Pioneer vient de sceller un accord-cadre avec son compatriote spécialiste du son Onkyo pour lui céder ses activités de produits audiovisuels de salon. Cela devait se faire avec la participation d'un fonds d'investissement asiatique, mais le candidat initialement pressenti a finalement été abandonné. Dès le 24 juin, Pioneer avait indiqué s'être entendu avec Onkyo pour entamer des négociations en vue de rapprocher une partie de leurs activités. Le fonds Baring Private Equity Asia devait prendre 51% de sa filiale à part entière Pioneer Home Electronics (PHE) qui fabrique des ensembles audio et de home-cinéma, des platines DVD, des téléphones de maison ou encore des cadres photo numériques. Les 49% restants devaient être répartis entre Pioneer et Onkyo.
Mais au fil des discussions, les deux entreprises sont parvenues à la conclusion qu'il valait mieux qu'elles restent seules parties prenantes, plutôt que de s'allier à trois, surtout avec un partenaire pas vraiment connaisseur du secteur et surtout mû par les finances.
Il ressort du "contrat cadre" signé que Pioneer doit prendre une participation de 14,95% dans Onkyo, tandis que ce dernier va absorber PHE dans laquelle Pioneer va auparavant concentrer toutes les activités visées, dont aussi celles des casques audio.
Ceux qui, comme l'auteur de ces lignes, achètent des équipements Pioneer depuis plusieurs décennies, font la moue. Un ami photographe de l'AFP, qui assiste depuis 30 ans à presque toutes les conférences de presse des acteurs majeurs de l'électronique au Japon, ne s'en remet pas de les voir un à un se défaire de leurs joyaux, surtout quand ils possèdent des pépite techniques, et c'est le cas de Pïoneer. Mais si la marque Pioneer est certes très appréciée pour ses chaînes hi-fi, ses systèmes de cinéma à domicile et autres appareils audiovisuels de salon, ce ne sont malheureusement plus eux qui la font vivre, bien au contraire, d'autant que la firme a cessé de fabriquer des télévisions. Ils ne génèrent plus qu'un cinquième du chiffre d'affaires du groupe.
"De grands changements se sont produits dans l'univers audio du fait du passage de l'ère analogique à l'ère numérique et de l'adoption des baladeurs ou de l'écoute via les ordinateurs", justifie Pioneer. De ce fait, il a eu du mal à garder la même présence, mais espère que l'association de ses technologies à celles d'Onkyo permettra de recréer un acteur important dans le domaine audio où apparaissent de nouvelles possibilités grâce au son "high-resolution" (bien meilleur que celui des CD) qui redonne du tonus à Sony et a conduit Panasonic à ressusciter la marque haut de gamme Technics.
Devant ce constat d'un avenir assombri, Pioneer a transféré depuis quelque temps déjà ses ressources sur le développement d'autoradios et de systèmes de radionavigation, qui représentent aujourd'hui son activité la plus importante.
Sa gamme d'appareils de mixage et effets audio pour disc-jockeys (DJ) est aussi très rentable. Tout plaidait jusqu'il y a peu pour qu'il la conserve. Ce fut donc une (mauvaise) surprise lorsqu'il fit par de sa décision de s'en débarasser aussi.
Pioneeer est un des plus importants fabricants mondiaux d'équipements pour les amateurs et professionnels de sonorisation de discothèque et créateurs de "remix", avec une large gamme de platines, consoles de mixage, casques, haut-parleurs et autres équipements spécifiquement conçus pour cette clientèle. L'ensemble génère un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 20 à 30 milliards de yens (150 à 225 millions d'euros). Pioneer a cependant décidé d'opérer un sévère tri dans ses activités.
Il n'est pas le seul dans ce cas. Panasonic aussi met le turbo sur les technologies pour automobiles et délaisse l'audiovisuel de salon. Panasonic, un groupe de 505 sociétés et plus de 270 000 salariés, a encore montré cette semaine que cette nouvelle direction était bien affirmée: il va acquérir 49% du spécialiste espagnol des rétroviseurs d'automobiles, Ficosa.
Le montant de la transaction n'a pas été divulgué, mais il est évalué de 20 à 30 milliards de yens (143 à 215 millions d'euros). L'opération devrait être bouclée d'ici mars 2015. Ficosa détient des technologies particulières pour permettre aux automobilistes de voir tout autour de leur véhicule, non seulement grâce aux rétroviseurs, mais aussi à des systèmes de caméras.
Panasonic espère combiner ces technologies avec les siennes (capteurs, circuits intégrés, etc.) pour proposer des systèmes plus avancés, par exemple des rétroviseurs électroniques, notamment dans la perspective des voitures à conduite semi-autonome.
Panasonic propose déjà de son côté une gamme étendue de composants et équipements pour automobiles, allant des batteries aux dispositifs de radionavigation. Il vise un chiffre d'affaires de 2.000 milliards de yens (14,4 milliards d'euros) dans le seul secteur de l'automobile d'ici à 2018, année durant laquelle il fêtera ses 100 ans.
Ficosa, dont les origines remontent à 1949, est pour le moment détenue à plus de 95% par le groupe Ficosa Inversion. Cette société compte 8.000 salariés et est présente dans 18 pays. Elle a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 925 millions d'euros.