Un Japonais de 27 ans employé d'une université a été interpellé jeudi dernier à Kawasaki, dans la banlieue de Tokyo, pour avoir fabriqué à domicile avec une imprimante tridimensionnelle une collection de pistolets capables de tirer.
Yoshitomo Imura a reconnu les faits mais assuré qu'il ne pensait pas que ses agissements étaient illégaux, même s'il pressentait auparavant qu'il risquait d'attirer l'attention de la police. L'individu ne se cachait guère puisqu'il dissertait sans arrêt sur Twitter des bienfaits de la possibilité de fabriquer chez soi des armes à feu et avait posté il y a quelque temps en ligne une vidéo montrant les capacités de son arsenal, ce qui a mis la puce à l'oreille des forces de l'ordre.
Il se vantait en outre d'être le premier Japonais à avoir réussi cet "exploit" et prônait même la diffusion massive des données permettant de créer l'objet 3D sur ordinateur et de donner les instructions requises à une imprimante tridimensionnelle afin que les armes puissent être adoptées par un nombre croissant d'individu. "Je vais rendre ces données massivement disponibles", écrivait-il. C'est que, pensait-il, la possession d'un moyen de défense devient nécessaire. Et de conclure que son action était indispensable et que les Américains, eux au moins, pouvaient le comprendre.
D'après les services de sécurité cités par la chaîne publique NHK, cinq pistolets fabriqués ainsi ont été trouvés chez lui, dont deux ayant des capacités de tir. En revanche, aucune balle n'a été découverte.
Les imprimantes 3D permettent de créer des objets en relief par superposition de fines couches de matières plastiques ou autres fondues, à partir de données créées sur ordinateur. Des modèles grand public sont désormais en vente au Japon à partir de 450 euros environ.
C'est la première fois qu'un Japonais est arrêté pour ce motif, a souligné la chaîne NHK. L'arrestation a été filmée par les télévisions, ce qui veut dire que la police avait (comme souvent) prévenu les médias. Le but est bien sûr de "faire un exemple" pour tenter de dissuader les sans doute nombreux individus tentés d'imiter ce "pionnier". Il est vrai que les services de police sont de plus en plus inquiets car les armes produites de la sorte sont indétectables par les portiques de sécurité des aéroports notamment.
Autre exemple de mauvais usage des technologies, plus ancien celui-là, celui des mini-caméras. Il y a tout juste un mois encore, pour la énième fois, un Nippon a été arrêté pour avoir planqué une de ces mini-caméras dans les toilettes de filles. Il s'agissait en l'occurrence de celles d'une maison de soins dans laquelle officiat le coupable. Le même mois, un médecin était aussi attrapé pour avoir de même installé une caméra dans des toilettes de filles, celles d'un restaurant où il avait ses habitudes. Un peu plus tard, un même cas s'était produit, cette fois au ministère de la Justice où travaillait un ex-juge de 50 ans qui avait lui-aussi posé une caméra dans les toilettes des femmes. En janvier, c'est un autre fonctionnaire du même ministère, plus jeune (31 ans) qui était interpellé par la police après s'être amusé à filmer les cuisses d'une fille dans un train sur la ligne circulaire tokyoïte très empruntée appelée Yamanote.
Quelques années auparavant, un autre fonctionnaire trentenaire avait déjà été appréhendé pour le même motif. Il est vrai que désormais tout le monde possède un mobile avec un ou deux modules caméras et que certains sont tentés de s'en servir pour collectionner des souvenirs de minettes en mini-jupes croisées dans les transports en commun: à leurs risques et péril. Quand il n'y avait pas encore ce type de téléphone portable, d'aucuns n'hésitaient pas à aller dans les magasins de composants électroniques du quartier d'Akihabara pour y acheter une mini-caméra et tous les accessoires nécessaires pour fabriquer par exemple un parapluie-caméra à glisser discrètement sous les jupons des demoiselles dans les trains. On en a vu plus d'un se faire épingler pour ce genre de bêtise. Ce ne sont là que plusieurs exemples parmi tant d'autres car depuis que l'auteur de ces lignes vit au Japon (près de 15 ans), il ne se passe pas une année sans que de multiples cas ne surgissent dans la chronique faits divers.
Le plus écoeurant est quand même cette histoire de chauffeur de taxi révélée cette semaine. Depuis quelques temps, de nombreux taxis sont équipés d'une mini-caméra qui enregistre en permanence les faits et gestes des clients. En théorie, s'il n'y a pas d'incident, les images ne sont pas même regardées et assez rapidement effacées. Les femmes montées dans le taxi d'un chauffeur de 41 ans récemment arrêté à Osaka n'avaient a priori pas à se méfier de la caméra qui les filmait. Elles auraient en revanche dû être un peu plus surprises quand l'homme leur a offert des petits gâteaux, car ce n'est pas du tout commun au Japon où les chauffeurs de taxis sont peu loquaces. Les gâteaux en question étaient parfumés au diurétique, et du produit efficace qui plus est.
Dix minutes plus tard, l'envie d'uriner devenait intenable et le chauffeur de taxi refusait de s'arrêter pour déposer la cliente, étant volontairement entré sur une voie rapide. Il en venait à inviter ses passagères à se soulager dans le véhicule. Tout était filmé et l'homme se disait "excité de voir les femmes ne plus pouvoir se retenir". Il en aurait piéger ainsi entre 40 et 50.
A la lecture de ce catalogue de faits désolants, on est tenté de penser qu'il existe au Japon une population importante de pervers, ce qui est sans doute vrai, dont les mauvaises tentations sont renforcées par une offre abondante de moyens de mettre en oeuvre leurs plus mauvais fantasmes. Et ce ne sont pas les nombreux sites internet de promotion de la jeune gent féminine dénudée qui vont les guérir, pas plus que les Twitter, Facebook et autres services d'autopromotion de leurs forfaits.
D'un autre côté, l'omniprésence de caméras de surveillance dans les lieux publics ne semblent pas troubler grand monde, même si chacun est filmé en quasi permanence lors de ses déplacements. C'est que les Japonais préfèrent en voir le bon côté, celui de la sécurité: en effet, désormais, de très nombreux faits divers sont résolus grâce à la présence de ces caméras qui permettent à la police de récupérer très vite les images d'un coupable supposé et de les rendre publiques pour recueillir des informations supplémentaires et arrêter l'individu recherché: cela ne prend généralement que quelques jours.