Le metaverse de Meta connaît déjà la polémique, avec le témoignage d'une femme qui dénonce une agression sexuelle dans le tout nouvel univers virtuel, en proie à diverses dérives.
Quelques jours seulement après son lancement aux États-Unis et au Canada dans une version ouverte à tous les utilisateurs de plus de 18 ans, l'application Horizon Worlds, accessible via les casques et lunettes VR de Meta, a rapidement révélé les dangers qui pourraient découler de cet univers entièrement virtuel. Une femme aurait, selon la firme de Mark Zuckerberg, fait part, le 26 novembre, d'une agression sexuelle dont elle aurait été victime via son avatar, sur les serveurs du metaverse.
Horizon Worlds et le metaverse, les premières dérives
Bêtatesteuse au moment des faits, une utilisatrice d'Horizon Worlds, qui devait donc rapporter aux équipes de Meta le moindre accroc subi sur la plateforme, a déclaré que son personnage avait subi une agression sexuelle.
« Non seulement, on m'a tripotée hier soir, mais d'autres personnes ont soutenu ce comportement, ce qui m'a fait me sentir isolée », a-t-elle expliqué. Les faits se sont déroulés au niveau du Plaza, qu'on peut considérer comme le centre-ville du metaverse. « Le harcèlement sexuel, c'est déjà grave en ligne, mais la réalité virtuelle vient ajouter de l'intensité à ce type d'événement », a ajouté l'utilisatrice, particulièrement choquée du comportement des autres bêtatesteurs.
L'incident a été confirmé par Meta, qui considère cet événement comme « absolument regrettable » par l'intermédiaire du responsable du développement d'Horizon Worlds, Vivek Sharma. Et ce dernier de rappeler qu'il est possible, dans le metaverse, de créer son propre espace virtuel privé, dépourvu de toute interaction. Une « Safe Zone », qui est un outil qui préserve l'utilisateur qui ne peut ni être contacté, ni touché par un autre. Meta semble d'ailleurs sous-entendre que la victime aurait dû utiliser ce service, ce qui peut interpeller.
La crainte d'une transposition du harcèlement du jeu à la réalité virtuelle
Meta promet de continuer à améliorer son interface utilisateur, pour faciliter notamment le signalement de tout comportement suspect. Sauf que mettre à disposition des utilisateurs un outil censé les protéger de certains agissements peut à la fois faire peser une sorte de responsabilité sur l'utilisateur ou utilisatrice lésé(e) mais peut aussi donner une image déplorable d'une plateforme que l'on imagine simple et bienveillante, mais qui semble finalement déjà à l'image de la société, la vraie.
Nos confrères de Bloomberg ont en effet également fait état d'une autre expérience toute particulière vécue sur la plateforme. La journaliste Parmy Olson a par exemple évoqué une période de test à la fois « amusante et excitante », mais aussi « intense, fatigante et souvent gênante ». Dans le hall d'accueil d'Horizon Venues, elle était la seule femme, au milieu d'une douzaine d'hommes, ce qui peut donner un aperçu du public – à l'instant T – du metaverse. Elle a également fait le parallèle avec certains comportements oppressants de la vie réelle. Son personnage fut par exemple encerclé par un groupe d'hommes silencieux, certains la prenant en photo, d'autres zoomant sur son avatar.
Et si la journaliste américaine n'omet pas qu'elle a fait des rencontres sympathiques et agréables durant son expérience, elle est convaincue que les problèmes de harcèlement « qui existent dans les jeux depuis des années arrivent dans la réalité virtuelle sociale ». Sa conclusion fut même d'évoquer un certain inconfort lors de sa balade. Pour le moment et sans doute pour de nombreuses années, le metaverse traversera une période de turbulence – loin, comme souvent, de toute réglementation juridique – qui sans doute pourrait finir par éteindre la belle promesse de départ.