Nouveau coup dur pour Facebook. Alors que l’entreprise peine à s’extirper des récents scandales, de nouvelles révélations viennent accabler le réseau social.
Selon plusieurs médias américains, l’entreprise de Mark Zuckerberg avait conscience de la radicalisation de nombreux utilisateurs et utilisatrices et de leur mise en avant, mais n’a pas réagi.
Facebook épinglé pour son inaction
De nouvelles révélations viennent accabler Facebook. Vendredi 22 octobre, plusieurs médias américains ont publié des articles sur le rôle du réseau social dans la polarisation de la vie politique aux États-Unis. D’après ces nouveaux documents, Facebook avait conscience de la radicalisation de nombreux utilisateurs et du flot de désinformation lors de l'élection présidentielle américaine de 2020, mais n’a pas réagi. Et cette inaction a conduit à plusieurs incidents, parfois mortels.
Par exemple, début novembre 2020, quelques jours après le scrutin, un analyste a fait savoir à ses collègues que 10 % des contenus politiques américains étaient des messages clamant que le vote avait été truqué. Un discours sans fondement martelé par Donald Trump et qui a conduit aux émeutes du Capitole le 6 janvier 2021, où plusieurs personnes ont trouvé la mort. Suite aux événements, Twitter et plusieurs autres réseaux sociaux ont banni l’ex-président et les mouvements extrémistes impliqués. Facebook avait suivi également, mais le problème aurait pu être mieux anticipé. C’est un peu le fil rouge des révélations de ces dernières semaines : le géant américain avait conscience de la situation mais a préféré l'ignorer, en grande partie.
Quand l’algorithme favorise les groupes radicaux
Un second lanceur d’alerte, également ancien employé de l’entreprise, accuse les dirigeants de faire passer les profits avant la modération des contenus problématiques. Dans des documents transmis aux médias américains, il relatait les propos de Tucker Bounds au sujet de l’interférence de la Russie dans les élections présidentielles de 2016 via sa plateforme. Le membre de l’équipe de communication aurait déclaré :
« Ce sera un feu de paille. Des élus vont râler. Et d'ici quelques semaines, ils seront passés à autre chose. En attendant on imprime de l'argent au sous-sol et tout va bien. »
Plus accablant, il assure que les managers de Facebook sapaient régulièrement les efforts de lutte contre les discours haineux et contre la désinformation. Les cadres craignaient en effet de mettre en colère Donald Trump et ses partisans, et par conséquent de perdre l’attention des utilisateurs, essentielle pour ses profits.
« Le voyage de Carol vers QAnon », un rapport interne envoyé à la SEC (l'autorité boursière), évoque également la création d’un faux compte par un chercheur payé par l’entreprise pour étudier la polarisation de ses utilisateurs. D’après lui, dès l’été 2019, cette fausse mère de famille conservatrice était exposée à un « torrent de contenus extrêmes, conspirationnistes et choquants », dont des groupes liés à QAnon. Sans que le compte ne donne jamais d’intérêt aux groupes de cette mouvance, l'algorithme poussait continuellement leurs contenus, qui enfreignaient pourtant les règles de la plateforme. Facebook aurait conduit plusieurs expériences similaires ces dernières années, toujours avec le même résultat : les groupes extrémistes étaient largement mis en avant.
Face à cette nouvelle vague de révélations, Facebook a publié un communiqué et se défend : « La responsabilité de l’insurrection revient à ceux qui ont enfreint la loi et à ceux qui les y ont incités ». L’entreprise rappelle également les « mesures additionnelles » prises pour lutter contre la désinformation, pour épurer sa plateforme et soutenir le processus démocratique. Pour rappel, Facebook souhaiterait prochainement changer de nom la semaine prochaine. De quoi peut-être faire oublier les déboires actuels du groupe.
Source : NBCnews, WashingtonPost