On se souvient que la même action s'était cassée la figure lorsque Nintendo avait eu le malheur à l'automne dernier d'avouer que ladite appli serait lancée avec trois mois de retard sur le calendrier initial, c'est-à-dire pas en décembre 2015 mais en mars 2016. Cette date est désormais confirmée et Nintendo a donc mis en marche la machine à promouvoir son appli qui sera non pas un jeu mais une sorte de nouveau réseau social ludique et « intelligent ».
Nintendo, qui était rétif à venir sur le terrain des divertissements pour mobile, a changé d'avis récemment, tout en maintenant la priorité aux jeux pour consoles spécifiques.
Pour participer à la communauté Miitomo (« tomo » vient de « tomodachi » , ami en japonais), il faudra d'abord créer son Mii, un avatar censé être ressemblant, comme c'est déjà le cas sur les console 3DS et Wii U de Nintendo. Cela se fait simplement en assemblant différentes parties du visage comme dans les portraits robots. Il est possible d'automatiser la procédure en confiant la confection du Mii à l'application, sur la base d'une photographie.
Le Mii ainsi façonné pose ensuite des tas de questions à son double réel afin de cerner et imiter sa personnalité. Les amis virtuels du Mii peuvent aussi à leur tour l'interroger et ainsi se transmettre des informations qui ne sont pas censées être confidentielles. Le partage d'informations sera aussi possible avec les autres réseaux sociaux que sont Twitter, Facebook ou Instagram.
Le fait que le simple lancement du préenregistrement de Miitomo incite les boursicoteurs à se ruer sur l'action Nintendo en dit long sur les espoirs suscités par l'arrivée d'applications de l'illustre maison de Kyoto sur les mobiles. Comme on l'a écrit plusieurs fois ici, les analystes et donneurs d'ordres des marchés financiers pestaient depuis des années pour que Nintendo consente à ne plus dédaigner le marché des smartphones. Certes, le pas fait cette fois est encore petit et les progrès seront lents puisque Nintendo ne promet que 5 applis en tout en un an, mais c'est mieux que rien. Le groupe fait surtout très attention à ne pas cannibaliser son marché (même si cela peut apparaître comme un vœu pieux tant il a déjà été mangé par les autres).
Miitomo fait spéculer mais laisse quand même une partie des observateurs sur leur faim car il ne s'agit pas à proprement parler d'un jeu. Si jamais d'aventure Nintendo se rend compte qu'il y a réellement de l'argent à se faire avec les mobiles, peut-être que la stratégie évoluera, imaginent d'aucuns. En attendant, les comptes de Nintendo ne sont pas particulièrement brillants.
Sa rentabilité s'est certes améliorée parce qu'il tâche de dépenser moins, notamment pour produire ses consoles, mais même s'il se targue de beaux succès comme Splatoon, ses résultats ne sont pas glorieux. D'avril à décembre 2015, le bénéfice d'exploitation du développeur de consoles et de jeux a certes bondi de 34% comparé à celui de la même période de l'année précédente, mais les ventes ont décliné de 4% et le bénéfice net a pour sa part chuté de 32% à 311 millions d'euros.
Les affaires de Nintendo sont loin d'avoir renoué avec la vigueur connue il y a quelques années, le papa de Mario, Pikachu et Zelda souffrant d'un manque patent de nouveautés. Alors que l'actualité du jeu vidéo se fait désormais davantage sur les smartphones, Nintendo rame dans un domaine où il est particulièrement difficile de voguer à contre courant. Ce sont en théorie les jeux attractifs qui incitent à acheter des consoles et la possession de ces dernières qui pousse à acquérir plus de jeux, mais à l'heure actuelle le cercle vertueux tourne à vide.
Nintendo peut toujours rétorquer que Splatoon (4 millions d'exemplaires) et Super Mario Maker (3,34 millions) ont donné du tonus aux ventes de consoles Wii U (3,06 millions écoulées en 9 mois), mais ce n'est pas cela qui va combler le manque à gagner par ailleurs, pas plus que le lancement de nouvelles variantes 3DS ou la commercialisation également au Japon des 2DS dans la catégorie des consoles de poche, accompagnées de jeux Pokemon et autres sagas.
Tant qu'un truc franchement nouveau ne sera pas mis sur le marché, il n'y a pas à attendre beaucoup de Nintendo, estiment désormais des analystes. Nul ne sait cependant ce que nous réserve Nintendo avec la nouvelle console promise (nom provisoire NX) et avec les applis pour mobiles qui suivront Miitomo.
Rappelons quand même que les recettes de ventes annuelles de la maison mère de Mario ont été divisées par quatre en l'espace de moins d'une décennie !