Un ancien employé de Twitter a été reconnu coupable par la justice américaine d'espionnage pour le compte de l'Arabie saoudite.
Ahmad Abouammo, un ancien employé de Twitter, a été reconnu coupable, ce mardi 9 août, d'espionnage au profit d'une puissance étrangère par un tribunal américain. Il lui est notamment reproché d'avoir livré à Riyad l'identité de personnes critiques du régime et de la famille royale. Il risque jusqu'à 20 ans de prison.
Que lui est-il reproché ?
Ahmad Abouammo a été arrêté fin 2019 par la police américaine, qui le soupçonnait alors lourdement d'avoir livré à un proche du régime saoudien des informations confidentielles accessibles uniquement en interne. Il l'aurait fait contre une rémunération d'au moins 300 000 dollars et une montre d'une valeur de 40 000 dollars. À l'issue du procès, le jury fédéral a été suffisamment convaincu par les preuves apportées pour transformer ces soupçons en accusation.
Ahmad Abouammo a quitté l'entreprise en mai 2015, lorsque sa hiérarchie lui a demandé des comptes après avoir rapidement repéré ses agissements. Ce recadrage hiérarchique avait vite été suivi par son départ de l'entreprise.
Mais le dossier de l'accusation ne s'arrête pas là, puisqu'il a également été reconnu coupable de fraude, de blanchiment d'argent et d'usage de faux, le tout dans le but de cacher à l'administration américaine ses gains. Aux agents du FBI venus le questionner sur la provenance de la somme, il a répondu qu'elle lui avait été versée en rémunération d'une mission freelance. Quant à la montre, elle ne valait selon lui pas plus de 500 dollars.
Le procès a démontré que les Saoudiens étaient coutumiers du fait, car un collègue d'Abouammo, Ali Alzabarah, a vraisemblablement été lui aussi approché par les hommes de Riyad. Rapidement mis sous surveillance par le FBI, il a tout de même réussi à fuir le pays avec femme et enfant. Sa destination ? L'Arabie saoudite, bien sûr. Il y a d'ailleurs très bien été accueilli : dès son arrivée, un poste l'attendait dans une organisation caritative dirigée par… un proche de la famille royale.
Un personnage bien placé, mais un espion amateur
Si la position d'Abouammo était particulièrement stratégique pour obtenir des informations, l'homme n'est en revanche pas un expert pour masquer ses traces. Sa hiérarchie au sein du réseau social l'a très rapidement soupçonné, il a très mal caché la provenance de son argent et a tenté de revendre en ligne sa montre pour plus de 40 000 dollars quelques jours à peine après l'avoir reçue. Et si le jury n'a pas pu accéder aux échanges de messages avec le proche de la famille royale qui l'a contacté, la preuve de leur existence existe bel et bien.
L'ex-ingénieur de Twitter a donc été reconnu coupable sur des preuves circonstanciées. Si sa culpabilité est établie, il est toutefois très difficile d'établir les véritables conséquences de ses actions en Arabie saoudite. Twitter n'a pas commenté le verdict et s'est contenté d'accuser son ancien employé de mensonge sur son patrimoine.
Sources : Courthouse News Service, FranceInfo