Il y a quelques mois, quand Sony avait annoncé que la PlayStation 4 ne serait en vente au Japon que le 22 février 2014, 3 mois après les Etats-Unis, les fanatiques de PS ont été secoués. Ce 22 février est pourtant vite arrivé.
La PS4 a comme prévu été lancée samedi à 0H00 à Tokyo lors d'un événement spécial auquel était conviée l'auteur de ces lignes. Ma foi, rien de très grandiose, juste une petite fête en présence du patron de Sony Computer Entertainment, le nippophone Andrew House, des développeurs de jeux (Final Fantasy 14, Metal Gear, etc.) et des starlettes.
Une partie déchaînée de FIFA 2014 avec des champions du genre et quelques présentations d'autosatisfecit par des producteurs de jeux ont vite comblé la dernière heure et demie à passer avant le moment fatidique que d'aucuns attendaient coeur battant.
Et à minuit pile, "...go, yon, san, ni, ichi, Puresuteshon 4", hurla l'assistance en brandissant des écharpes et ballons portant le logo de cette nouvelle "bête de course".
100 individus qui avaient réussi à s'inscrire le matin-même ont pu acquérir l'engin avant tout le monde. C'est un jeune homme déguisé en militaire qui a été tiré au sort pour le premier exemplaire et pour figurer au centre sur la photo entre M. House et le patron de Sony Computer en Asie. Le gars en question, visiblement venu avec une ribambelle de copains, s'est dit "ô combien heureux d'avoir la PlayStation 4 avant tout le monde, une chose à laquelle il ne s'attendait pas".
"Je veux jouer avec le nec plus ultra technologique", a déclaré Tetsuya Tamura, un ingénieur de 44 ans qui avait attendu depuis mercredi en tête de file avec son fils de 19 ans. Celui-ci a trouvé la machine particulièrement rapide après avoir eu la chance de la tester, peut-être au Tokyo Game Show 2013 dont elle était la star.
Déjà écoulée à quelque 5,5 millions d'exemplaires hors de l'archipel, la PlayStation est désormais aussi sur les étals des boutiques du Japon où, pendant quelques jours au moins, elle va bénéficier de nombreuses opérations de promotion ultra-visibles et tout autant bruyantes.
Les Japonais ayant réservé leur exemplaire au tarif de près de 47.000 yens (335 euros au cours actuel), devraient aller le récupérer dans la journée de samedi dans les différents temples de l'électronique de Tokyo et d'autres grandes villes. Le fait d'avoir retenu leur PS4 n'a pas empêché les plus pressés de faire la queue aussi devant des magasins qui ont parfois exceptionnellement ouvert à 07H00.
"Nous avons aussi vu des clients qui n'avaient pas réservé, mais il nous reste encore un peu de stock", nous a expliqué samedi après-midi un vendeur de Labi (Yamada Denki) dans le quartier d'Oimachi à Tokyo.
Toutefois, selon la presse nippone, le premier arrivage fourni par Sony aux boutiques devrait être épuisé dès cette fin de semaine.
Les mordus de PS commençaient il est vrai à ronger leur frein. Cela allait faire huit ans que Sony n'avait pas lancé de nouvelle console de salon après la PlayStation 3 qui s'est écoulée à 81 millions d'exemplaires dans le monde, dont 9,8 millions au Japon.
La PS4, dont M. Andrew ne cesse de répéter que ce n'est pas seulement une console de jeu mais une véritable plate-forme multimédia, avait été commercialisée dès le 15 novembre aux Etats-Unis et deux semaines plus tard en Europe ainsi que dans divers autres pays, mais elle n'avait pas pu être proposée simultanément au Japon. La cause: un retard de développement pour les jeux spécifiques pour les Japonais ou les adaptations nippones de titres étrangers. Quant il s'agit du marché japonais, les studios préfèrent en effet concentrer leurs ressources sur les jeux pour consoles portables ou pour mobiles. Or, sans jeux attractifs, la PS4 aurait risqué un mauvais départ (comme la Wii U de Nintendo qui n'a été vendue qu'à moins de 6 millions d'unités dans le monde en plus d'un an).
