Sur scène cette fois, une fausse touriste (anglophone et japonophone), dans un aéroport, qui trouve ce qu'elle cherche grâce aux renseignements donnés par deux Emiew3 capables de parler les deux langues et de se coordonner entre eux. Le sketch joué est assez convaincant, et les attitudes des deux robots assez marrantes mais les hésitations à maintes reprises montrent qu'il y a encore des progrès à faire. Une autre démonstration ensuite portait sur l'usage d'un tel robot dans un magasin d'électroménager. Un client hésite devant des lave-linge, le robot le repère, lui adresse la parole, et lui pose des questions sur ses besoins pour finir par lui conseiller un modèle.
Contrairement à la première démonstration, celle-là est faite en marge de la conférence de presse, à plusieurs reprises. Pas une fois cependant, le scénario ne change (ni les réponse du client, ni les questions du robot). Et un opérateur se trouve derrière un paravent, qui fait douter du caractère spontané des propos et postures du robot. A vrai dire, l'auteur de ces lignes pense que, comme pour Pepper lors des présentations devant les journalistes, tout était en partie au moins programmé. D'ailleurs vérification faite, un autre opérateur se trouvait aussi derrière un paravent lors de la présentation sur scène.
La nouvelle créature, Emiew3, est un frère cadet d'Emiew 2 qu'avait présenté Hitachi en 2007, mais qui n'avait pas connu de réelle suite depuis, notamment en raison de la crise financière qui avait forcé tous les groupes japonais à faire des coupes sombres dans les dépenses. « Nous n'avons toutefois pas complètement arrêté la R&D », a assuré un responsable du groupe durant la conférence de presse.
Regain d'intérêt pour ce genre d'automate aidant, Hitachi a décidé d'amplifier les travaux dans le but de développer un nouvel Emiew en capitalisant sur ses avancées par ailleurs, dans l'informatique, la robotique industrielle et l'intelligence artificielle.
«La société japonaise évolue, avec la mondialisation, divers styles de vie, le vieillissement de la population, et parallèlement les techniques avancent (capteurs, réseaux, etc.)», explique un ingénieur de Hitachi, Atsushi Baba.
«Dans ce contexte, les robots capables de cohabiter et communiquer avec les humains peuvent offrir un réel soutien aux activités économiques», insiste-t-il.
Emiew3 est équipé de 14 microphones, de nombreux capteurs et emploi aussi les données issues par exemple de caméras de surveillance. Il se déplace sur roulettes à la vitesse maximum de 6 km/h. Il est censé repérer les individus situés non loin, aller à leur rencontre, les interpeler et répondre à leurs questions.
«Il repose sur un cerveau déporté (un serveur informatique)» avec lequel il communique sans fil et "pour changer de langue, il suffit d'employer un programme différent", précise M. Baba.
La plateforme informatique à laquelle il est relié lui donne des aptitudes en termes de comportement et de connaissances communes, mais il peut aussi être relié à des bases de données diverses en fonction de la mission qui lui est assignée (cartographie d'un lieu, manuels d'emploi, etc.). C'est évidemment en conditions d'exploitation réelle que l'on pourra jugé de sa pertinence. « Il va falloir des robots pour pallier au manque de main-d'oeuvre », a répété M. Baba, sans à aucun moment suggérer le fait que plutôt que se contenter de faire appel à des robots, le Japon pourrait songer à accueillir plus de personnes étrangères pour travailler, pas seulement en tant que touristes. Car si les automates peuvent travailler, il ne font pas tourner la machine économique: une fois leur journée de labeur terminée, ils vont se recharger et ne dépensent pas un yen.
La question ne se pose en fait même pas pour la plupart des Nippons. Passons.
Hitachi va travailler avec les clients potentiels de ce robot afin de concevoir des applications diverses pour l'industrie, les bureaux, les hôpitaux et les institutions financières, mais c'est particulièrement dans les lieux fréquentés par les touristes (aéroports, commerces, gares, lieux de loisirs) que vous aurez peut-être le plus de chance d'en croiser des spécimens. «Nous allons mener différentes expérimentations et espérons proposer des services à partir de 2018», avec en ligne de mire deux ans plus tard les jeux Olympiques de Tokyo et leur flux de touristes en quête d'informations.
Emiew3 (qui deviendra peut-être ultérieurement Emiew4 avec des fonctionnalités plus poussées) vient ainsi concurrencer Pepper de SoftBan/Aldebaran qui, même s'il a déjà trouvé du boulot dans des commerces et autres lieux est loin de pouvoir remplacer un humain et est encore plutôt assimilable à une tablette sur roulettes avec quelques notions de conversation. Celui croisé cet après-midi était carrément muet et nous a superbement ignoré. Les vendeurs de l'agence SoftBank ne s'en préoccupaient même plus. Il faisait pitié.