La 5e génération de réseaux cellulaires de télécommunications c'est pour 2020 au Japon. C'est décidé. La raison ? Les JO de Tokyo non seulement doivent être une vitrine technologique mais vont aussi drainer un monde fou dans la capitale nippone qui est déjà passablement peuplée (13 millions d'âmes, sans compter la proche banlieue qui en totalise 28 millions de plus). S'il faut donc que la 5G soit déployée à Tokyo avant les jeux Olympiques de 2020, c'est pour garantir des échanges fluides de données, en dépit du nombre important de visiteurs attendus dans la capitale nippone.
"Y arriver avant tout le monde", écrit dans un rapport présenté vendredi 11 juillet en réunion informelle le ministère japonais des Affaires intérieures, régulateur du secteur des télécommunications.
"Pour les JO qui auront lieu dans notre pays avancé dans le domaine des télécommunications sans fil, on attend que soient installés des équipements de pointe", justifie-t-il.
"Il est indispensable de déployer les réseaux 5G qui offrent des capacités de volume 1000 fois plus importantes et des débits 100 fois supérieurs au LTE actuel", insiste le premier opérateur NTT Docomo.
"Concrétiser la 5G dès 2020, c'est aussi une occasion pour le Japon de montrer au reste du monde son savoir-faire technologique", complète son concurrent KDDI.
Il y a donc à cette ambition/obsession de 5G en 2020 une raison technique légitime et une question d'orgueil national qui a au moins un avantage: cela motive et mobilise du monde.
Sur le volet technique, la situation des télécoms mobiles est telle actuellement au Japon que sans passage à une génération supérieure offrant des capacités plus importantes, la saturation, synonyme de dégradation du service, est inévitable. Il y a déjà au Japon 150 millions de terminaux mobiles de réseaux cellulaires en circulation, et le trafic des données a augmenté de 60% au cours de la dernière année, du fait de l'adoption massive des smartphones. Vont en outre croître les communications de machine à machine (M2M). Il faut aussi que la qualité tant sonore que visuelle soit améliorée pour correspondre aux standards TV 4K voire 8K ensuite, de même que doit être élevée la fiabilité des connexions et transmissions, le tout en garantissant un accès prioritaire aux services publics et de secours en toutes situations. On l'a encore vu cette semaine (avec un typhon, un séisme de magnitude 6,8 au large de Fukushima et un mini-tsunami qui aurait pu être pire) que le Japon doit, plus que tout autre pays, penser à sécuriser des infrastructures vitales.
Mais 2020 c'est dans à peine 6 ans, ce qui laisse peu de temps. C'est pourquoi les autorités gouvernementales demandent que les différents acteurs du secteur (opérateurs, équipementiers, chercheurs) oeuvrent ensemble pour définir et développer les moyens techniques requis, qui plus est avec un impératif: l'usage le plus rationnel possible du spectre fréquentiel, une ressource limitée.
Le Japon entend en outre être un meneur dans ce domaine de sorte que les technologies qu'il conçoit puissent trouver un usage extensif à l'étranger via une normalisation internationale. Les opérateurs et équipementiers ont en fait depuis longtemps commencé à travailler sur les moyens requis.
En mai, le pionnier NTT Docomo a annoncé le lancement de tests de réseau 5G avec six des principaux équipementiers asiatiques et occidentaux: les japonais Fujitsu et NEC, le sud-coréen Samsung, le suédois Ericsson, le finlandais Nokia et le français Alcatel-Lucent.
La collaboration menée en parallèle avec chacun des six fabricants doit permettre de confirmer le potentiel des technologies 5G pour l'exploitation de bandes de fréquences supérieures à 6 Gigahertz, ainsi que la possibilité d'avoir des capacités de connexion et transmission importantes par unité de surface couverte, a expliqué NTT Docomo dans un communiqué.
Le groupe nippon, qui devança tout le monde sur la 3G, est un des acteurs majeurs des avancées de la 4G (4e génération pour les standards de la téléphonie mobile). L'opérateur espère pouvoir déployer une offre 5G en 2020, pile au moment des jeux Olympiques de Tokyo où l'on s'attend à un trafic cellulaire phénoménal dans la capitale.
La 5G est en théorie censée offrir des capacités 1.000 fois supérieures de connexion et des échanges de données avec un smartphone jusqu'à 100 fois plus rapides qu'avec la technologie actuelle LTE (Long Term Evolution), souvent abusivement appelée 4G alors qu'elle n'est que de la 3,9G.
NTT Docomo prévoit de commencer les tests 5G à l'intérieur de son centre de recherche et développement à Yokosuka, en banlieue de Tokyo, avant des essais en plein air en 2015.
Sur le volet fierté nationale, ce ne sera pas la première fois que le Japon utilise un événement comme les jeux Olympiques pour faire montre au reste du monde de ses capacités technologiques. Et le fait est que cette volonté a eu les précédentes fois (JO de 1964, Exposition Universelle de 1970) des effets notables sur l'innovation nippone. Alors, on en attend autant cette fois et c'est assurément du côté des technologies de l'information et de la communication que l'on peut s'attendre à des trouvailles et développements intéressants.