamais pour trouver preneurs lors de sa commercialisation en février dernier, elle est en train de se rattraper un peu grâce à un prix sabré de 40% cet été et du fait de l'arrivée de Mario dans la logithèque auparavant considérée comme trop pauvre.
Outre les enfants et adolescents, la 3DS concainc aussi des adultes, hommes et femmes. Le cumul des ventes de cette machine de poche vient d'ailleurs de dépasser au Japon la barre des 3,23 millions d'unités, selon les données publiées mardi 13 décembre par le magazine Enterbrain dédié à ce secteur. Outre Mario, le bond est à mettre au compte de Monster Hunter, sans nul doute l'un des titres à l'origine des attroupements de possesseurs de 3DS dans les espaces réservés au jeu en réseau des magasins d'électronique du Japon.
Pour conclure, rappelons que la PS Vita sera lancée aux Etats-Unis et en Europe le 22 février. Sony vise un volume des ventes de la nouvelle console supérieur à celui de la PlayStation Portable (PSP), dont les différentes variantes, toujours proposées, s'étaient déjà écoulées à 73,10 millions d'unités dans le monde à la fin septembre.
