Nouvelle offensive européenne sur la protection des données des utilisateurs européens : Meta pourrait avoir à changer son système de publicités ciblées en Europe.
Le Comité européen de la protection des données (EDPB en anglais) a rendu, ce mardi, une décision en faveur d'un activiste de la protection des données. Celui-ci accusait Facebook et Instagram d'enfouir le consentement à l'utilisation de leurs données personnelles pour des publicités ciblées dans leurs conditions générales d'utilisation, sans réelle possibilité de la refuser. Cette décision pourrait remettre en cause tout le modèle économique de Meta sur le continent européen.
Que signifie ce jugement de l'EDPB ?
Max Schrems est un activiste autrichien qui milite pour la protection des données personnelles sur Internet. En 2018, il avait déposé une plainte contre Meta, accusant l'entreprise de ne pas laisser de choix réel à ses utilisateurs quant à l'utilisation de leurs données de navigation pour de la publicité ciblées. Schrems a ainsi déclaré qu'« au lieu d'avoir un simple bouton oui/non pour les publicités personnalisées, ils ont déplacé la clause de consentement dans les termes et conditions. Ce n'est pas seulement déloyal, c'est tout simplement illégal. Nous ne connaissons pas d'entreprise qui ait tenté de contourner les règles du RGPD de façon si arrogante. »
Après 4 années de procédure, l'EDPB lui a donc finalement donné raison. Le comité laisse un mois à l'agence irlandaise de protection des données, dont est dépendante Meta, pour émettre un jugement sur la question, qui pourrait donner lieu à de lourdes amendes s'il n'était pas respecté. Pour Schrems, cette décision signifie que les plateformes de Meta doivent pouvoir être utilisées dans une version qui ne se sert pas des données personnelles pour proposer des publicités si l'utilisateur n'en donne pas le consentement explicite.
Le modèle économique de Meta remis en question
Le cours de l'action de Meta affichait une baisse de 6,8 % de sa valorisation en clôture, ce mardi. Cette baisse ne peut certes pas être entièrement imputée à cette décision, à l'heure où plusieurs gouvernements dans le monde souhaitent que les réseaux sociaux rémunèrent les titres de presse pour les articles qu'ils affichent. Mais à l'évidence, les actionnaires l'ont plutôt mal pris, et probablement à raison.
D'abord, notons que 4 années de contournement du RGPD devraient vraisemblablement donner lieu à une considérable amende pour Meta de la part de l'Union européenne, qui a la main lourde dans ce type d'affaire depuis quelques années. Mais surtout, le modèle économique de la maison mère de Facebook repose essentiellement sur ces publicités ciblées. L'entreprise, déjà en difficulté, n'a pas réellement d'alternative crédible pour remplacer ces revenus si un trop grand nombre d'utilisateurs refusent de donner leur consentement lorsqu'ils en auront réellement le choix.