Interrogé par un tribunal américain, des employés de Meta ont révélé la gestion catastrophique des données de l'entreprise.
Dans un témoignage dévoilé cette semaine, deux ingénieurs de Facebook ont évoqué de graves dysfonctionnements dans l'organisation de la firme. Particulièrement inquiétante, la gestion des données personnelles des utilisateurs par le réseau social a été largement pointée du doigt.
Il est presque impossible pour Facebook de retrouver vos informations
Devant un tribunal qui lui demandait où étaient stockées les informations personnelles des utilisateurs, l'un des ingénieurs sénior de Meta a reconnu « [qu'il serait] surpris s'il y avait ne serait-ce qu'une seule personne qui puisse répondre précisément à cette question ». Visiblement mal à l'aise, les salariés de Facebook ont eu toutes les peines du monde à répondre aux questions de la cour, même les plus basiques.
Aussi affligés que terrifiés, plusieurs experts en sécurité des données se sont alarmés. Parmi eux se trouve Jason Kint, qui dirige l'organisation Digital Content Next et fait partie des plus virulents détracteurs de Facebook. Il accuse Meta d'avoir « absorbé les données de milliards de personnes » et de laisser « le monde réel en gérer les conséquences ». Eugene Zarashow, l'ingénieur interrogé, a d'ailleurs reconnu avoir été lui-même terrifié lorsqu'il a commencé à travailler pour le réseau social.
Un porte-parole de Meta a répondu que la sophistication des systèmes de l'entreprise était telle qu'il était impossible pour un seul ingénieur de répondre à toutes les questions sur l'ensemble des données personnelles stockées. Ce qui n'apporte pas vraiment de précisions par rapport à la déclaration de Zarashow. Le porte-parole a ajouté que le système de protection des données de Meta était l'un des plus avancés et que l'entreprise continuait à investir dans les obligations au respect de la vie privée et dans le contrôle des données.
La sécurité des données chez Facebook, un problème qui ne date pas d'hier
C'est pourtant loin d'être la première fois que le réseau social américain est critiqué pour sa gestion cavalière, si ce n'est délictuelle, des données personnelles de ses membres. Le cadre même de ces révélations en est un cruel rappel, puisqu'elles ont eu lieu au cours d'un procès pour lequel l'entreprise de Mark Zuckerberg était déjà sur le banc des accusés. Ce procès est rattaché au scandale Cambridge Analytica, qui porte le nom de la firme qui avait siphonné les informations de millions de personnes grâce à Facebook, les utilisant ensuite pour créer des campagnes d'influence ciblées en faveur du Brexit et de Donald Trump.
De nombreux événements démontrent le rapport ambigu de Meta avec les données personnelles. En 2019, la société de Mark Zuckerberg a dû trouver un accord à l'amiable avec la justice américaine et s'acquitter d'une amende de 5 milliards de dollars à la suite de plusieurs autres scandales de fuites de données.
Sources : Vice, Le Parisien
