Live Japon : Tokyo Game Show et jeux en streaming

Karyn Poupée
Publié le 20 septembre 2015 à 12h09
Baisse du prix de la PlayStation 4, annonce du nom commercial du casque de réalité virtuelle développé sous l'appellation Project Morpheus, lancement du service de jeu en streaming PlayStation Now: à la veille du Tokyo Game Show 2015, Sony a tenu à marquer son territoire. De fait, les premiers visiteurs de ce grand rendez-vous annuel du jeu vidéo en banlieue de Tokyo se sont rués sur le stand du géant nippon. Mais c'est aussi par défaut que Sony tient la vedette: ses principaux concurrents sont sous-représentés au TGS: Nintendo n'a jamais participé à cette manifestation payante, et Microsoft fait pour ainsi de la figuration au Japon.

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Bilan, en l'absence de lancement de nouvelle console, les médias non spécialisés dans les jeux eux-mêmes n'avaient quasiment d'yeux que pour le PlayStation VR, le casque de réalité virtuelle que Sony doit commercialiser l'année prochaine « à un prix toujours non défini mais que nous voulons rendre le plus attractif possible », dixit les mots d'un responsable de Sony Computer Entertainment interrogé sur le salon. « Kitchen » et plusieurs autres jeux étaient en démonstration avec le PlayStation VR, un engin qui offre des sensations inédites, tout le monde en conviendra. Reste que pour qui n'est pas un adepte de l'immersion totale dans le monde numérique (sans être technophobe pour autant), l'évolution laisse un peu perplexe. Nul ne niera que les joueurs équipés de cet engin s'agitent de façon erratique et totalement incompréhensible de l'extérieur (seul(e) celui(celle) qui joue sait exactement ce qu'il(elle) fait et la raison pour laquelle il(elle) effectue tel ou tel mouvement).


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L'évolution ou la révolution en train de se jouer dans cet univers peut légitimement sembler inquiétante du fait de cette différence inconciliable de perception entre celui qui est dedans et ceux qui sont dehors. L'auteur de ces lignes mesure ses mots pour éviter de se faire trop insulter par des joueurs invétérés (dont certains ne supportent pas la moindre critique ou prise de recul par rapport à ce type de divertissement), mais nul ne peut nier que le caractère artificiel de l'expérience virtuelle ainsi offerte trompe les sens. Il ne s'agit pas de dire c'est mal ou c'est génial, mais de s'interroger: quels sont les effets (négatifs ou positifs) du leurre ainsi créé, c'est ce qui importe. Y a-t-il un danger ou non ? Si oui lequel et pourquoi. On se posait des questions assez similaires en 1979 quand le même Sony lança son Walkman: depuis, le port d'un casque audio dans les lieux publics est devenu banal même si l'on sait que leurs conséquences, sur l'ouïe notamment, ne sont pas nulles. Qu'en sera-t-il avec les lunettes de réalité virtuelle ?


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On ne va pas faire ici étalage de tous les jeux présentés, parfois en avant-première, au TGS 2015, mais simplement signaler que l'autre fait relevé par tous est la présence écrasante des jeux pour smartphones: plus de 500 cette fois, tant pour iOS d'Apple que pour Android de Google. Les jeux pour smartphones sont populaires partout dans le monde, mais les Japonais en sont particulièrement fanatiques. Il est intéressant de noter que les spécialistes nippons des consoles et jeux dédiés que sont Sony et Nintendo tendent de plus en plus à éviter la concurrence frontale, à ne pas opposer jeux sur consoles et sur smartphones mais à créer un pont entre les deux. Nintendo s'est résigné récemment, avant la mort en juillet de son patron Satoru Iwata, à développer des jeux spécifiques pour smartphones avec la société japonaise DeNa, et cette stratégie a des chances de s'amplifier avec le successeur récemment désigné. Sony de son côté essaie plusieurs combinaisons pour que les joueurs sur smartphones soient aussi tentés par les consoles et que les adeptes des deuxièmes ne soient pas incités à s'en détourner au profit des mobiles. Le but des uns et des autres est que les joueurs aient à tout moment la possibilité de jouer avec la configuration qui se prête le plus à chaque situation.


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Le lancement au Japon (après les Etats-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne) du service PlayStation Now s'inscrit dans cet axe: il s'agit de louer des jeux en ligne à l'unité ou selon un forfait mensuel pour l'ensemble de la ludothèque - limitée pour le moment à environ 150 titres - et d'y jouer sans même avoir à télécharger, avec une console (PlayStation 4, PS Vita, notamment) et ultérieurement un smartphone ou même une télévision.
« Les Japonais ne sont pas encore totalement habitués aux services en streaming, mais la tendance est désormais bien amorcée », indique le responsable de Sony Computer Entertainment cité plus haut.
C'est juste: récemment ont été lancées dans l'archipel plusieurs offres de musique en streaming (Line Music, Google Play Music) qui commencent à changer la donne dans un marché dominé par les ventes de CD.
Cette évolution est également renforcée par l'arrivée sur le territoire nippon du prestataire américain de vidéo en ligne Netflix qui a ouvert le 2 septembre son service dans l'archipel. Il propose des contenus et des prix qui obligent les concurrents locaux à ajuster leur offre.

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Avec un premier tarif à moins de 5 euros par mois et un partenariat avec le puissant opérateur de télécommunications SoftBank (qui fait office de guichet d'abonnement), Netflix lorgne sur pas moins de 36 millions de foyers japonais disposant d'un accès internet à très haut débit.
« Nous proposons un petit petit prix qui peut permettre de rendre le service très populaire», avait déclaré le patron de Netflix devant la presse à Tokyo à quelques heures de l'ouverture du service japonais pour lequel a été réalisée une bande-annonce spéciale avec des scènes «d'anime» et voix typiques de séries japonaises pour faire part via internet (Twitter, Facebook, YouTube) de son arrivée sur le territoire nippon.

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Un modèle de téléviseur Panasonic dont la télécommande est dotée d'un bouton «Netflix» est d'ores et déjà disponible «et plusieurs autres sont attendus ultérieurement» dont un Sharp, selon un vendeur d'une grande enseigne d'électroménager. Netflix, qui revendique déjà 65 millions d'utilisateurs dans le monde, considère le Japon comme « un lieu stratégique dans son internationalisation », même s'il est déjà présent dans une cinquantaine de pays.
Après Hulu il y a tout juste quatre ans (service d'origine américaine mais dont la version nippone est contrôlée par un opérateur local), cette arrivée dans l'archipel de Netflix force les autres à bouger, qu'il s'agisse de la chaîne de location de DVD Tsutaya ou d'autres acteurs du monde de la vidéo et des télécoms (dont l'opérateur NTT Docomo ainsi que son rival KDDI associé à la chaîne privée TV Asahi). Ils peuvent d'autant moins se reposer sur leur avance de quelques mois ou années que devrait suivre ce mois-ci également un autre américain, Amazon, avec une offre assez similaire.
Karyn Poupée
Par Karyn Poupée

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