Live Japon: 2014, l'année 4K/8K, high-reso

Karyn Poupée
Publié le 28 décembre 2014 à 04h40
Fin d'année oblige, on regarde dans le rétroviseur et l'on essaie de se souvenir ce qui a bien pu marquer le millésime écoulé. Cette année, les Japonais ont été (comme presque tous les ans hélas) meurtris par des catastrophes naturelles à répétition (typhons, glissements de terrain, éruption volcanique, siésmes, tempêtes de neige). Pourtant, ils restent sereins. Ils ont été aussi affectés par, et c'est moins courant dans l'archipel, une hausse de la taxe sur la consommation (équivalant à la TVA française), ce qui n'était pas arrivé depuis 17 ans et s'est traduit par une chute de leurs achats, notamment de produits électroniques. Reste que 2014 a quand même été l'année inaugurale de la TV 4K dans les foyers, de même que celle du vrai décollage de la qualité high-resolution audio, poussée par Sony qui est le premier, mais pas le seul, à en tirer profit.

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TV 4K: en juin dernier, le Japon a lancé la diffusion expérimentale continue de programmes de télévision par satellite en format très haute-définition 4K, un bond technique dans la perspective des prochains jeux Olympiques. Une nouvelle chaîne dédiée, Channel 4K, a été créée le 2 juin. Elle est reçue par les possesseurs de récepteurs satellitaires et de téléviseurs compatibles 4K et émet dans un premier temps six heures par jour, l'après-midi. Elle est alimentée de divers programmes tournés en 4K par les différentes chaînes de TV nippones membres du consortium Next TV Forum. Il s'agit essentiellement dans un premier temps de concerts et de représentations sportives.

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"L'offre de contenus s'élargira progressivement afin de favoriser l'adoption des moyens de réception 4K", a promis l'organisme. Le format 4K correspond à une image de 2.160 lignes horizontales comportant chacune 3.840 points, soit environ 8 millions de pixels, 4 fois plus que la haute-définition actuelle. Cette chaîne diffusée par satellite sur tout le Japon est gratuite pour les téléspectateurs, mais il faut néanmoins s'abonner pour obtenir une clef de décryptage.
Les grands fabricants de téléviseurs proposent désormais tous des modèles 4K qui, compte tenu du nombre de pixels composant l'image, sont généralement des modèles de grandes tailles (à partir de 50 pouces - 127 cm - de diagonale le plus souvent). Ils sont encore jugés chers (au-delà de 3000 euros) mais leur prix baisse rapidement et selon les vendeurs des grandes enseignes d'électronique, ne sont désormais plus rares les clients qui décident de franchir le Rubicon alors que la différence de tarif entre un très grand écran TVHD et un 4K est descendue à moins de 1000 euros . Un premier PC portable à écran 4K a aussi été présenté cette année par le groupe nippon Toshiba de même que des tuners/enregistreurs compatibles par divers fabricants, dont le premier fut Sharp. 

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Quant à la chaîne de télévision publique japonaise NHK, elle a fait savoir il y a quelques mois qu'elle accélérait la production de programmes en résolution 4K, dans la perspective des JO (de Rio en 2016) et pour le développement du format encore quatre fois supérieur dit 8K qui devrait être utilisé pour ceux de Tokyo en 2020.
La qualité 8K, d'une résolution 16 fois supérieure à celle de la haute définition actuelle, est elle aussi revenue plusieurs fois cette année dans l'actualité. D'un réalisme inédit,, la qualité 8K est engrande partie développée depuis deux décennies par la NHK, chaîne qui est d'ailleurs parvenue à concevoir cette année une petite caméra cubique qui est capable d'enregistrer une séquence d'images 8K à une fréquence de 120 Hz, soit 120 trames par seconde, le double de la cadence précédemment réalisée. Cela permet d'obtenir des scènes extrêmement nettes, même lors des actions rapides et de faire des ralentis parfaits.
Cette technique est de facto idéale pour immortaliser les manifestations sportives. La NHK l'a testée récemment lors de la Coupe du monde de football au Brésil.

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Le Japon se veut le fer de lance mondial des progrès de la télévision. Le ministère des Affaires intérieures et de la Communication a décidé d'avancer de deux ans, à 2018, la diffusion par satellite de programmes en qualité 8K, après une expérimentation qui doit débuter en 2016. Etait prévu auparavant de diffuser en 2020, l'année des jeux Olympiques de Tokyo, mais le calendrier a été accéléré afin que davantage de personnes soient équipées pour recevoir les programmes en 8K de même qu'en 4K.
Le potentiel du 4K et du 8K ne s'arrête pas au divertissement télévisuel, il trouve aussi des applications dans le domaine de l'imagerie médicale, notamment. A ce titre, a été pratiquée en 2014 au Japon une intervention chirurgicale à l'aide d'une caméra ultra-haute définition au format 8K, une avancée scientifique jugée très prometteuse par le chirurgien qui l'a expérimentée. Une caméra de ce type munie d'un objectif prolongé par une tige (pour servir d'endoscope) a servi à visualiser sur un très grand écran l'intérieur du corps d'un patient de 70 ans lors d'une ablation de vésicule biliaire, selon une technique qui se passe d'incision large. Appelé chirurgie mini-invasive, ce mode opératoire permet au médecin d'atteindre la cible à traiter par des ouvertures de l'ordre du centimètre, grâce à l'utilisation d'instruments longs et fins, couplés à un système d'imagerie vidéo. Le chirurgien qui a mené l'opération a jugé extrêmement appréciable de bénéficier d'une telle qualité d'image, mais la caméra employée est encore trop encombrante et lourde. "C'est une technologie qui a assurément un avenir, mais il y a encore des points à améliorer", a déclaré à la télévision le professeur Toshiyori Mori de l'hôpital Kyorin où a eu lieu cette intervention.

