Si l'on a préféré un bébé-phoque à un chien ou un chat, c'est que cela permet de mieux appréhender le fait que ce soit un faux animal - il serait étrange d'élever un vrai bébé phoque chez soi. On vous l 'a déjà présenté ici, parce qu'il est fréquemment exposé dans des salons de robotique ou au Miraikan, le musée des technologies du futur à Tokyo, mais le voir utilisé réellement dans ce type d'établissement est autre chose. Le personnel le chérit comme un vrai animal et n'est pas peu fier de le montrer aux visiteurs. Et les personnes âgées qui vivent ici en ont fait un ami qui leur apporte du réconfort. Selon le roboticien Hiroshi Ishiguro, il faut s'habituer à apprendre à parler avec des robots, c'est le destin de la société nippone où la communication humaine de visu tend à diminuer, pour être remplacée ou non par la communication distante, écrite de plus en plus.
De robots de communication il est souvent question au Japon. Cela fait des années déjà que l'on nous serine avec les « robots de compagnie », mais ils ne sont commercialisés que depuis ces derniers mois. Il y a bien sûr Pepper, dont on a critiqué ici-même il y a peu le marketing outrancier dont il fait l'objet. Il n'empêche, des particuliers s'en sont dotés. Une famille cliente a été présentée cette semaine dans le journal Asahi. Le père et les deux garçons avaient manifestement un côté « otaku » (mordu de technologie au point d'y passer ses journées et y laisser des fortunes). C'est que le semi-androïde a beau n'être pas très cher à l'achat (1.500 euros environs), ensuite il faut payer plusieurs centaines d'euros tous les mois pour qu'il soit à même de parler, enrichisse son vocabulaire et ait une quelconque utilité. La famille interrogée par l'Asahi avoue à demi-mot que Pepper n'est pas encore tout-à-fait au point, mais elle se consolera en se disant qu'elle a eu une demi-page de gloire dans un grand quotidien national.
Une semaine plus tôt, en faisant des courses dans le quartier de Oimachi à Tokyo, l'auteur de ces ligne s'est retrouvée nez-à-nez avec un Pepper qui tentait d'attirer les clients dans une boutique SoftBank. Puis, quelques encablures plus loin, dans un autre magasin, en achetant un jouet, ce sont d'autres robots domestiques qui sont tombés sous ses yeux, qui trônaient là en tête de gondole.
S'ils sont au rayon des jouets et non classés parmi les appareils domestiques, c'est bien qu'ils sont encore assez peu utiles au foyer, moins qu'un lave-linge ou un réfrigérateur. La plupart de ces robots sont des créatures imaginées par Takara-Tomy et vendus entre 100 et 300 euros.
Cette entreprise s'applique à créer des robots depuis 1961, avec un premier modèle alors appelé Mr. Mercury, qui se pilotait avec une télécommande à fil. Il n'avait en gros de robot que la forme.
En 1982, le même Takara-Tomy proposait Armtron, une sorte de réplique de bras manipulateur industriel comme savent si bien les faire Denso ou Fanuc. En 1984 arriva sur le marché Omnibot, un engin programmable qui fonctionnait avec un enregistreur à cassette magnétique. En 2007, vit surgir l'androïde « le plus petit du monde », Isobot.
Depuis, Takara-Tomy a mis sur le marché Robi Junior, un robot qui ressemble grandement à Kirobo, le petit robot façon Astro envoyé dans l'espace. Son aîné Robi était vendu en pièces détachées chaque mois et coûtait à l'arrivée dix fois plus (environ 1.000 euros), sans compter les heures de minutieux travail pour l'assembler. Ces créatures ont le même papa, un designer japonais appelé Takahashi qui sait donner à ses robots une allure trognonne dans la forme et les attitudes. Il y a aussi Hello MiP, un robot télécommandé avec un iPhone.
Et puis, l'un des derniers nés, Ohanas, une sorte de boule avec des oreilles, commercialisé en octobre dernier en collaboration avec l'opérateur de télécommunications NTT Docomo. Ce Ohanas (« hanasu » veut dire parler) est celui qui prétend le plus rivaliser avec Pepper en ayant des fonction assez similaires tout en étant dix fois moins encombrant et dix fois moins cher.