© Mario Breda / Shutterstock.com
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Les deux personnalités, dont les comptes Twitter avaient été suspendus pour des propos contraires aux règles de la plateforme, devraient bientôt pouvoir poster à nouveau.

Le contraire serait surprenant, au vu des déclarations d'Elon Musk, le nouveau propriétaire de Twitter, qui souhaite imposer à la plateforme sa vision de la liberté d'expression. Une vision qui autorise théoriquement tous les propos à être tenus, et donc à réduire au minimum le rôle de la modération, pourtant déjà largement défaillante. Au point de pousser les militants d'extrême droite à quitter Truth, Gab, ou encore Parler ?

Dans le Twitter rêvé de Musk, tous les propos trouvent leur place

Elon Musk n'aura pas attendu longtemps avant d'imposer sa marque sur son nouveau jouet. À peine entré, lavabo en main, dans le siège social de Twitter, il a frappé un grand coup en licenciant plusieurs cadres majeurs de l'entreprise. Parmi ceux-ci se trouvent les anciens P.-D.G., directeur financier, et directrice juridique de l'entreprise. C'est le cas de cette dernière qui nous intéresse ici : Vijaya Gadde était en effet une pointure de l'entreprise et tentait d'appliquer une modération efficace pour bannir les discours de haine. C'est notamment elle qui a pris la décision de suspendre de manière définitive le compte Twitter de Donald Trump après l'invasion du Capitole par les partisans de l'ex-président. Elon Musk avait déjà, par ailleurs, annoncé son envie de voir le républicain retrouver la plateforme.

Cet exemple est probablement la meilleure illustration de la vision de la liberté d'expression de Musk, et de ce à quoi pourrait bien ressembler Twitter sous sa direction. Opposé aux suspensions définitives de profils (le compte de Kanye West, suspendu il y a quelques jours après des propos ouvertement antisémites, est déjà de retour sur la plateforme), il met sur un pied d'égalité les militants progressistes et les comptes ouvertement néonazis appelant au meurtre d'opposants. Ces derniers, d'ailleurs, ne s'y sont pas trompés et l'on a vu, dès l'officialisation du rachat, se multiplier les messages outrageusement violents à l'égard de tout ce que le monde compte de minorités.

Une vision qu'il pourrait bien avoir du mal à imposer en dehors des États-Unis

Cependant, si l'interprétation de la liberté d'expression sauce Musk est finalement assez similaire à ce que prévoit le droit américain, il reste à voir comment elle pourra être appliquée en dehors des frontières de son pays d'adoption. À commencer par l'Union Européenne : les propos discriminatoires y sont clairement définis comme des délits. Si leurs auteurs sont situés aux États-Unis, et donc difficiles à poursuivre en Europe, Twitter ne jouit pas du même type d'immunité, et pourrait très rapidement connaître les tribunaux européens. Ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour se débarrasser de sa directrice juridique…

L'Union Européenne a déjà prévenu le milliardaire, par la voix de Thierry Breton, son commissaire au marché intérieur. En réponse au premier tweet de Musk en tant que patron de Twitter, il lui a rappelé qu'en Europe, le réseau social devrait toujours se plier à des règles. Faute de quoi, il pourrait rejoindre la liste des grandes entreprises américaines qui se sont vues infliger des amendes colossales par l'Europe ces dernières années.

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