Coup dur pour le secteur spatial européen : le vol inaugural commercial d'Ariane 6, prévu ce lundi 3 mars 2025, a été reporté sine die suite à un problème technique détecté sur les installations au sol.

Le lancement tant attendu d'Ariane 6 depuis Kourou, en Guyane française, devait marquer le grand retour de l'Europe dans la course spatiale autonome. Ce lundi 3 mars, Arianespace a annoncé quelques instants avant le grand décollage, le report du vol VA263, qui devait mettre en orbite le satellite militaire français CSO-3.
Cette annulation de dernière minute est une déception, alors que l'industrie spatiale européenne tente de rattraper son retard face à SpaceX, dont le Starship Flight 8 reste programmé pour 23h30 GMT ce même jour. Alors que s'est-il passé ?
Un contretemps technique aux conséquences multiples pour Arianespace
L'annonce est tombée sèchement via un bref communiqué d'ArianeSpace : « En raison d'opérations supplémentaires nécessaires sur un moyen terrestre d'interface avec le lanceur, le lancement est reporté. » Une formulation technique qui masque mal la déception des équipes mobilisées depuis des semaines pour ce vol crucial.
Ce report affecte directement le déploiement du satellite d'observation militaire CSO-3, élément stratégique de la défense française. CSO-3 est le troisième satellite du programme MUSIS, piloté par la Direction générale de l'armement (DGA). La mise en orbite de cet équipement de pointe était attendue comme une démonstration de la souveraineté technologique européenne dans un contexte géopolitique tendu.
Les conséquences économiques ne seront pas négligeables. Chaque jour de retard pourrait coûter plusieurs millions d'euros au programme Ariane 6, déjà sous pression budgétaire face à la concurrence américaine qui propose des lancements à moindre coût.
03 mars 2025 à 11h59
L'Europe spatiale face à la concurrence américaine
Pour Ariane 6, qui avait fêté son vol inaugural le 9 juillet dernier, ce contretemps intervient alors que SpaceX poursuit son huitième vol d'essai de Starship, prévu ce soir même. Le contraste est saisissant entre les deux programmes : d'un côté, une Europe qui peine à concrétiser son retour, de l'autre, une entreprise privée américaine qui enchaîne les tests à un rythme soutenu.
ArianeSpace n'a pas communiqué de nouvelle date de lancement, indiquant simplement qu'elle « sera annoncée après la fin des opérations » techniques en cours, dont on ignore la durée. Cette incertitude alimente les inquiétudes sur la robustesse du programme européen et sa capacité à tenir un calendrier fiable.
Pour l'Agence Spatiale Européenne, l'enjeu dépasse largement ce vol particulier. Il s'agit de prouver que l'Europe peut encore jouer dans la cour des grands de l'espace, à l'heure où les acteurs privés américains et les programmes chinois redéfinissent les règles du jeu spatial mondial.