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Accusé d'exploiter une faille de WhatsApp pour injecter le logiciel espion Pegasus, NSO Group peut désormais faire l'objet d'une action en justice, que veut intenter le groupe Meta, anciennement Facebook.

Après avoir récemment ajouté NSO Group, le fabricant israélien de Pegasus, à leur liste noire, les États-Unis vont pouvoir passer à la vitesse supérieure. Et c'est par l'intermédiaire de Facebook qu'ils vont pouvoir le faire. Une cour d'appel américaine, basée à San Francisco, a en effet déclaré, lundi, que le groupe Meta avait reçu l'autorisation et la possibilité d'intenter une action en justice contre NSO Group.

WhatsApp ne supporte pas d'avoir servi d'outil permettant la surveillance de centaines de personnes contre leur gré

Si Meta en a après NSO Group, c'est parce qu'il reproche à l'entreprise éditrice de Pegasus d'avoir exploité une vulnérabilité de son application de messagerie instantanée WhatsApp pour y installer le logiciel espion. L'exploitation du bogue aurait en effet eu pour conséquence de placer 1 400 personnes sous surveillance contre leur gré.

Parmi les personnes espionnées, on retrouve des militants des droits humains, des journalistes ou encore des opposants politiques. Un porte-parole de WhatsApp, Joshua Breckman, a réagi à la décision rendue par la cour d'appel américaine, la qualifiant d' « étape importante pour tenir NSO responsable de ses attaques contre les journalistes, les défenseurs des droits humains et les chefs de gouvernement », rapporte l'agence Reuters.

NSO Group a fait valoir, pour sa défense, être à l'abri de toute poursuite judiciaire, dans le sens où elle avait exercé comme un agent issu d'un gouvernement étranger. La cour d'appel des États-Unis pour le neuvième circuit, une cour d'appel fédérale, n'a pas retenu cet argument.

La justice américaine refuse d'accorder à NSO Group une « immunité souveraine étrangère »

Meta, à l'époque Facebook, avait déjà intenté une action en justice contre NSO Group par le passé. Dès octobre 2019, la firme américaine reprochait à NSO d'avoir accédé aux serveurs de WhatsApp sans aucune autorisation, au début de l'année, pour installer son logiciel espion Pegasus directement sur les smartphones des victimes.

Dans la bataille argument contre argument, NSO faisait alors valoir que son logiciel ne faisait qu'aider les services d'ordre et de renseignement israéliens à lutter contre le crime et à préserver la sécurité nationale de la nation. En juillet 2020, en première instance, le juge américain avait refusé d'accorder une immunité souveraine à NSO Group, qui se prévalait d'une doctrine de common law censée protéger les agents étrangers qui agissent en leur qualité officielle. L'entreprise israélienne avait alors fait appel de cette décision.

Aujourd'hui, la cour d'appel considère que NSO Group n'est pas protégée, la loi fédérale prévalant sur la common law, la loi devançant ainsi la jurisprudence des tribunaux. « Quoi que les clients gouvernementaux de NSO fassent avec sa technologie et ses services, cela ne fait pas de NSO une agence ou un instrument d'un État étranger », a réagi la juge Danielle Forrest.

Dans cette affaire, qui repassera donc par la case « juge de district », Meta est soutenu par Alphabet (Google), Microsoft ou encore Cisco, qui ont tous qualifié le logiciel de surveillance utilisé par Pegasus de « puissant et dangereux ».

Source : Reuters