Le fait de retarder de trois mois la sortie de la PS4 au Japon n'a guère pénalisé Sony puisque l'objectif de cinq millions d'unités vendues avant fin mars a déjà été pulvérisé et pourrait être dépassé in fine de 20% à la même échéance. Il est vrai qu'avec l'échec de la Wii U, Sony n'a pas de rival, d'autant moins d'ailleurs que Microsoft n'a toujours pas annoncé la date précise de lancement au Japon de sa nouvelle Xbox One, se contentant d'un "dans l'année 2014". De toute façon, la Xbox One en question n'a à peu près aucune chance de dépasser la PS4 dans l'archipel.
Pour son lancement au Japon, la PS4 est accompagnée de quelque 25 jeux, dont des "must have", du moins par les Japonais. Cette PlayStation 4 est censée exceller dans la combinaison des fonctions de jeux et des contenus ou services en ligne. C'est ainsi d'ailleurs que Sony espère toucher un public plus large que celui des "hard-core gamers" déjà acquis à sa cause.
Le patron de Sony, Kazuo Hirai, a fait du jeu un des trois piliers des activités du fleuron de l'électronique, contrairement aux ordinateurs, abandonnés, et aux téléviseurs, mis à l'écart dans une société filiale.
Pour autant, même si la PlayStation 4 peut devenir une "machine à cash", il en faudrait plus pour extirper Sony du rouge.
A défaut, la PS4 sera-t-elle capable de redonner un peu de tonus au marché japonais du jeu vidéo qui est en très petite forme, même s'il y a plus de joueurs. C'est que les ventes de consoles et jeux afférents sont rongées par les téléchargements sur smartphones de petites applications ludiques moins onéreuses.
Si bien qu'au Japon, le marché du jeu vidéo (consoles et logiciels seulement, mobiles exclus) a encore dégringolé de 9% en 2013 par rapport à celui de 2012. Ce n'est rien moins que la sixième année de baisse d'affilée, selon une étude régulière du magazine spécialisé Famitsu. L'an passé, le montant total des ventes de jeux et consoles dans l'archipel est descendu à 409 milliards de yens (près de 3 milliards d'euros), contre 449 milliards en 2012. Avec ce nouveau recul, la chute atteint la bagatelle de 40% depuis 2007. Dans le détail, en 2013, les ventes de consoles se sont établies à 155 milliards de yens (1,1 milliard d'euros), soit une perte de 13%. Le montant total des achats de jeux a pour sa part dévissé de 6,5% à 254 milliards de yens (1,8 milliard d'euros).
Les plus récentes consoles proposées avant la PS4 par Nintendo (3DS portable et Wii U de salon) ainsi que par Sony (PS Vita portable) se sont moyennement bien vendues à cause des smartphones. L'engouement que vouent les Nippons à l'iPhone et à ses équivalents sous Android est tel que le Japon est devenu en octobre dernier le premier marché mondial des applications pour mobiles, grâce au temps passé par les Japonais de tout âge à jouer. Il suffit de monter dans un train pour s'en rendre compte.
NB, message de l'auteur aux lecteurs: la semaine passée, j'ai été accusée par certains de "plagiat" pour avoir repris plusieurs passages d'un article datant de 2005 sur la "pendule de 10 000 ans" créée par le fondateur de Toshiba. Je ne nie pas avoir utilisé cet article, mais je n'ai en réalité plagié que moi-même puisque j'en suis aussi l'auteur. En effet, outre la chronique que j'écris chaque semaine pour Clubic, je suis aussi depuis dix ans correspondante permanente de l'Agence France-Presse (AFP) à Tokyo. Or, l'AFP fournit de très nombreux articles, des photos et des vidéos (du Japon et d'ailleurs) à tous les médias francophones, anglophones, etc... Ces articles sont donc présents ensuite sur de nombreux sites internet, sans que le nom de l'auteur soit précisé, puisque les simples dépêches AFP ne sont généralement pas signées. A l'avenir, ne soyez donc pas étonnés si une information traitée par l'AFP l'est aussi ensuite sur Clubic.
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