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Le réseau social a été contraint de bloquer un important groupe de sa plateforme thaïlandaise, sous pression du gouvernement. Un blocage que l'entreprise entend contester.

Quand on devient une société à l'influence internationale, comme Facebook, il est difficile d'éviter les conflits inhérents à certains régimes ou gouvernements. Le géant des réseaux sociaux touche le problème du doigt en Thaïlande depuis plusieurs semaines, où le gouvernement lui a demandé non sans insister de bloquer l'accès à un groupe très influent au pays du Sourire, pourtant loin d'être à la fête.

Le gouvernement thaïlandais (était) prêt à accuser Facebook d'avoir violé la loi sur la criminalité informatique

Lundi 24 août en soirée, Facebook a bloqué l'accès au groupe « Royalist Marketplace », cédant ainsi à la pression du gouvernement monarchique thaïlandais, qui affirme que celui-ci hébergeait des contenus diffamatoires pour le régime. Le groupe, qui réunissait 1 million de membres, avait été créé sur la plateforme au mois d'avril par l'ancien diplomate et universitaire Pavin Chachavalpongpun, qui s'était auto-exilé au Japon, en tant que critique de la monarchie.

Le gouvernement thaïlandais n'a pas vraiment laissé le choix à Facebook. Le 10 août dernier, il avait annoncé laisser 15 jours au réseau social pour appliquer les ordonnances de retrait des contenus délivrées par la justice de la monarchie. À défaut, l'entreprise aurait été accusée d'enfreindre la loi sur la criminalité informatique, risquant une astreinte quotidienne pouvant atteindre plusieurs milliers de dollars.

Facebook a finalement coopéré quelques heures avant la date limite, ce que n'a pas manqué de saluer le porte-parole du ministère du numérique, Putchapong Nodthaisong, qui estime que la firme de Mark Zuckerberg a compris le contexte de la société thaïlandaise, qui traverse sa plus grosse économique depuis 1998, sur fond de coronavirus, avec une économie qui s'est contractée de 12,2% au second trimestre.

Facebook se prépare à saisir la justice

Facebook n'entend pas s'arrêter là. Sur place, le groupe a indiqué, ce mardi, prévoir de contester sur le plan juridique la décision du gouvernement local de l'avoir contraint de bloquer l'accès à un groupe, tout simplement parce qu'il adoptait une position critique à l'encontre du roi du pays, Rama X, bien qu'il soit illégal d'attenter ne serait-ce que verbalement au monarque dans le pays.

« Des demandes comme celles-ci sont graves, contreviennent au droit international des droits humains et ont un effet dissuasif sur la capacité des gens à s'exprimer », a déclaré, visiblement remonté, un porte-parole de Facebook dans un communiqué transmis à nos confrères de Reuters. « Nous travaillons à protéger et défendre les droits de tous les internautes, et nous nous préparons à contester légalement cette demande », a-t-il confirmé.

Le dissident Pavin Chachavalpongpun, lui, a regretté la décision de Facebook d'avoir cédé aux exigences du gouvernement, considérant que le média social a coopéré avec le régime pour « faire obstacle à la démocratie et cultiver l'autoritarisme en Thaïlande ».

Sources : TechCrunch, Reuters