Refroidis par les dernières sorties d'Elon Musk, les annonceurs sont à la recherche de garanties sur le futur de la plateforme Twitter, que certains pourraient fuir.
Depuis l'annonce du rachat de Twitter par Elon Musk pour 44 milliards de dollars de la fin du mois d'avril, le réseau social est entouré d'une sorte de flou sur divers sujets, dont celui, très sensible, de la liberté d'expression. Après avoir notamment déclaré que « Twitter a censuré la liberté d'expression » et qu'il serait un acteur du changement, le fondateur de Tesla et de SpaceX suscite depuis l'inquiétude chez les annonceurs, gagne-pain de la plateforme.
Twitter a écrit aux annonceurs pour tenter de les rassurer
Avec sans aucun doute dans un coin de leur tête le boycott infligé à Facebook en 2020 pour mieux lutter contre les contenus racistes et haineux, les annonceurs commencent à s'inquiéter quant au futur réservé à la liberté d'expression sur Twitter. Ils redoutent en effet une hausse des abus et de la toxicité des contenus.
Elon Musk, qui a déjà ses idées pour le futur du réseau social, annonce avoir récupéré Twitter en tant qu'« absolutiste de la liberté d'expression ». Cela pourrait porter atteinte à l'activité publicitaire de la plateforme au petit oiseau bleu, qui peut compter sur ses 217 millions d'utilisateurs quotidiens. Aujourd'hui, la publicité rapporte quelque 4,5 milliards de dollars par an à Twitter.
En conséquence, Twitter a pris sa plume en urgence pour écrire aux annonceurs et tenter de les rassurer. Du côté de la firme installée à San Francisco, le discours est clair : elle n'associera pas les publicités publiées sur sa plateforme à des contenus potentiellement préjudiciables ou offensants, indique-t-elle dans un courrier électronique consulté par nos confrères américains du Financial Times.
La crainte d'un Twitter qui prendrait un virage néfaste pour la liberté d'expression
Se dirige-t-on alors dans les prochains mois vers un scénario comparable à celui de 2020, qui avait vu les géants Coca-Cola, Ford et Unilever boycotter Facebook ? « Twitter a fait des progrès dans la lutte contre la haine et l'extrémisme en ligne ces dernières années », reconnaît Jonathan Greenblatt, directeur de la Ligue anti-diffamation, une ONG américaine. Néanmoins, Greenblatt est plus inquiet depuis le rachat d'Elon Musk. « Nous craignons qu'il puisse prendre une direction très différente », poursuit-il.
D'autres organisations ont aussi mis en garde Twitter. C'est le cas de l'Union européenne, qui a d'ores et déjà déclaré que le réseau social devrait se conformer à ses futures règles sur la modération des contenus. Ces dernières ont été sacrées par le tout frais Digital Services Act, bien plus contraignant que les règles actuelles.
Certains annonceurs ont salué les déclarations de Musk, qui veut notamment renforcer l'authentification des utilisateurs et mettre fin aux bots qui y pullulent. Toutefois, d'autres redoutent que les efforts entrepris par Twitter pour améliorer la modération des contenus ne soient réduits à néant. « Les annonceurs envisagent la possibilité de devoir réorienter leurs dépenses », murmure le responsable d'une grande agence, preuve que beaucoup sont en ce moment plongés dans une phase d'observation et d'attente.
Source : Financial Times