Depuis 20 ans déjà, la chaîne de télévision publique japonaise NHK, une institution, développe la "Super Hi-Vision", nom initialement donné à la technologie vidéo que l'on appelle désormais davantage 8K.
Pionnière incontestée dans ce domaine, la NHK parcourt le monde pour montrer ses prouesses, lesquelles, à tort, n'attirent pas forcément l'attention. Mais il n'est plus si loin le moment où la TV 8K sera une réalité commerciale, au Japon du moins. Et là, force sera de reconnaître la contribution des travaux de la NHK. Ceux que cela intéresse pourront en avoir un avant-goût pas plus tard que le 12 septembre, au salon IBC d'Amsterdam.
La NHK y présentera pour la première fois au monde des scènes tournées en format ultra haute-définition 8K avec 12O trames par seconde, contre 60 lors des précédentes démonstrations.
La qualité 8K, d'une résolution 16 fois supérieure à celle de la haute définition actuelle, offre un réalisme inédit, avec une précision d'autant plus perceptible qu'est importante la fréquence de saisie des images. La NHK est parvenue à développer une petite caméra cubique qui est capable d'enregistrer une scène en 8K à une fréquence de 120 Hz. Cela permet d'obtenir des images extrêmement nettes, même lors des actions rapides et de faire des ralentis parfaits.
Il existe en outre déjà un modèle commercial de caméra 8K, proposé par la société japonaise Astro et développé avec le concours de la NHK, qui intègre un capteur CMOS de 2,5 pouces avec les 33 millions de pixels nécessaires. Elle ne tourne cependant qu'à une fréquence trame de 60 Hz.
Cette technique est de facto idéale pour immortaliser les manifestations sportives. La NHK l'a testée récemment lors de la Coupe du monde de football au Brésil. Ce sont ces images qui vont être montrées au salon IBC à Amsterdam entre les 12 et 16 septembre.
Le format 8K (qui n'est pas commercialement disponible) correspond à une image de 4.320 lignes horizontales comportant chacune 7.680 points, soit environ 33 millions de pixels, 16 fois plus que la haute-définition actuelle. Ce signal vidéo est accompagné d'un son réparti sur un total de 24 canaux. Le format 4K correspond quant à lui à une image de 2.160 lignes horizontales comportant chacune 3.840 points, soit environ 8 millions de pixels, quatre fois plus que la haute-définition actuelle.
La difficulté pour les fabricants de TV est d'arriver à loger dans des écrans qui entrent dans les salon les 33 millions de pixels physiques requis pour avoir une vraie TV 8K. Pour le moment, c'est encore grand. Le groupe japonais Sharp a par exemple conçu des dalles LCD de 85 pouces de diagonale en 8K, qui plus est capable d'afficher des images en relief sans port de lunettes spéciales.
Ceux qui sont actuellement au salon IFA à Berlin peuvent aussi se rendre sur le stand de Toshiba où un mur de 16 écrans diffuse aussi des images 8K, avec derrière pas moins de 5 ordinateurs: un pour synchroniser les quatre autres qui gèrent chacun quatre écrans.
Le même Toshiba travaille aussi sur des algoritmes de compression des signaux 8K à l'instar du géant des télécoms NTT qui a déjà conçu une technique de transmission sur réseau expérimentée lors de la coupe du monde il y a quelques semaines. Là encore l'échéance est dans 6 ans, pour les JO de Tokyo.
Le Japon se veut le fer de lance mondial des progrès de la télévision. La semaine passée, le ministère japonais des Affaires intérieures et de la Communication a décidé d'avancer de deux ans, à 2018, la diffusion par satellite de programmes en qualité 8K.
Le gouvernement prévoyait auparavant une échéance en 2020, l'année des jeux Olympiques de Tokyo, mais il a choisi d'accélérer le calendrier afin que davantage de personnes soient équipées pour recevoir les programmes en 8K et 4K, d'une qualité intermédiaire. Ces évolutions de la télévision sont un des éléments de la stratégie de l'Etat nippon pour doper l'industrie de l'électronique qui a grandement souffert ces dernières années de la concurrence asiatique et de la montée en puissance très rapide des sud-coréens Samsung et LG Electronics. A cet égard, la tenue des JO à Tokyo en 2020 constitue une chance de briller à travers le monde que ne veulent surtout pas laisser passer les Japonais. Ils sont donc en train de mettre les bouchées doubles sur les technologies de télécommunications et télédiffusion.
La retransmission expérimentale par satellite en format 4K (quatre fois la haute-définition actuelle) débutée cet été sera étendue à l'échelle commerciale en 2015 via un satellite dit CS, un an avant la date précédemment prévue.
La diffusion en 8K doit quant à elle être expérimentée à compter de 2016, pile pour les JO de Rio de Janeiro, et diffusée réellement, toujours par satellite, à partir de 2018. Le Japon a déjà lancé en juin des tests de diffusion par satellite en 4K via une chaîne dédiée, Channel 4K, qui peut être reçue par les possesseurs de récepteurs satellitaires et de téléviseurs compatibles. Elle est alimentée avec divers programmes tournés en 4K par les différentes chaînes de télévision nippones regroupées au sein du NexTV-Forum, un consortium de diffuseurs, de fabricants de télévisions et autres sociétés parmi lesquelles l'Agence France-Presse (AFP) dont l'auteur de ces lignes est une des journalistes permanentes à Tokyo.