Dans les semaines, mois et années qui suivirent, diverses entreprises se sont tour à tour impliquées dans la résolution de cette crise sans précédent. Parmi elles, figurent des noms très familiers de la chronique Live Japon comme Toshiba, Hitachi, Panasonic, Fujitsu, ... Au fil des années, leur rôle a changé et s'est parfois accru.
Toshiba, le spécialiste des ordinateurs portables, des mémoires flashs NAND, des TV et de l'électroménager, est un des constructeurs des réacteurs des centrales en question. Hitachi, que l'on connaît davantage pour ses disques durs et autres périphériques informatiques ou ses TV et produits blancs, en est aussi. Les deux ont donc d'emblée été forcés de venir prêter main forte sur le site où leurs équipements étaient devenus inopérants
Toshiba comme Hitachi ont fabriqué ensuite d'importants engins pour le démantèlement, à commencer par les systèmes d'extraction des assemblages de combustible usé des piscines d'entreposage qui sont d'ailleurs en piteux état. Les 1.533 assemblages de celle qui était la plus fragilisée, la numéro 4, s'est effectuée sans accident entre fin 2013 et fin 2014, mais le travail sur les trois autres n'est pas commencé.
Les deux ont aussi conçu des systèmes de décontamination de l'eau, qui servent à retirer la plupart des radionucléîdes des eaux souterraines pompées et stockées dans des réservoir géants (plus d'un millier) et des eaux de pluie. Pas moins de 870 000 m3 de liquide plus ou moins souillé attend sur place qu'on décide ce qu'on en fera.
Toshiba fournit aussi une bonne partie des dizaines d'ordinateurs ainsi que de moniteurs divers de la salle de contrôle logée dans le bâtiment parasismique de Fukushima daiichi
Toshiba et Hitachi (au côté notamment de Mitsubishi Heavy Industries) développent aussi des robots qui sont censés faire des inspections dans les bâtiments des réacteurs en tout ou partie inaccessibles à l'homme, ou encore des engins pour dégager les décombres.
Et c'est là qu'apparaît malgré lui... Sony. Car une partie de ces robots sont télécommandés avec des manettes de PlayStation. Eh oui, inutile de développer des outils spéciaux alors qu'il existe dans le commerce des outils qui, question maniabilité, ont fait leurs preuves. Il est en outre à peu près certain que les capteurs des caméras d'une partie de ces robots sont aussi fabriqués par Sony qui domine ce marché.
Ce n'est pas tout: on rencontre d'autres noms du secteur de l'électronique à Fukushima daiichi: Panasonic par exemple: c'est lui qui a fourni des milliers de dosimètres individuels et des armoires de recharge. On aperçoit aussi sur place des TV plasma Panasonic qui sont associées à un système de visioconférence possiblement fabriqué par cette même entreprise.
En dehors de la centrale aussi les dosimètres sont devenus sinon indispensables du moins fortement recommandés pour les citoyens et les enfants des villes non évacuées mais néanmoins touchées par le panache radioactif. Divers fabricants se sont tôt mis sur les rangs pour proposer des modèles de base faciles à employer. Les municipalités en ont distribué gratuitement aux enfants.
Toutefois, certains estiment que forcer les gens à suivre en permanence leur exposition aux radiations revient à leur faire porter une partie de la responsabilité de leur contamination: en effet, puisqu'ils peuvent contrôler, c'est de leur faute s'ils absorbent in fine des doses trop importantes. Ceci et d'autres contraintes font que, contrairement à ce que dit le gouvernement, il n'est pas possible de mener une vie normale dans la préfecture de Fukushima, un nom qui à jamais sera associé à cet accident nucléaire. Reliés en réseau, des dosimètres (notamment conçus par Fujitsu) sont installés sur les routes, sur les places des villes et un peu partout, qui rappellent sans cesse, quels que soient les chiffres affichés, qu'on est ici dans l'anormalité.
L'Etat japonais, soucieux de faire revenir des entreprises dans la région, offre des subventions à celles qui y font naître ou renaître une activité. Et revoici nos firmes bien connues: Panasonic a transformé en « usine à légumes » une ancienne fabrique de semi-conducteurs de l'agglomération de Fukushima (à environ 70 km de la centrale),Le grand nom du matériel et des services informatiques Fujitsu a fait la même chose non loin de là. Nous avions eu l'occasion de vous présenter ces installations aseptisées (comme le sont les salles blanches de fabrication de puces électroniques) qui, plus que partout ailleurs, sont pertinentes dans la région de Fukushima où, bien que la radioactivité ait baissé, demeure des inquiétudes sur les aliments.
Plusieurs entreprises ont aussi conçu une machine totalement nouvelle qui permet de mesurer la radioactivité des sacs de riz à une vitesse record, ce qui a permis de contrôler toute la production rizicole de la province de Fukushima pour constater qu'elle ne dépassait pas la limite sévère en vigueur de 100 becquerels par kilogramme.