Des discussions privées d'Elon Musk avec Parag Agrawal et Jack Dorsey sont devenues publiques. On en sait aussi plus sur les premières tendances du procès à venir.
Depuis qu'Elon Musk a enterré son projet de rachat de Twitter, l'entrepreneur et la société s'écharpent sur le terrain judiciaire. Cette semaine a constitué un tournant dans l'affaire puisqu'Elon Musk devait témoigner sous serment, interrogé par les avocats de Twitter.
Elon Musk et sa vision de la liberté d'expression
En outre, des documents contenant des messages privés échangés par le patron de Tesla et Space X ont été rendus publics dans le cadre de la préparation à la comparution de Twitter et d'Elon Musk devant le tribunal, prévue le 17 octobre 2022. Voici ce que nous apprennent ces messages.
Elon Musk a communiqué avec Parag Agrawal, l'actuel directeur général de Twitter, en avril. Après avoir acheté suffisamment d'actions pour détenir 9 % du capital de l'entreprise, et accepté un siège au conseil d'administration, Musk a suggéré à Agrawal « d'annuler les interdictions permanentes des utilisateurs ». Il avait déjà tweeté en public qu'il était pour la liberté d'expression totale, sans modération trop forte, pour que tout le monde ait le droit d'exprimer ses opinions.
En privé à l'investisseur Antonio Gracias, Musk écrivait : « La liberté d'expression compte le plus quand c'est quelqu'un que vous détestez qui débite ce que vous pensez être de la mer** ». Ce à quoi son interlocuteur avait répondu : « Vous avez tout à fait raison. Je suis à 100 % d'accord avec vous ».
La tension monte entre Elon Musk et Parag Agrawal
Pour revenir aux conversations avec Parag Agrawal, celles-ci sont plutôt cordiales au début, les deux hommes s'entendant sur la partie technique de ce que représente Twitter. « Traitez-moi comme un ingénieur au lieu d'un P.-D.G. », propose même le patron du réseau social à Elon Musk.
« Franchement, je déteste faire des trucs de gestion. Je pense que personne ne devrait être le patron de qui que ce soit. Mais j'aime aider à résoudre les problèmes techniques/de conception des produits », indique Musk, qui veut faire savoir qu'il aime mettre les mains dans le cambouis.
Mais la relation entre les deux hommes va rapidement se dégrader. Deux jours plus tard seulement, Elon Musk tweete un message à connotation négative sur Twitter. Ce qui déclenche forcément une réaction de son correspondant. « Il est de ma responsabilité de vous dire que cela ne m'aide pas à améliorer Twitter dans le contexte actuel », lui a alors écrit Agrawal. Ce à quoi Musk a répondu qu'il ne rejoindrait finalement pas le conseil d'administration et qu'il prévoyait de rendre Twitter privé.
Un procès difficile pour Elon Musk ?
À la fin du mois d'avril, Jack Dorsey, qui quittait Twitter fin 2021, a tenté une réconciliation, en vain. « Au moins, il est devenu clair que vous ne pouvez pas travailler ensemble », a conclu Dorsey, qui avait discuté du sujet de la privatisation de Twitter avec Musk fin mars.
Arrive ensuite la polémique des faux comptes, qui a précipité l'abandon du projet de rachat de Twitter par Elon Musk. Ce dernier a estimé que Twitter n'était pas transparent sur les statistiques et a commenté : « purger les faux utilisateurs rendra les chiffres terribles ».
Une sélection de SMS envoyés par Musk semble confirmer que son intérêt pour la plateforme était basé sur son rôle dans le débat public et les questions de liberté d'expression, et non sur sa capacité à rendre l'entreprise rentable, estime Ann Lipton, professeure de droit des affaires à l'Université de Tulane.
« Je ne vois rien que nous ne sachions déjà qui soit juridiquement pertinent. Il y a des choses assez accablantes là-dedans, mais des choses qui avaient été rendues publiques auparavant », a-t-elle également commenté.
Twitter a paraît-il pris l'avantage pour l'instant, accusant Elon Musk et son conseiller financier Jared Burchill d'avoir détruit des preuves sur Signal quant à ses raisons de vouloir se retirer de l'accord. Twitter a par ailleurs démontré que les propres équipes de Musk ont plus ou moins trouvé des estimations similaires à celles communiquées par Twitter sur la question de la part d'utilisateurs humains par rapport aux comptes de spam.
Source : NPR