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Le format 8K (qui n'est pas commercialement disponible) correspond à une image de 4.320 lignes horizontales comportant chacune 7.680 points, soit environ 33 millions de pixels, 16 fois plus que la haute-définition actuelle. Ce signal vidéo est accompagné d'un son réparti sur un total de 24 canaux.
Cette année, le son justement n'a pas été la cinquième roue du carrosse comme il l'est pourtant souvent. Car 2014 a bel et bien été, au Japon plus qu'ailleurs, l'an "high-resolution audio". Sony s'en réjouit, et pour cause: plus d'un tiers de son chiffre d'affaires sur les produits audio et la musique en ligne découle désormais de cette qualité qui correspond à plusieurs formats de fichiers ayant en commun d'être non compressés ou compressés sans pertes, avec une fréquence d'échantillonnage allant jusqu'à 192 kHz sur 24 bits.

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"Avant, le son était un loisir et un plaisir de salon: on achetait religieusement chaque élément de sa chaîne hi-fi", nous rappelait dans le courant de cette année Koji Nageno, un chef-ingénieur du son de Sony. Mais aujourd'hui, grâce au premier Walkman en 1979 et à toutes les gammes de baladeurs ensuite, "la musique s'écoute plus encore à l'extérieur et dans une qualité qui s'amplifie au fil des ans". 
Même si l'on trouve des écouteurs à 100 yens (moins d'un euro), de plus en plus de gens sont prêts à débourser 500, 1.000 ou même 5.000 fois plus pour des modèles haut de gamme. Le prix moyen des écouteurs et casques achetés dans les boutiques sécialisées e-earphone de Tokyo et Osaka dépasse désormais 15.000 yens (une centaine d'euros).

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Dans les hypermarchés de l'électronique et de l'électroménager, comme la chaîne Bic Camera, l'audio mobile haut de gamme a son rayon spécial, preuve que ce marché ne concerne plus seulement les maniaques du son mais un public plus large, du quinquagénaire amateur de jazz et classique au jeune féru de musiques de dessins animés ou de variété nippone.
"On estime le marché annuel de l'audio portable au Japon à 30 milliards de yens(210 millions d'euros), mais il est en train de croître", se réjouit Takuya Okada, un responsable du développement d'e-earphone.
Dans les trains et métros de la capitale japonaise, où au moins un tiers des passages écoutent de la musique, se remarquent de plus en plus des casques et écouteurs réputés mais pas donnés, de marques Shure, Bose, Sony, Sennheiser, Ultimate Ears, Westone, Beats ou Audio Technica.

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Sony a même été surpris par le succès de son récent Walkman NW-ZX1 , malgré son tarif élevé (plus de 500 euros).
"Il se vend comme des petits pains, les lignes de production ne suivent pas", nous a affirmé Kojiro Yakata, un directeur de projet de Sony. Idem pour ses écouteurs intra-auriculaires XBA-H3 à plus de 250 euros.
La différence entre un fichier compressé MP3 et un format high-reso est nette, "à condition de posséder non seulement les fichiers au bon format, mais aussi le lecteur compatible et les haut-parleurs ou le casque audio à même de restituer le son d'origine", insiste cependant Sony.

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Ce nouvel engouement pour le son high-reso a donné aussi un nouvel élan à des marques japonaises comme Onkyo (qui reprend aussi les actifs audio de Pioneer), Denon ou JVC/Kenwood. Et ce n'est pas tout: le géant japonais de l'électronique Panasonic a décidé récemment de faire renaître la marque de matériel audio haut de gamme Technics, dont les platines de disque vinyle ont fait autrefois les beaux jours des DJ et techniciens de radio.
C'est précisément la montée en puissance de l'audio "high-reso", qu'il l'a conduit à ressusciter Technics, une griffe qui s'était éteinte il y a quatre ans. Cette marque, qui a beaucoup d'admirateurs nostalgiques, était née en 1965 pour représenter les matériels audio haut de gammme de Matsushita Electric Industrial (précédente raison sociale de Panasonic). Elle avait connu un très grand succès en Europe, avec des platines à disque microsillon SL-1200MK2 à vitesse ajustable qui étaient les plus prisées des professionnels de la sonorisation et de la radio.

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"Il y a eu beaucoup de changements dans l'univers audio. Grâce à la rapidité d'internet, la haute qualité est en train de revenir, et cela constitue la principale raison pour laquelle nous avons décidé de relancer Technics", a expliqué Michiko Ogawa, ingénieur audio et pianiste, directrice du projet Technics, lors d'une conférence de presse à Berlin retransmise à Tokyo.
"De plus, nous savions que Technics disposait d'un patrimoine de savoir-faire audio de très grande qualité et nous avons continué de développer des technologies de décodage et de restitution audio pour les platines à disque optique Blu-Ray", a-t-elle ajouté.
Et de conclure: "Avec une nouvelle ligne de produits Technics, nous voulons offrir à nos clients la possibilité de redécouvrir la musique".
La renaissance de Technics, dont le précédent produit datait de 2008 et avait été arrêté en 2010, s'est d'abord fait via le lancement en décembre en Europe d'un ensemble ampli/lecteur en réseau/enceintes de très haut niveau à 40.000 euros. 

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"Attention: c'est contagieux et sans fin: plus on a de matériel de haut niveau, plus on est poussé à rechercher une qualité encore supérieure et le retour en arrière est impossible", prévient M. Okada.
Sur ce, excellentes fêtes de fin d'année à tous. Rendez-vous le premier week-end de 2015.

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