Live Japon: le "garake" est mort, vive le "garaho"

Karyn Poupée
Publié le 30 mai 2015 à 15h48
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Habitués pendant plus d'une décennie à leur keitai denwa (téléphone portable) couteau-suisse, les Japonais ont un peu tardé à adopter les iPhone et autres smartphones, mais depuis quelques années le raz-de-marée était phénoménal, au point qu'on avait l'impression dans les trains et lieux publics que tous les Japonais avaient comme un seul homme décidé au même moment de troquer leur bon vieux "garake" contre un "sumaho". Eh bien non, à vrai dire, il reste des rétifs au smartphone. Mieux, d'autres font machine arrière, en revenant au garake après une expérimentation malheureuse du sumaho. Avec plus de 10 millions d'unités vendues l'an passé, en hausse de 6%, les garake trouvent encore preneurs et le marché des modèles d'occasion est un vrai bon filon. Garake est le diminutif de "Galapagos keitai", nom donné aux portables japonais qui n'existaient qu'au Japon où ils ont rencontré un succès économique réel, mais inexportable.

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C'est que le "garake" n'était pas un simple mobile aux seules fonctions de base. Il offrait des possibilités déjà largement multimédia depuis 1999 grâce à l'i-mode de NTT Docomo et aux concepts similaires développés par ses concurrents. Surtout, les Japonais adoraient le format "coquillage" et le clavier en dur auquel leurs doigts étaient tant formés qu'ils en étaient... déformés.

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Les opérateurs ont été un temps tentés de ne plus proposer que des smartphones (l'iPhone d'Apple se taillant la part du lion avec 56% du marché l'an passé), mais il y aurait eu des mécontents, des nostalgiques qui veulent l'ergonomie d'avant et qui, du coup, se tournent vers les appareils de seconde main que l'on trouve notamment chez Book off, ce spécialiste des livres, CD et DVD "d'occaz" qui a aussi fait main-basse sur le marché des anciens mobiles. Il est vrai que cela ne coûte pas très cher, puisqu'un "garake" se trouve à partir de 6.000 yens environ (45 euros) et que le marchand, lui, ne le rachète qu'un tiers de ce prix à ceux qui s'en débarrassent.

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Les opérateurs ont cependant entretemps compris une chose: ceux qui ne se sont pas encore convertis au smartphone ne franchiront peut-être jamais le Rubicon et, le cas échéant, ne seront jamais de grands consommateurs de services lucratifs de vidéo et autres applications ou contenus conçus pour les smartphones. Tout cela parce que l'emploi de ces derniers ne leur sied pas. Le constat n'a pas mis longtemps avant d'être transformé en stratégie de conquête des sumaho-réticents. Et voilà comment NTT Docomo (après KDDI et avant SoftBank) a annoncé ce mois-ci une gamme de garake-sumaho, autrement dit de garaho, en clair des appareils qui ont la forme d'un garake mais qui offrent les mêmes fonctions et extensions qu'un smartphone. L'astuce ? Le remplacement du précédent système d'exploitation des garake (en l'occurrence Tron du professeur Ken Sakamoto) par Android de Google qui ouvre plus de possibilités grâce aux applications développées par des tiers. L'intérieur est donc un smartphone et l'extérieur un garake. Cela permettra par exemple ainsi aux nostalgiques de leur keitai traditionnel de retrouver la gestuelle d'avant et surtout, disent les intéressés, les sensations de toucher du pavé numérique.


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Les fabricants de ces garaho sont pour le moment Sharp et Fujitsu. Pour eux aussi il y a un avantage à s'aventurer sur ce nouveau créneau. Les étrangers (Apple en tête), qui ont dévoré des parts du marché des smartphones, ne laissant que des petites bouchées aux fabricants nippons, n'ont pas le savoir faire des garake qu'eux, les pionniers japonais dans ce domaines, maîtrisent à merveille. Un exemple tout bête. L'écran rabattable d'une partie des garake s'ouvrait en appuyant sur un bouton sur le côté, une particularité initialement proposée par Panasonic que des utilisateurs chérissaient. Les nouveaux garaho ont donc ce "one push" bouton. Mais si trivial que cela puisse paraître, ce n'est apparemment pas si simple à fabriquer et les firmes capables de fournir la petite mécanique requise ne sont pas légion. Sharp a ramé pour en trouver un, et on n'imagine pas les Samsung ou Apple songer un jour à proposer des garaho, si bien que les Nippons ont là au moins une chasse-gardée. Même si c'est pour une petite niche de public, c'est toujours cela de pris et l'honneur des pionniers est ainsi en partie sauvé.
Karyn Poupée
Par Karyn Poupée

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