Autant que la montre, cette façon pour Sony de proposer des produits nouveaux est très intéressante et symptomatique de l'évolution de l'économie des entreprises qu'induit Internet non seulement pour la vente mais à tous les stades de développement et pas seulement pour les start-up.
Auparavant, une firme multinationale de l'envergure et de l'âge de Sony était plutôt portée à ne pas développer un produit susceptible de n'intéresser qu'une niche de personnes, à savoir seulement quelques centaines ou milliers. Désormais, il est possible de servir ces personnes sans pour autant dépenser des fortunes en étude de marché ni prendre de très gros risques: il suffit de leur demander de payer par avance pour financer le développement et la production de l'objet. L'accumulation de projets réussis de ce type peut de facto constituer une source complémentaire de revenus non néglieables en même temps qu'un nouveau terrain d'expérimentation.
Le fait est que la montre "wena", proposée dans un premier temps uniquement au Japon dans le cadre du programme "First flight" de financement de nouveaux produits imaginés par des chercheurs de Sony, s'est d'emblée attiré les faveurs de technophiles. Sony s'était donné deux mois pour recueillir 10 millions de yens (74.000 euros) afin de s'engager dans la fabrication de cette montre basée sur un mouvement analogique Citizen. Mais en 24 heures, le double de la somme a été réuni et en une semaine carrément près de sept fois le montant.
Cette montre, dont il existe plusieurs variantes, est destinée à fonctionner avec un iPhone d'Apple, un choix qui peut suprendre mais qui est probablement dû à une raison technique. En effet, cette montre intègre dans le bracelet une puce sans contact (Felica de Sony) , qui n'est pas présente dans les iPhone mais l'est déjà dans les smartphones Xperia de Sony. Cette puce est celle qui est utilisée au Japon pour tous les porte-monnaie électroniques (ID, Edy, etc.). Le passe de transport Suica (et ses équivalents divers Pasmo, Icoca, etc.) n'est pas encore présenté comme compatible avec cette montre, mais dès qu'il le deviendra, l'intérêt sera à l'évidence encore avivé car la commodité absolument évidente: il suffira de passer son poignet au-dessus du lecteur. Petit bémol cependant: une montre se porte généralement au poignet gauche, et les lecteurs des portiques sont situés du côté droit.
Les internautes intéressés peuvent précommander l'une des versions proposées (de 35.000 à 70.000 yens - 260 à 520 euros environ), et l'argent ainsi collecté servira au développement jusqu'à la livraison qui devrait être effectuée à partir de mars ou avril prochain.
D'autres versions sont susceptibles d'être développées par la suite, notamment un modèle féminin.
Pour augmenter les fonctions de ladite montre, il suffira a priori uniquement d'en changer le bracelet. Et ce n'est pas la puce Felica qui renchérit beaucoup le coût total puisque cette puce se trouve aussi dans des cartes de transport en plastique qui ne sont facturées que 500 yens (3,70 euros).
La "wena" n'est pas la seule nouveauté que Sony propose à partir d'un programme de financement en ligne.
Il y a eu auparavant la montre Fes (fashion and entertainment) qui change d'aspect, grâce à sa matière identique à un afficheur à encre électronique, tant pour le bracelet que pour l'écran. Le financement a été un succès et elle est désormais vendue via internet pour environ 30 00 yens (225 euros).
Et puis il y a eu les "tag Mesh". Il s'agit de quatre variétés de petits objets ressemblant à une gomme mais qui enferment chacun une fonction électronique: interrupteur, LED colorée, capteur de mouvement et composant entrée/sortie.
Ces tags peuvent être programmés et assemblés entre eux ou avec des objets autres pour réagir et déclencher des actions. Les instructions sont données à ces tags via une application dédiée pour iPad. Il est possible de créér des trucs assez marrants: exemple, faire dire "merci" à un couvercle de poubelle chaque fois qu'il est refermé !