Plusieurs groupes influents, au milieu desquels on retrouve des multinationales comme Coca-Cola, ont décidé de faire pression sur le géant des réseaux sociaux, pour mieux lutter contre les contenus racistes et haineux.
Depuis plusieurs jours, l'entreprise Facebook est en train d'essuyer des retraits auxquels elle ne s'attendait absolument pas. Dans un contexte qui fait suite à l'affaire Floyd et à la mobilisation mondiale contre le racisme, plusieurs sociétés de renom ont décidé de boycotter Facebook en retirant leurs annonces publicitaires de sa plateforme, et ainsi frapper Mark Zuckerberg où cela est le plus douloureux : au porte-monnaie.
Les associations pointent du doigt l'inaction de Facebook en matière de haine et de racisme
L'idée du boycott fut lancée la semaine dernière par plusieurs associations de défense des droits civils aux États-Unis, dont la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), l'association nationale pour la promotion des gens de couleur, qui avait appelé les entreprises à ne plus publier de publicités durant en mois entier.
Les associations, qui ont donc lancé une campagne baptisée Stop hate for profit (« Non à la haine pour les profits »), veulent toucher la première source de revenus du roi des réseaux sociaux, Facebook, et ainsi pointer du doigt une entreprise qui, selon elle, ne fait que trop peu pour lutter contre les contenus racistes et haineux, ou ceux appelant à la violence.
Et même si Mark Zuckerberg a annoncé, dans la nuit de jeudi à vendredi, que ses réseaux sociaux supprimeraient désormais après publication les annonces affirmant que les personnes de certaines origines, nationalités, ethnies, orientations sexuelles ou genres représentent une menace pour la santé ou la sécurité, ses annonceurs ne semblent pas encore convaincus.
Certains géants vont suspendre leur budget pub dédié à Facebook jusqu'à la fin de l'année !
Parmi les entreprises qui ont décidé de taper du poing sur la table et de retirer leurs annonces prévues pour être diffusées au mois de juillet sur Facebook, on retrouve Coca-Cola, Unilever, le géant des télécoms Verizon. La marque de glaces et de sorbets Ben & Jerry's (une filiale d'Unilever d'ailleurs) fut la première à dégainer en annonçant, dès le 23 juin, « mettre en pause toutes les publicités payantes sur Facebook et Instagram aux États-Unis, pour soutenir la campagne Stop hate for profit ». Et l'entreprise de sommer Facebook à « prendre des mesures claires et sans équivoque pour empêcher sa plateforme d'être utilisée pour diffuser et amplifier racisme et haine ».
Unilever a finalement annoncé, en fin de semaine dernière, la suspension de ses campagnes publicitaires sur Facebook, Instagram, mais aussi sur Twitter, jusqu'à la fin de l'année, débordant ainsi sur les revendications premières de la NAACP. Un geste très fort, motivé par la volonté de « construire un écosystème numérique fiable et sûr », selon les termes du mastodonte anglo-néerlandais.
Vendredi 26 juin, l'action de Facebook au Nasdaq avait plongé de 235 dollars en ouverture à 216 dollars en fermeture. Une baisse pas inédite mais rare pour la firme de Mark Zuckerberg, qui a perdu des milliards de dollars sur cette fin de semaine (56 milliards très exactement en 72 heures), les actionnaires ayant bien conscience que le modèle économique du groupe repose essentiellement sur la publicité. Aux paroles, le « Zuck » va désormais devoir ajouter les actes. De vrais actes, cette fois.
Source : Financial Times