La Commission européenne souhaiterait concurrencer les GAFA en créant un super-fonds de plusieurs dizaines de milliards d'euros.
L'Union européenne a conscience d'avoir pris beaucoup de retard en matière de numérique sur ses principaux concurrents chinois et, surtout, américains. Pour tenter de rééquilibrer le rapport de force, l'UE pourrait établir une nouvelle stratégie très coûteuse visant à bâtir le Amazon, le Facebook, le Tencent, le Baidu ou le Google européen. La Commission européenne a élaboré un plan XXL dans lequel elle détaille ses ambitions ainsi que le changement de comportement à adopter pour lutter contre les mastodontes américains.
Les 100 milliards d'euros réinvestis dans des entreprises numériques à fort potentiel
Nos confrères de Politico ont pu se procurer le document dans lequel des responsables de la Commission européenne appellent leur présidente, Ursula von der Leyen, à créer un fonds de 100 milliards d'euros, qui serait alimenté par les budgets des États membres de l'Union. Si le montant ne représente que 3,5% de la capitalisation boursière des GAFA américains, comme l'indique le Journal de l'Économie, il reste extrêmement conséquent.Dans les faits, cette somme serait investie via le système de prises de participation des États membres dans des entreprises européennes prometteuses et au potentiel certain. Les membres de la Commission et auteurs du document militent également pour que l'UE se montre plus féroce dans sa guerre commerciale avec les États-Unis. Si l'Europe ne veut pas s'éloigner un peu des USA et de la Chine, ils réclament que des droits de douane significatifs soient imposés unilatéralement au pays dirigé par Donald Trump.
L'UE n'oublie pas la Chine, qui accorde de lourdes subventions à ses propres entreprises pour booster leur développement. Dans le document, les responsables de la Commission européenne souhaitent donc que la participation de l'empire du Milieu aux appels d'offres sur le sol européen soit moins aisée qu'aujourd'hui.
L'UE pourra mieux agir une fois le Brexit entériné
Mais pour l'heure, toute tentative de chamboulement technico-politique s'avère compliquée. En attendant le Brexit, le Royaume-Uni reste membre de l'Union européenne, ce qui lui permettra jusqu'à sa sortie définitive de poser son veto à toute proposition. Une fois les Britanniques en dehors de la zone, la France et l'Allemagne, qui emmènent la politique numérique, disposeront d'une marge de manœuvre plus importante.Amazon : la Commission européenne ouvre une enquête pour d'éventuelles pratiques anticoncurrentielles
La Commission européenne souhaite s'inspirer de réussites passées, comme la norme mondiale pour les smartphones, qui avait permis à Nokia de se faire un nom sur toute la planète ; mais aussi de sa Commissaire à la Concurrence, l'intrépide Margrethe Vestager, qui menace d'ailleurs Google d'une nouvelle enquête pour abus de position dominante concernant Google for Jobs, après avoir déjà adressé des milliards d'euros d'amende à la firme américaine.
Source : Politico